“Bloquons tout” : Près de 200 personnes bloquent le Leclerc de Niort
Depuis plusieurs mois, le mouvement “bloquons tout le 10 septembre” prend de l’ampleur. À la veille de cette mobilisation nationale, François Bayrou a remis sa démission, alors que le président de la République, Emmanuel Macron a nommé un nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu. Une nomination qui provoque encore plus de colère du côté des manifestants.
Les manifestants mobilisés à Niort ont bloqué l'accès à l'espace Mendès France de Niort © Matthieu RiollandLe rendez-vous était donné à 6h30, au rond-point de l’espace Mendès France à Niort. Le jour à peine levé, on distingue les drapeaux de nombreux syndicats et organisations. La CGT, Solidaires, FSU et à 6h50 deux tracteurs aux couleurs de la confédération paysanne rejoignent l’assemblée d’une petite centaine de personnes. Bassines non Merci ! a également annoncé soutenir la mobilisation. Julien Le Guet, porte-parole du groupe anti-bassine dans les Deux-Sèvres, exprime un sentiment de colère : “Ce gouvernement, ce mépris, cette violence, cette manière de faire et de ne jamais écouter ce que le peuple a exprimé. Et le dernier épisode en date, c'est la loi Duplomb où il y a eu un déni de démocratie absolument abjecte”.
Mépris et colère
Sentiment de mépris et de colère partagé par les manifestants à Niort. Certains témoignent anonymement : “C'est même plus qu'on n'est pas écouté, c'est pire que ça. C'est un mépris social écrasant.” Gilet jaune de la première heure, cette manifestante poursuit : “toutes les mesures sont prises contre la volonté populaire. On a eu l'exemple avec la réforme des retraites. Selon les sondages, il y a peut-être 80% des gens qui sont contre, et elle passe quand même.”

La colère n’est pas nouvelle, mais pour les manifestants la proposition de budget de François Bayrou et la nomination hier de Sébastien Lecornu n’ont rien arrangé. “Il était le chef des armées, il va nous faire la guerre sociale”, glisse un manifestant, gilet jaune sur le dos. Un autre enchaîne :
Là, je parle calmement, mais à l'intérieur de moi ça boue.
Plus de justice sociale
À 7h, une estrade est installée sur le rond-point. Le secrétaire général de CGT 79 propose de bloquer les accès routiers au centre commercial. Une fois l’idée validée, les 200 manifestants récupèrent les caddies du Leclerc pour bloquer les entrées.

Parmi les personnes mobilisées, certains se revendiquent être d’anciens gilets jaunes. Pour Julien Le Guet, “c'est une colère qui ressemble à celle qui a été exprimée lors du mouvement des gilets jaunes”. Le parallèle se fait aussi sur certaines revendications. Notamment, l’injustice sociale : “On a l'impression que l'argent s'en va vers des gens qui n’en ont pas vraiment besoin parce qu'ils en ont déjà beaucoup. D’un autre côté, l'école est à l'os, l'hôpital est à l'os, pareil pour l'éducation et la santé.”
Quelle réponse policière ?
À Niort, la mobilisation se déroule dans le calme. Mais dans le même temps, à 10h15, le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau annonçait 200 interpellations. Quelques minutes après cette annonce, les forces de l’ordre présentes à Niort somment aux manifestants de démonter une barricade. Sans résultat. Casqués et gaz lacrymogène à la main, les policiers commencent à démonter la barricade eux-mêmes, racontent plusieurs témoins. Puis, “il y a un gars dans la foule qui balance un pétard”, se rappelle Elric, lycéen. Il était assis sur la barricade lorsque cela s'est produit. “Il y a eu une trentaine de lacrymos qui nous ont volé dessus”, précise le jeune aux yeux rougies. Il poursuit :
J'ai craché du sang et saigné du nez.
Contactée, la préfecture des Deux-Sèvres n'a pas souhaité commenter le dispositif de sécurité.

La veille, Julien Le Guet, de Bassines Non Merci ! espérait une situation complètement différente : “j'en viens à rêver parfois d'un grand retournement qui est souvent l’élément pivot dans l'histoire. C’est-à-dire lorsque les forces de l'ordre se remettent à nouveau au service du peuple. Il poursuit, les forces de l'ordre ont dans leur code déontologique le devoir de désobéir à des ordres illégaux.”
Le mouvement continu
À Niort, une fois que les manifestants ont fait reculer leur barricade et qu'ils ont quitté le pont, les forces de l’ordre sont restées en place. Jean-Michel, présent depuis 6h30, s'attriste de voir l’utilisation “de moyens disproportionnés”. Lui et sa fille, n’ont aucune protection contre le gaz lacrymogène et pour cause l’objectif était “d’exprimer [son] mécontentement de manière très pacifique. En retour, on vient d'être gazés”, regrette le retraité. Lui n’est pas prêt à utiliser la violence pour se faire entendre, mais il comprend que l’on puisse en arriver à ce point. “Il n'y a pas un policier aujourd'hui qui peut dire qu'il a été agressé, alors que les manifestants ne peuvent pas dire la même chose”, conclut le manifestant.
Pour autant, cet épisode ne va pas démotiver les 150 personnes présentes lors de l’assemblée générale. En début d’après-midi, elles ont voté pour la reconduction de la grève demain 11 septembre. Rendez-vous devant le Carrefour du Clou-Bouchet à Niort.


Petit tour d'horizon de l'actualité locale




