Accueil
“Bloquons tout” : Près de 200 personnes bloquent le Leclerc de Niort

“Bloquons tout” : Près de 200 personnes bloquent le Leclerc de Niort

Un article rédigé par Matthieu Riolland - RCF Poitou Deux-Sèvres, le 10 septembre 2025 - Modifié le 11 septembre 2025

Depuis plusieurs mois, le mouvement “bloquons tout le 10 septembre” prend de l’ampleur. À la veille de cette mobilisation nationale, François Bayrou a remis sa démission, alors que le président de la République, Emmanuel Macron a nommé un nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu. Une nomination qui provoque encore plus de colère du côté des manifestants.

Les manifestants mobilisés à Niort ont bloqué l'accès à l'espace Mendès France de Niort © Matthieu RiollandLes manifestants mobilisés à Niort ont bloqué l'accès à l'espace Mendès France de Niort © Matthieu Riolland

Le rendez-vous était donné à 6h30, au rond-point de l’espace Mendès France à Niort. Le jour à peine levé, on distingue les drapeaux de nombreux syndicats et organisations. La CGT, Solidaires, FSU et à 6h50 deux tracteurs aux couleurs de la confédération paysanne rejoignent l’assemblée d’une petite centaine de personnes. Bassines non Merci ! a également annoncé soutenir la mobilisation. Julien Le Guet, porte-parole du groupe anti-bassine dans les Deux-Sèvres, exprime un sentiment de colère : “Ce gouvernement, ce mépris, cette violence, cette manière de faire et de ne jamais écouter ce que le peuple a exprimé. Et le dernier épisode en date, c'est la loi Duplomb où il y a eu un déni de démocratie absolument abjecte”.

Mépris et colère

Sentiment de mépris et de colère partagé par les manifestants à Niort. Certains témoignent anonymement : “C'est même plus qu'on n'est pas écouté, c'est pire que ça. C'est un mépris social écrasant.” Gilet jaune de la première heure, cette manifestante poursuit : “toutes les mesures sont prises contre la volonté populaire. On a eu l'exemple avec la réforme des retraites. Selon les sondages, il y a peut-être 80% des gens qui sont contre, et elle passe quand même.

 

Les personnes mobilisées ressentent de la colère envers les derniers gouvernements, qui les ont méprisées

La colère n’est pas nouvelle, mais pour les manifestants la proposition de budget de François Bayrou et la nomination hier de Sébastien Lecornu n’ont rien arrangé. “Il était le chef des armées, il va nous faire la guerre sociale”, glisse un manifestant, gilet jaune sur le dos. Un autre enchaîne : 

Là, je parle calmement, mais à l'intérieur de moi ça boue.

Plus de justice sociale

À 7h, une estrade est installée sur le rond-point. Le secrétaire général de CGT 79 propose de bloquer les accès routiers au centre commercial. Une fois l’idée validée, les 200 manifestants récupèrent les caddies du Leclerc pour bloquer les entrées.

 

Les manifestants ont pris les caddies du Leclerc pour bloquer l'accès à la zone commerciale aux clients © Matthieu Riolland

Parmi les personnes mobilisées, certains se revendiquent être d’anciens gilets jaunes. Pour Julien Le Guet, “c'est une colère qui ressemble à celle qui a été exprimée lors du mouvement des gilets jaunes”. Le parallèle se fait aussi sur certaines revendications. Notamment, l’injustice sociale : “On a l'impression que l'argent s'en va vers des gens qui n’en ont pas vraiment besoin parce qu'ils en ont déjà beaucoup. D’un autre côté, l'école est à l'os, l'hôpital est à l'os, pareil pour l'éducation et la santé.” 

Quelle réponse policière ?

À Niort, la mobilisation se déroule dans le calme. Mais dans le même temps, à 10h15, le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau annonçait 200 interpellations. Quelques minutes après cette annonce, les forces de l’ordre présentes à Niort somment aux manifestants de démonter une barricade. Sans résultat. Casqués et gaz lacrymogène à la main, les policiers commencent à démonter la barricade eux-mêmes, racontent plusieurs témoins. Puis, “il y a un gars dans la foule qui balance un pétard”, se rappelle Elric, lycéen. Il était assis sur la barricade lorsque cela s'est produit. “Il y a eu une trentaine de lacrymos qui nous ont volé dessus”, précise le jeune aux yeux rougies. Il poursuit : 

J'ai craché du sang et saigné du nez. 

Contactée, la préfecture des Deux-Sèvres n'a pas souhaité commenter le dispositif de sécurité.

 

Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes pour faire reculer les manifestants

La veille, Julien Le Guet, de Bassines Non Merci ! espérait une situation complètement différente : “j'en viens à rêver parfois d'un grand retournement qui est souvent l’élément pivot dans l'histoire. C’est-à-dire lorsque les forces de l'ordre se remettent à nouveau au service du peuple. Il poursuit, les forces de l'ordre ont dans leur code déontologique le devoir de désobéir à des ordres illégaux.

Le mouvement continu

À Niort, une fois que les manifestants ont fait reculer leur barricade et qu'ils ont quitté le pont, les forces de l’ordre sont restées en place. Jean-Michel, présent depuis 6h30, s'attriste de voir l’utilisation “de moyens disproportionnés”. Lui et sa fille, n’ont aucune protection contre le gaz lacrymogène et pour cause l’objectif était “d’exprimer [son] mécontentement de manière très pacifique. En retour, on vient d'être gazés”, regrette le retraité. Lui n’est pas prêt à utiliser la violence pour se faire entendre, mais il comprend que l’on puisse en arriver à ce point. “Il n'y a pas un policier aujourd'hui qui peut dire qu'il a été agressé, alors que les manifestants ne peuvent pas dire la même chose”, conclut le manifestant.

Pour autant, cet épisode ne va pas démotiver les 150 personnes présentes lors de l’assemblée générale. En début d’après-midi, elles ont voté pour la reconduction de la grève demain 11 septembre. Rendez-vous devant le Carrefour du Clou-Bouchet à Niort.

Le flash de RCF Poitou
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le flash de RCF Poitou
Le flash de RCF Poitou
Découvrir cette émission
Cet article vous a plu ? Partagez-le :

Pour aller plus loin

Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour

Votre Radio vit grâce à vos dons

Nous sommes un média associatif et professionnel.
Pour préserver la qualité de nos programmes et notre indépendance, nous comptons sur la mobilisation  de tous nos auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.