Cent ans de scoutisme en Pays de Savoie : quelle est la recette du succès ?

"On dort sous la tente, on fait des grands jeux". "Le scoutisme, ce sont des fou-rires, des délires en camp avec les amis". "Même passé l'enfance, j'aime toujours autant faire des cabanes". Qu'ils aient la trentaine, seize ans ou huit ans, les Scouts et Guides de France (SGDF) de Marignier ont tous une anecdote à raconter, quant à leurs week-ends ou leurs camps scouts. "La joie est unanime à chaque retour d'un temps scout. Même quand le temps a été mauvais ! Une joie partagée aussi bien par des jeunes qui ont toujours connu le scoutisme dans leur famille que par ceux qui le découvrent" constate Chantal Weidenmann, commissaire de District (deux Savoie et Pays de Gex) pour les Scouts d'Europe.

Le scoutisme fait grandir les jeunes dans toutes leurs dimensions : corps, cœur, esprit

Chaque mouvement scout catholique a sa spécificité : certains sont mixtes, d'autres pas ; la spiritualité n'est pas vécue de la même manière. Mais une recette les unit : celle des origines, énoncée par Lord Baden Powell en 1907. Avec notamment : le rapport à la nature (sans téléphone portable !), l'éducation des jeunes par les jeunes, le service, le sens de Dieu...  "Différents aspects du scoutisme peuvent se retrouver dans d'autres mouvements de jeunesse. Mais la force du scoutisme, c'est cette combinaison unique des différents éléments ! Elle fait grandir les jeunes dans toutes leurs dimensions : corps,  cœur, esprit" résume Nelly Rousseau, accompagnatrice spirituelle du groupe SGDF de Marignier.

Une forme d'éducation complémentaire à la maison et à l'école

"Le scoutisme est un environnement que l'on pense bon et serein pour faire grandir nos enfants. Dans la confiance, dans l'autonomie, dans la connaissance des autres. C'est aussi une forme d'éducation complémentaire à ce qu'ils vivent la maison et à l'école" témoignent Céline et Marc. Ces parents du bassin annécien ont vécu du scoutisme pendant leur jeunesse, ils s'engagent maintenant dans le mouvement pour encadrer les chefs et faire vivre le scoutisme à leurs enfants. Or, depuis le Covid, de plus en plus de parents partagent ce désir de scoutisme pour leurs jeunes : "rien que chez les Scouts et Guides de France, on compte douze mille adhérents de plus ,depuis la crise sanitaire" constate Elodie Genoud, déléguée territoriale pour les deux Savoie.

Besoin de jeunes adultes qui s'engagent pour les plus jeunes

Une croissance qui ne peut pas se faire sans des chefs, qui s'engagent pour accompagner les plus jeunes. "Le mouvement ne veut pas grossir pour grossir ! L'idée est d'offrir un scoutisme de qualité et donc un encadrement approprié. Mais passer des week-ends où l'on se donne, pour faire grandir les plus jeunes, c'est un choix fort que tous les étudiants ou les jeunes professionnels ne font pas. Un grand merci à tous ceux qui s'engagent ! En plus, ils se forment." souligne Eric Léoutre, chef de groupe d'Annecy, dans le mouvement des Scouts Unitaires de France (SUF). Signe d'Espérance : sans avoir vécu le scoutisme, certains jeunes adultes acceptent de donner du temps au mouvement. Comme Margaux, habitante de Maurienne et cheftaine à Annecy : "Une amie m'a demandé de l'aide pour encadrer. Je vis de beaux moments, je me dépense. Et c'est beau, d'offrir à des adolescentes un cadre favorable pour réfléchir à leur vie et pour donner une place à Dieu.  Bien sûr, la gestion de l'humain n'est pas toujours évidente. Mais c'est toujours dans la joie, donc ça va...  Je reste ! " témoignage la jeune femme.

De beaux défis pour les cent ans à venir

Trouver des chefs, s'adapter au changement climatique, avec les sécheresses estivales, rester vigilant sur la bientraitance, continuer à vivre de beaux événements entre mouvements... Le scoutisme a quelques défis à relever, d'ici son prochain centenaire en Pays de Savoie ! "L'enjeu du scoutisme, c'est de continuer à s'adapter,  pour répondre, à travers nos associations, aux besoins des jeunes. Dans une société qui bouge à grande vitesse et qui subit de grands bouleversements. Accompagner chaque jeune, c'est bon pour le scoutisme et pour la société : car le scoutisme nous invite, dans notre vie civile, à être la meilleure personne que l'on puisse" conclut Elodie Genoud.