Brest: Un banc rouge inauguré, symbole de la lutte contre les violences faites aux femmes

Nous sommes au cœur du quartier de Bellevue, au nord-ouest de Brest. Devant ce banc flambant neuf, d'un rouge éclatant, nous attend Patricia Le Fell, présidente de l’association "Chris-à-Vif". Elle était présente à son inauguration. "C'est un banc qui peut être un moment de recueillement pour les familles victimes de féminicides. Et on voit qu'il y a une plaque avec les numéros comme le 3919, qui est un numéro d'urgence anonyme et gratuit", décrit-elle. Ce banc, dans ce quartier, fait un écho tout particulier à son histoire. Car en 2013, dans ce même quartier, sa sœur Christelle est assassinée par son conjoint. "On avait organisé une marche blanche en 2013 et je me souviens qu'on m'avait posé la question et j'avais dit que je créerai une association, et que j'irai plus loin. (...) J'aurais aimé ne pas créer cette association, j'aurais aimé ne pas être dans cette lutte, je pense que ma vie aurait été différente mais voilà c'est arrivé et j'ai fait de très belle rencontres", sourit Patricia Le Fell. 

De plus en plus de demandes de femmes victimes 

Depuis 2022, l'association basée à Guilers (29) vient en aide aux femmes, hommes et enfants victimes de violences intra-familiales et aux familles victimes de féminicides du Finistère. "Chris-à-Vif" compte aujourd'hui onze bénévoles, dont des travailleurs sociaux. Et les demandes sont en augmentation, constate Patricia Le Fell. En 2024, l'association est venue en aide à 70 femmes et 45 enfants. Au 24 novembre 2025, elle estime à 65 le nombre de femmes prises en charge. "On va sûrement dépasser le chiffre de l'année dernière. (...) En une journée, il y a pas longtemps, on a eu dix appels de victimes différentes. Donc, on voit qu'il y a une montée des violences. Et on constate que c'est de plus en plus des situations lourdes, avec des actes de barbarie par exemple, des choses très dures à écouter. Donc à partir de 2026, on va commencer des analyses de pratiques avec des psychologues parce que c'est important pour nous aussi, les bénévoles, de libérer tout ça." L’association est contactée par des femmes, des familles ou même des employeurs qui signalent des cas de violences.

Un manque d'accueil d'urgence et de téléphones grave danger

Ce banc c'est donc un symbole très positif se réjouit Patricia Le Fell, même si il est urgent de débloquer plus de financements pour prendre des mesures concrètes. Par exemple, augmenter le nombre de logements d'urgence, pointe Patricia Le Fell, notamment en ruralité. Fin 2024, l’État en recensait 11 155 places au total. Autre nécessité, la multiplication des téléphones grave danger. "Tant qu'on aura pas ça, on ne pourra pas éradiquer les violences", explique-t-elle, mais elle salue aussi une meilleure formation des forces de l'ordre notamment en gendarmerie qui est en train de se mettre en place pour prendre en charge les victimes de violence. "Il faut aussi saluer le positif." Et l'inauguration de ce banc en fait partie. D'ailleurs, Patricia en garde un souvenir dans sa poche. Un morceau de ruban tricolore qui entourait le banc lors de son inauguration, symboliquement coupé par ses neveux, les enfants de Christelle. "J'ai trouvé ça très émouvant que le maire nous distribue un morceau à la famille, à mes neveux, à moi", sourit-elle. 

Vous pouvez contacter l'association "Chris-à-Vif" au 06 67 85 87 65 ou par mail à l'adresse Chrisavif@gmail.com.