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Bulot : une étude lancée dans la Manche pour mesurer l'impact du réchauffement climatique

Bulot : une étude lancée dans la Manche pour mesurer l'impact du réchauffement climatique

Un article rédigé par Mathilde Danot - le 20 mai 2025 - Modifié le 21 mai 2025
5 minutes pour comprendreBulot : une étude pour mesurer l'impact du réchauffement climatique sur l'espèce

5 minutes pour comprendre… les effets du réchauffement climatique sur le bulot. Une étude a été lancée par le comité régional des pêches de Normandie pour étudier les effets du climat sur le mollusque dans la Manche.

Le bulot se raréfie depuis une dizaine d'années dans la Manche. @ Jacqueline Macou PixabayLe bulot se raréfie depuis une dizaine d'années dans la Manche. @ Jacqueline Macou Pixabay

Les eaux de la Manche se réchauffent… et le bulot en souffre. Depuis une dizaine d’années, le mollusque marin se fait de plus en plus rare en Normandie. Une situation qui inquiète scientifiques et pêcheurs. Le comité régional des pêches de Normandie a donc lancé une étude, en partenariat avec l’Ifremer notamment, pour comprendre l’impact du réchauffement climatique sur le bulot. Les détails avec Hubert du Pontavice, chercheur à l'Ifremer en Normandie.

Le bulot, une espèce impactée par le changement climatique

RCF : Le bulot fait partie des espèces en France fortement impactées par le réchauffement climatique. L’une des causes est-elle la hausse des températures des mers et des océans ?
 

Hubert du Pontavice : Oui, tout à fait. Cette étude, portée par le comité régional des pêches en partenariat avec le Smel, l'université de Caen et l’Ifremer, a pour objectif de regarder l'effet du réchauffement climatique sur le bulot, une espèce particulièrement impactée par le changement climatique. On la considère comme une sentinelle du climat. C'est une espèce qu'on va plutôt considérer d'eau froide. Donc, évidemment, l'augmentation des températures mais aussi l’occurrence de plus en plus importante des vagues de chaleur marine, des événements extrêmes dans l'océan, entraînent probablement une diminution de cette espèce. L'objectif de cette étude est donc d'objectiver cette diminution et de trouver des solutions avec les pêcheurs pour assurer la durabilité de la pêcherie.
 

RCF : Quelles sont les conséquences du réchauffement climatique pour le bulot sur le moyen et sur le long terme ?
 

Hubert du Pontavice : C'est tout le cycle de vie qui peut être impacté par le changement climatique. Ça va être tout l'objet de l'étude : comprendre quelle étape du cycle de vie est affectée par le changement climatique et notamment par la hausse des températures, pour savoir quels vont être les effets à long terme. 

Ce qu'on observe principalement pour le moment, c'est une diminution de l'abondance de cette espèce.

C'est seulement en ayant compris les processus impactés par le changement climatique qu'on va pouvoir avoir une vision sur le long terme des effets. Ce qu'on observe principalement pour le moment, c'est une diminution de l'abondance de cette espèce. L'objectif va donc être d'aller regarder plus précisément les impacts du changement climatique sur les processus en jeu.

Une étude sur le bulot menée dans la Manche

RCF : Comment va être menée cette étude justement ?
 

Hubert du Pontavice : L’étude va être menée sur trois ans. Il y aura un doctorant, il va travailler sur une thèse de doctorat sur le sujet et va principalement s'intéresser à déterminer les conditions de température passées et présentes qu'on observe sur les zones d'habitat du bulot. Ensuite, à partir de certaines températures, il va pouvoir analyser l'impact de ces températures sur la croissance et la reproduction du bulot. Puis, on va pouvoir regarder et évaluer l'état de santé des populations en Manche, à la fois en Manche Ouest et en Manche Est, des deux côtés de la pointe du Cotentin. À partir de là, on va essayer de travailler aussi sur des propositions de mesure de gestion pour améliorer la durabilité de la pêcherie.
 

RCF : Par rapport à la pêche, des quotas et des interdictions de pêche du bulot ont déjà été mises en place en début d'année en Normandie. Ces mesures ont-elles été utiles pour préserver l'espèce ces dernières années ?
 

Hubert du Pontavice : Oui, il y a des efforts qui ont été très significatifs depuis de longues années maintenant, avec des pêcheurs qui se rendent compte de l'impact de leur activité et qui ont mis un certain nombre de mesures en place en partenariat avec le comité régional des pêches. On a eu un nombre limité de licences, des changements de méthodes de tri du bulot, des fermetures saisonnières, des fermetures aussi dans certaines zones, pendant une certaine période… Beaucoup de mesures ont été mises en place, mais, malheureusement, avec l'effet croissant du changement climatique, l'espèce est tout de même affectée et continue de diminuer en termes d'abondance et de capture.

 

C'est une espèce « sentinelle » qui est aussi le témoin d'un changement profond au sein des écosystèmes et chez les populations marines.


RCF : Cette étude porte donc sur le bulot. Mais l'espèce n'est que le témoin d'une réalité qui touche toutes les mers, tous les océans et les espèces qui y vivent actuellement ?
 

Hubert du Pontavice : Oui, c'est une espèce « sentinelle » qui est aussi le témoin d'un changement profond au sein des écosystèmes et chez les populations marines. On l'observe partout dans le monde, sous toutes les latitudes. Ce sont des choses qu’on regarde très attentivement à l’Ifremer, on voit dans nos eaux l’augmentation de l’araignée par exemple, l’arrivée du poulpe en Normandie… Beaucoup de voyants nous indiquent que le changement climatique a un impact et aura un impact croissant sur les populations, les écosystèmes marins mais aussi, malheureusement, sur les pêcheries et les entreprises qui en dépendent.

5 minutes pour comprendre - ©RCF Normandie
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
5 minutes pour comprendre
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