Budget 2026 : que dire aux Français ?
Le 14 juillet, le Premier ministre François Bayrou a dévoilé sa feuille de route pour le budget 2026, avec l'objectif de trouver 40 milliards d'euros d'économies et "sortir du piège mortel du déficit et de la dette". Jean-Pascal Beaufret, ancien directeur général des impôts et associé au fonds de capital investissement Ring Capital, apporte son éclairage.
Jean-Pascal Beaufret © DRDerrière l’objectif d’économiser 40 milliards d’euros, le gouvernement de François Bayrou souhaite ramener le déficit public à 4,6 % du PIB en 2026, contre 5,8 % en 2024. En mars dernier, la dette publique a atteint 114 % du PIB, contre 112 % au deuxième trimestre de 2024.
"Si vous additionnez l’inflation et la croissance prévue d’ici 2026, vous obtenez 40 milliards d’euros d'augmentation", explique Jean-Pascal Beaufret, ancien directeur général des impôts. Selon lui, les dépenses publiques atteindraient alors 1 740 milliards d’euros. "La première chose que l’État fait lorsqu’il rencontre des difficultés financières, c’est de fixer à 0 % l’augmentation de ses dépenses. Ce n’est pas forcément très intelligent, mais c’est la première mesure à prendre. C’est ce que j’appelle un budget provisoire de précaution", ajoute-t-il.
Les dépenses sociales représentent la moitié des dépenses publiques
Ce gel concernerait l'ensemble des dépenses publiques : le fonctionnement de l'Etat, des collectivités locales, mais aussi, les dépenses sociales qui représentent la moitié du budget.
Malgré cette logique de restriction, les indemnisations liées aux prestations sociales (Sécurité sociale, retraites, chômage...) seront maintenues. Or, selon Jean-Pascal Beaufret, "on n'augmente pas avec l'inflation cette indemnisation".
Ainsi sur la période 2023-2024, les pensions de retraite ont connu une revalorisation de 7,5%, d'après l'ancien directeur général des impôts. Avec une inflation estimée à 3%, le gain du pouvoir d'achat des retraités est évalué à environ 4% en 2024 et 2025.
Une transparence nécessaire sur le déficit public
Jean-Pascal Beaufret appelle à plus de transparence sur les dépenses de l'Etat vis-à-vis des Français. "Le Président de la République dit que le budget de la Défense va augmenter de 6,5 milliards d'euros en deux ans. Est-ce qu'on fait des efforts de défense ou est-ce qu'on donne du pouvoir d'achat aux inactifs en France ? Ça, c'est un choix qui incombe au gouvernement. Dans un budget provisoire de précaution, la méthode, c'est de dire que personne n'augmente", affirme-t-il.
Il plaide aussi pour une clarification sur l'origine réelle du déficit public. "Tant que vous n'avez pas le constat réel devant vous, vous ne pouvez pas traiter le sujet à long terme". insiste l'ancien haut fonctionnaire.
Arguant que la première cause du déficit public réside dans la générosité du modèle social français. Jean-Pascal Beaufret estime que même si "on est en train de parler de le faire évoluer", il reste "manifestement très généreux".


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