Boycott, pétition : quel est le pouvoir de ces formes de contestation ?
Gandhi, Nelson Mandela ou Rosa Parks sont des figures majeures des contestations non-violentes, qu’ils ont contribué à démocratiser. À travers le temps et l’espace, elles n’ont cessé de s’inviter au sein de nos façons de militer. Qu’en est-il aujourd’hui, dans un monde aux multiples combats ? Quelles armes sont privilégiées à l’heure où il est difficile de se faire entendre de nos États ?
Comment mobiliser ?
Internet et les réseaux sociaux permettent de sensibiliser et de toucher un public toujours plus large. Océane Brice est chargée de mobilisation à MesOpinions, première plateforme de pétition en ligne en France. Les messages sont souvent relayés sur les sites des associations. Océane garde en tête une "grosse pétition sur le boycott du Qatar qui a mobilisé plus de 32 000 signatures". La pétition et le boycott partagent le principe de la part du colibri. Pour ne pas rester "une goutte d’eau dans la mer", il faut multiplier et fédérer les actions individuelles pour se faire entendre. "Ça peut payer", souligne une auditrice.
Les réseaux sociaux n’ont aucun secret pour Alain Baduel, qui a créé la page Facebook Boycott Qatar 2022. C’est en "allant aux sources de Amnesty international" qu’il découvre les différents scandales liés à la coupe du monde. Fan de football, il refuse de suivre en tant que supporter : "ce n’est pas le sport que j’aime qui va se jouer dans un cimetière", en référence aux milliers de travailleurs morts dans les travaux d’édification des stades. Et pour sensibiliser autour de lui, "d’abord [s]es potes", il s’inscrit sur Facebook. C'est une fois relayé par Éric Cantona que son message prend de l’ampleur : la page compte aujourd’hui près de 15 000 abonnés. "Je ne m’attendais pas à un tel engouement", reconnaît-il. Diane Scemama est co-fondatrice du Green Friday, qui propose des alternatives à la surconsommation du Black Friday, en novembre. Pour eux aussi, les réseaux sont un terreau fertile.
Des armes non-violentes
Certains questionnent l’efficacité de ces méthodes et vantent les contestations qui "font du bruit". Alain Baduel rapporte deux arguments qui reviennent souvent quant au boycott : “soit c’est trop tard, soit on se déculpabilise en tant que spectateur”. S’il estime que son action arrive bel et bien trop tard pour mobiliser l’équipe de France ou les forces politiques, il aura au moins informé et questionné quelques français, "pour ne pas qu’ils esquivent ce problème. Et l’actualité nous donne raison, avec les grandes villes qui refusent de projeter les matchs. C’est déjà une concrétisation du boycott". Les pétitions de MesOpinions aboutissent souvent : la plateforme compte une moyenne de 200 victoires par an. "Ce qu’on remarque, c’est que ça sensibilise l’opinion publique, qu’il existe une réelle mobilisation citoyenne", note Océane Brice.
Diane Scemama estime le boycott efficace “que s’il prend une certaine ampleur”. Initié en 2017 par le réseau d’économie sociale et solidaire Envie, le Green Friday s’est créé face au constat de l’ampleur de cet événement dans l'Hexagone : "un français dépense en moyenne 330 euros lors de cette journée”. Les grandes entreprises, face aux contestations, initient souvent des démarches de greenwashing. “On est leurs marchandises”, souligne la militante.
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- 27 septembre 2022
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