Bretagne : les pêcheurs crient leur ras-le-bol
700 pêcheurs ont manifesté mercredi à Rennes. Ils dénoncent les contraintes de plus en plus fortes qui pèsent sur leur activité. Olivier le Nézet, le président du comité national et régional des pêches a écrit une lettre ouverte à Emmanuel Macron.
Ils sont venus des ports de toute la façade maritime Manche-Atlantique...Environ 700 pêcheurs ont manifesté, mercredi, à Rennes. Prix du gazole, quotas de pêche, plan de sortie de flotte, caméras de surveillance embarquées… Les doléances sont nombreuses. Un ras-le-bol exacerbé par la décision, lundi, du Conseil d'État d'interdire la pêche dans certaines zones du Golfe de Gascogne pour protéger les cétacés. Une contrainte de plus pour une filière inquiète. Philippe Lannezval préside le Groupement des Pêcheurs Artisans de Lorient. 46 bateaux, 300 marins et une trésorerie au plus bas. “Certains ne vont pas pouvoir tenir. Il y a des comptes bloqués chez certains fournisseurs… cela va être très difficile, voire dramatique.” Non loin de là, Typhaine. Elle pêche la coquille Saint-Jacques avec son mari à Erquy et évoque, elle aussi, sa lassitude. “On nous impose un parc éolien dont nous n’avons jamais voulu, les zones de pêche ont été réduites… Il faut arrêter de confondre la pêche industrielle avec des petits bateaux de 10 m qui pratiquent une pêche raisonnée. On s’inquiète pour nous mais encore plus pour la génération de nos enfants qui commence juste le métier… et honnêtement ça n’est pas encourageant .”
Dans le cortège rennais, les visages sont crispés, les situations multiples, tout autant que les revendications. Une manifestation marquée par quelques heurts aux abords du Parlement de Bretagne. Neuf personnes ont été interpellées, selon la Préfecture, et trois personnes blessées.
Lettre ouverte à Emmanuel Macron
Une inquiétude partagée par Olivier le Nézet. Le président du comité national et régional des pêches s’adresse à Emmanuel Macron dans une lettre ouverte. “L’actualité de notre filière est devenue insupportable”, écrit en introduction Olivier le Nézet, dénonçant un “déferlement d’attaques”. “Je constate que nous sommes entrés dans une nouvelle société, celle du gouvernement, des ONG et des associations de défense de l’environnement radicalisées.” En ligne de mire notamment : l’arrêté du Conseil d’Etat. “Depuis 5 ans, nos pêcheurs sont à l’initiative des programmes scientifiques et techniques pour déterminer les solutions d’évitement pour concilier activités de pêche et protection des dauphins. Un plan d’action nous a été imposé par l’Etat sous la menace d’un contentieux de la Commission européenne. Le Conseil d’Etat vient de tout remettre en cause”, commente Olivier le Nézet tout en évoquant la possibilité d’un recours. Pour le président du comité national des pêches, l'exaspération est à son comble “avec la Commission européenne qui poursuit la même idée avec son Plan d’action pour une pêche résiliente[...] Interdire la pêche aux engins de fond dans les aires marines protégées c’est clairement nous mettre à mort. Il faut une pause dans cette avalanche de mauvais coups”, conclut Olivier le Nézet, sollicitant un échange avec le Président de la République dans les meilleurs délais.
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