Ce synode qui ne fait pas l'unanimité
Qu'est-ce qui s'est dit depuis près d'un mois à Rome, dans la salle Paul-VI du Vatican ? Beaucoup aimeraient le savoir mais les échanges se faisaient à huis-clos. De nombreux sujets sensibles étaient à l'ordre du jour du synode sur l'avenir de l'Église catholique. Un synode qui ne fait pas l'unanimité.
Ce dimanche 29 octobre s’achève la première session du synode sur l’avenir de l’Église catholique. Deux documents doivent être publiés : une "Lettre au Peuple de Dieu" annoncée pour le 25 octobre. Un court texte que les pères et mères synodaux adressent aux fidèles catholiques comme un encouragement. Un autre texte est très attendu : le rapport de synthèse, qui doit être publié samedi soir. Il permettra de savoir quels sont les points de consensus et les désaccords mais aussi les questions laissées ouvertes par les pères et mères synodaux.
Ce document servira surtout à accompagner les prochaines phases de ce synode jusqu’à la seconde session d’octobre 2024. Le pape François a voulu un synode en deux actes pour privilégier le discernement car les thèmes abordés suscitent la controverse. Partisans de la tradition et ceux de la réforme se divisent notamment sur la bénédiction des couples de même sexe ou l’ordination d’hommes mariés – deux sujets sur lesquels il est à ce jour très difficile de connaître la teneur des débats. On pourrait en revanche en savoir plus sur le rôle des évêques et l’encadrement de la responsabilité épiscopale et la question de l’ouverture du diaconat aux femmes.
Il est clair que l’Église ne peut pas aller plus avant sans donner davantage de place, et une place un peu formelle, aux femmes…
L’ouverture du diaconat aux femmes, "le point majeur de ce synode"
C’est sans doute sur la place des femmes dans l’Église qu’une évolution semble effectivement se profiler. Certes il y a déjà des femmes dans les conseils épiscopaux, et "la mixité des états de vie au sein des conseils épiscopaux est déjà mise en œuvre dans plusieurs diocèses", note Cyprien Viet, journaliste de l’agence I.Media. "Je pense que l’objectif du synode est de rendre cela plus systématique, plus normé, normalisé et généralisé."
"La question d’un statut pour les femmes" est selon Jean-Marie Guénois "un des grands thèmes de ce synode". Un de ceux sur lesquels quelque chose pourrait déboucher. "Il est clair, estime le rédacteur en chef au Figaro, que l’Église ne peut pas aller plus avant sans donner davantage de place, et une place un peu formelle, aux femmes…" Le diaconat pour les femmes est donc "le point majeur de ce synode".
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Des échanges à huis clos pour masquer les divisions ?
Difficile de savoir ce qui s’est dit durant près d’un mois derrière les portes de la salle Paul-VI. "On sent quelque chose de beaucoup plus feutré, de beaucoup plus discret que les synodes précédents", reconnaît Cyprien Viet. Le vaticaniste remarque qu’à la sortie des échanges, "les évêques sont très fuyants". "Ça nous frustre mais je pense que c’est une nécessité, confie le journaliste, le pape l’a dit au début du synode : L’Église doit faire une pause, elle doit rentrer dans une démarche de discernement…" Un "jeûne médiatique" auquel ne nous avait pas habitués le pape François, comme le souligne Jean-Marie Guénois, qui vient de publier "Pape François - La révolution" (éd. Gallimard). "Le pape François, qui est quand même un grand médiateur, a demandé un jeûne médiatique pour ce synode, c’est une première !"
Un huis clos imposé sur des échanges qui concernent pourtant de très près les fidèles. Si le pape l’a voulu, c’est certainement pour "éviter que les divisions entre les personnes… divisent encore plus", suppose Mgr Patrick Valdrini, professeur émérite de l’université pontificale du Latran. "Je pense que le pape a eu conscience que les problèmes qui allaient être traités divisaient les personnes. Or, il fait partie de la nature de l’Église d’être un lieu de communion."
Au synode, Mgr Jean-Marc Aveline confie son "appréhension"
Le Saint-Siège organise chaque jour des conférences de presse, au cours desquelles des participants sont invités à témoigner. Des conférences de presse que Jean-Marie Guénois regarde avec un œil critique. Il souligne que ce sont "des personnes plutôt favorables aux réformes qui sont invitées à la table de presse, jamais les opposants, ce qui est un fait notoire".
Ce lundi 23 octobre, l’archevêque de Marseille, le cardinal Jean-Marc Aveline, a pris la parole lors de la conférence de presse pour dire comment il vit ce tout premier synode. "Je suis arrivé ici avec des sentiments divers", a-t-il déclaré. Il a exprimé sa "joie", sa "curiosité", une certaine "gravité" et aussi une "appréhension". "Une appréhension parce que j’ai vu dans mon pays que tout le monde n’avait pas embarqué avec le processus synodal."
Un certain nombre de prêtres, rappelle le vaticaniste Cyprien Viet "se sont sentis déstabilisés par les réunions synodales vécues comme un procès contre l’autorité du prêtre". Sur ce point, des réajustements devraient être mis en place d’ici la session d’octobre 2024.
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- Pouvoir12 octobre 2023
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