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Bourges : une exposition pour rendre hommage au millier de déportés du Cher

Bourges : une exposition pour rendre hommage au millier de déportés du Cher

Un article rédigé par Guillaume Martin-Deguéret - RCF en Berry, le 9 juillet 2025 - Modifié le 9 juillet 2025
L'invité de la rédaction (Berry)Les archives rendent hommage aux déportés du Cher dans une exposition poignante

Cette année, nous célébrons les 80 ans de la libération des camps de concentration. À cette occasion, le musée de la Résistance et de la Déportation du Cher présente l'exposition " Les déportés : de la libération des camps au travail de mémoire". Une plongée passionnante et terrible dans l'horreur absolue qui a frappé un millier de personnes dans le Cher, et des millions en Europe.

Une tenue ramenée par un déporté du Cher. © RCF - Guillaume Martin-Deguéret.Une tenue ramenée par un déporté du Cher. © RCF - Guillaume Martin-Deguéret.

Nous sommes le 30 avril 1945, en gare de Bourges. Il y a du monde qui patiente sur le quai. Un train approche : « Dans ce train, il y a huit hommes qui reviennent de déportation », raconte Xavier Truffaut, responsable du musée de la Résistance et de la Déportation du Cher. « Il s'agit des huit premiers déportés originaires du Cher qui reviennent à Bourges. C'est un temps particulier. Pour la première fois, on va voir arriver ces personnes qui ont vécu l'horreur des camps de concentration. » Ces huit rescapés de Buchenwald arrivent dans un état physique déplorable. Un cliché pris par un photographe du Berry Républicain présent ce jour-là est visible dans l'exposition, et témoigne de la souffrance endurée par ces hommes. L'un des déportés, Camille Lerâle, s'exprimera tout de suite dans la presse. Ce retour des déportés à Bourges et partout en France est le début de la prise de conscience pour la population, qui découvre l'ampleur de l'horreur nazie.

L'exposition est à découvrir jusqu'au 21 septembre © RCF - Guillaume Martin-Deguéret.

Un millier de déportés dans le Cher

Juifs, résistants, opposants en tout genre : dans le Cher, 1077 personnes ont été déportées. Près de 700 ne rentreront jamais. Le département a payé un lourd tribut : « Parmi eux, 97 % des Juifs vont périr dans les centres de mise à mort mis en place par les nazis à Majdanek ou à Auschwitz-Birkenau. Les déportés politiques vont être dispersés dans différents camps de concentration, et 40 % d'entre eux vont décéder dans ces camps ». La ligne de démarcation qui traverse le département du Cher a fait office de piège, beaucoup de personnes, notamment des Juifs, seront arrêtées en essayant de passer en zone sud.

Renée Guette survivra à la déportation, elle est encore en vie aujourd'hui © Archives du Cher.

De la déportation aux marches de la mort, le parcours de 10 habitants du Cher

Dans cette exposition, le musée a décidé de retracer le parcours de dix déportés du Cher. Des inconnus, comme les Neuman, une famille juive originaire de Roumanie et installée à Marmagne. Leur domaine agricole sera spolié. Le père de famille, son épouse et leur fils cadet seront déportés et assassinés à Auschwitz. Ou plus célèbres, comme René Cherrier, un des chefs de la Résistance communiste dans le Cher, qui survivra au camp et rentrera à Bourges. Parmi ces parcours, celui de la jeune Renée Guette, déportée à l'âge de 17 ans : « Elle était postière à Beffes. Elle aidait la Résistance à fournir de faux papiers. Renée Guette est raflée en avril 1944 par la Gestapo et va être internée à Bourges, puis au fort de Romainville. Ensuite elle va partir vers le camp de Neue Bremm puis Ravensbrück. » La jeune femme survivra. Aujourd'hui, Renée Guette est la dernière résistante déportée du Cher encore en vie. Elle habite à Houston aux États-Unis.

80 années ont passé depuis la libération des camps. Le travail de mémoire doit continuer, insiste Xavier Truffaut : « C'est plus que nécessaire, quand on voit l'état du monde aujourd'hui. D'autant que les derniers témoins directs disparaissent. Ce que souhaitaient ces déportés, c'est que le message qu'ils ont soutenu ne se perde pas avec eux. Il y avait cette volonté de dire que toute cette horreur concentrationnaire imaginée et conçue par les nazis n'était pas un accident de l'histoire, mais un processus qui a amené à cette horreur absolue. » L'exposition "Les déportés : de la libération des camps au travail de mémoire" est à découvrir jusqu'au 21 septembre aux Archives du Cher.
 

© Vignette L'invité de la rédaction RCF en Berry
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
L'invité de la rédaction (Berry)
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