Budget
Joli mot que le mot budget, à raconter plus qu’à vivre, parce que si on a des problèmes de budget, ce qui arrive, c’est moins plaisant bien sûr à gérer. Et si je dis que le mot budget est d’origine gauloise, cela peut surprendre, parce le mot sonne anglais ! D’où une longue histoire, d'un mot qui a voyagé !
On peut commencer par un commentaire du bourguignon Pierre Larousse qui, à propos de ce mot, commence ainsi son commentaire : « Le mot budget, emprunté comme tant d’autres à la langue financière et politique d’Angleterre, est aussi comme tant d’autres mots de la même langue, d’origine française. ». Voilà qui est dit : le mot est anglais, mais il vient du français... Et on va même ajouter : du gaulois.
Les Romains ont en effet d’abord emprunté le mot « bulga » aux Gaulois, pour désigner une bourse de cuir. De là, il est passé en français en tant que bouge désignant alors un grand sac et, en partant de cette forme, il garde encore des sens contemporains, le bouge désignant toujours aujourd’hui la partie renflée d’un tonneau, tout comme le « bouge d’une assiette » délimite ce qui sépare le fond du bord. Ce sac, le bouge, eut ensuite son diminutif, la bougette, dans lequel on pouvait serrer quelques écus. Et voilà le mot passant dès lors en Angleterre lorsqu’au XIe siècle Guillaume le Conquérant s’empara de l’Angleterre, emportant avec lui force mots français qui pénétreront progressivement en langue anglaise au point que 60 % des mots anglais sont en fait d’origine française. Et c’est là que Larousse peut reprendre ses explications : « Les Anglais, rappelle-t-il, après avoir commencé par donner ce nom au sac contenant les papiers et documents que le chancelier de l’Échiquier était dans l’usage de déposer sur le bureau de la chambre des communes, à la suite de son exposé financier, ont fini par prendre l’habitude de donner le même nom à cet exposé lui-même. » Précisons qu’au moment de présenter le rapport, était rituellement prononcée la phrase : « open the budget » : ouvrons le sac !
Enfin, en 1764, nous reprenions le mot, et au XIXe, on y ajoutait même un mot redoutable. « Budgétivore », en 1846 ! Et mon épouse a d’ailleurs trouvé un exemple excellent pour ce mot. « Les dictionnaires sont budgétivores ». Bon, arrière le gros dictionnaire : d’abord boucler le budget !
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