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Budget, sécurité... les JO de Paris 2024 à l'épreuve de l'inflation

Budget, sécurité... les JO de Paris 2024 à l'épreuve de l'inflation

Un article rédigé par Grégoire Gindre - RCF, le 25 octobre 2022  -  Modifié le 25 octobre 2022
Le dossier de la rédaction Les enjeux économiques et sécuritaires des Jeux Olympiques Paris 2024

À moins de deux ans des Jeux olympiques de Paris 2024, les retombées économiques et sociales de l’événement sportif le plus suivi de la planète interrogent. Dans le contexte inflationniste connu en France et en Europe, le budget prévisionnel de 6,8 milliards d’euros a-t-il moyen d’être respecté ? Les Jeux olympiques ont-ils vocation à être rentables ? Décryptage.
 

Les enjeux économiques des Jeux Olympiques de Paris 2024 - Photographie de Hugo Passarello Luna / Hans Lucas. Les enjeux économiques des Jeux Olympiques de Paris 2024 - Photographie de Hugo Passarello Luna / Hans Lucas.

Mi-octobre, les députés Stéphane Peu et Stéphane Mazars lançaient une mission parlementaire nommée "Les retombées économiques et sociales des Jeux olympiques de Paris 2024". À moins de deux ans de l’ouverture des JO Paris 2024, la question de la rentabilité mérite effectivement d’être posée. Pourtant, il ne faut pas réfléchir qu’en rentabilité pécuniaire, mais également en termes d’image. 

 

Un budget mis à mal 

 

Une chose est certaine : le budget prévisionnel de 6,8 milliards annoncés des Jeux olympiques de Paris 2024 ne sera pas respecté. Les spécialistes et économistes estiment des dépenses avoisinant les 10 milliards d’euros pour des recettes ne dépassant pas 4 milliards. Paris 2024 ne sera pas un cas isolé : aucune ville organisatrice des Jeux olympiques modernes n’a respecté un budget initial. En cause : l’inflation, les imprévus, le respect de la date de livraison qui entraînent des surcoûts. "Toutes les expériences ont montré un doublement ou un triplement du budget", raconte Jean-Pascal Gayant, économiste du sport.

 

Si aucune rentabilité pécuniaire n’est attendue à l’issue de ces Jeux, c’est bien en termes d’image que la France peut jouir d’une hausse de popularité. "Je prends souvent l’exemple du Tour de France. Ce n’est pas des retombées économiques au sens propre. Mais c’est une espèce d’exposition permanente des beautés de la campagne française, des paysages pour des milliers et des millions de téléspectateurs étrangers." C’est ainsi que des manifestations sportives comme celles de la Grande Boucle permettent aux touristes étrangers de venir dépenser sur le long terme. Pareillement, les Jeux olympiques ont vocation à réaliser une vitrine pour le tourisme sur une longue période. 

 

La pérennisation des infrastructures  

 

Pour rentrer dans son budget – ou en tout cas le limiter – Paris 2024 souhaite pérenniser certaines infrastructures. C’est tout l’objectif de la mission parlementaire lancée par Stéphane Peu et Stéphane Mazars. Ce dernier explique que "ces JO se veulent modernes dans le sens qu’il n’y ait pas de dérapages financiers, ou d’équipements sportifs qui ne servent qu’une fois le temps de la compétition". 

 

Selon Stéphane Mazars, à l’origine de la mission parlementaire, ces Jeux "se veulent durables avec un bilan carbone le plus vertueux dans l’histoire des grandes compétitions sportives". Les premières conclusions de ce rapport paraîtront en février 2023 avec l’objectif de vérifier toutes ces promesses du dossier de candidature de Paris 2024.

 

Un budget bien divisé 

 

La répartition du budget initial est également strictement encadrée. Deux grandes structures travaillent ensemble et ont des financements bien distincts. D’un côté, le COJO, le comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques, dont le budget s’équilibre sensiblement grâce à la billetterie ou aux sponsors.

 

De l’autre Solideo, une entité dédiée aux équipements, qui livre le village olympique, le village média, ou encore les infrastructures sportives. C’est toutes les dépenses liées à ces derniers éléments qui semblent difficiles à rentabiliser. "Un impôt JO" pourtant non souhaité par Emmanuel Macron pourrait ainsi voir le jour pour le contribuable, selon l’économiste Jean-Pascal Gayant.

 

Après le fiasco, la sécurité, nouvel enjeu majeur

 

Lorsque l’on parle d’événement sportif d’ampleur internationale à Paris, il est désormais difficile de ne pas avoir en tête le 28 mai 2022. Le stade de France accueillait plusieurs dizaines de milliers de spectateurs à l’occasion de la finale de la Ligue des Champions. Un fiasco total dans lequel le dispositif de sécurité du ministère de l’Intérieur était mis à mal et plusieurs supporters munis de billets se voyaient refuser l’entrée dans le stade. 

 

Désormais, place aux Jeux olympiques. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin est entendu mardi 25 octobre par la commission des lois du Sénat sur la sécurité de ces JO 2024. Une mesure prise pour être à la hauteur de l’événement, également sur le plan sécuritaire. Pourtant, à deux ans des Jeux, Patrick Bajic, secrétaire général du syndicat national des employés de la sécurité, estime que la France n’est clairement pas prête. "On aura une multiplicité de besoins. Pas seulement au Stade de France. Les propositions qui sont faites apparaissent aujourd’hui aberrantes. On a l’impression d’un certain amateurisme", fustige Patrick Bajic.

 

Si le budget de Paris 2024 s’enflamme et que la sécurité des sites doit encore être améliorée, une note positive tout de même : fin septembre Tony Estanguet, président du comité d’organisation des Jeux a assuré que les chantiers étaient dans les temps.


 

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Le dossier de la rédaction © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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