Liban
Après deux mois de guerre, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, revendique la victoire de son pays. Hier matin, un cessez-le-feu a été annoncé. Le général Dominique Trinquand est l'ancien chef de la mission militaire française à l'ONU et spécialiste des relations internationales. Il réagit et explique quel rôle la France doit adopter dans ce conflit.
Les pays occidentaux apportent, dans leur majorité, leur soutien au Liban. Le général Dominique Trinquand explique ce soutien à l'ancienne Phénicie.
"Dans le budget français, il y a une ligne qui prévoit qu'on paye pour l'armée libanaise", rappelle le général Trinquand, soulignant le soutien qu’apporte la France au Liban notamment en matière d’armement. L'attachement du pays du Cèdre à la France est historique. "Quand j'étais au Liban, quand j'allais dans les villages, les gens voyaient le drapeau français et ils disaient la France, notre mère", détaille le spécialiste des relations internationales.
Une relation filiale historique, qui n'est pas réciproque selon l'ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU. Il témoigne : "Et parfois, je disais : les pauvres s'ils savaient comme en France, on est loin de ça quand même.”
Notre Histoire est liée à celle du Liban
Selon le général, le soutien du gouvernement français est primordial pour soutenir l’effort militaire libanais. “Pour le Liban, ça me paraît essentiel. Parce que sans armée, qu'est-ce qui tient au Liban ?”, pointe-t-il. “Pourquoi l'armée libanaise survit-elle ? Parce que les Américains et les Français payent.”
L'émissaire français, Jean-Yves Le Drian, doit-il retourner au Liban pour accomplir sa mission ? "Je crois qu'il doit repartir là-bas”, répond l’auteur ”D'un monde à l'autre”. Pour lui, la France doit tenir son rôle historique au Liban.
La particularité de la France est qu'elle discute toujours avec le Hezbollah
“La France a toujours gardé ses contacts avec le Hezbollah parce qu'elle a fait une séparation assez artificielle entre la partie politique et la partie militaire. Et elle a considéré que la partie politique, on devait en parler.” Selon le spécialiste des relations internationales, la France a cette capacité à discuter avec tous les acteurs diplomatiques malgré les tensions.
L’auteur “D'un monde à l'autre” rappelle pourquoi le Liban a été créé en 1920 : “C'était le mandat qu'avait la France sur la Syrie. La grande Syrie, dans laquelle il y avait le Liban. Et donc, on décide de créer le Liban, essentiellement, pour protéger les minorités chrétiennes.” Le général relève la présence de ces minorités chrétiennes, qui sont multiples au Liban. “Il y a les orthodoxes, les grecs orthodoxes, c’est très multiple".
En 1920, on décide de créer le Liban pour protéger les minorités chrétiennes
D'autres religions sont présentes sur le territoire libanais : “Vous avez les sunnites, vous avez les chiites, sans compter les druzes. Dans le sud, géographiquement, c'est plutôt des chiites, mais il y a des villages chrétiens”. Pour le général, il existe un équilibre entre les différentes religions monothéistes. “Cet équilibre, qui est transposé dans la constitution du Liban, puisque le président doit être chrétien, le premier ministre doit être sunnite, et le président du Parlement doit être chiite.”
La constitution elle-même est imprégnée d’une parité entre les différentes religions. "Aujourd’hui, le contexte est différent", remarque le général. “Vous voyez la répartition? Elle reposait sur une démographie qui a beaucoup changé, en particulier parce que beaucoup de chrétiens ont quitté le Liban. La part de chrétiens dans la population libanaise a considérablement chuté”, déplore le général Trinquand.
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