Avec ses plans, Bayrou met sur la table le "bien-commun"
En vertu de quels critères peut-on juger ce que propose François Bayrou pour redresser les finances publiques ? Le Premier ministre a présenté « un plan global, aux efforts répartis avec justice et justesse », selon Marc Fesneau, président du groupe Les Démocrates à l’Assemblée nationale. Une intention contestée par les oppositions du RN et de LFI et aussi du PS : Boris Vallaud pense que « demander toujours plus à ceux qui ont peu... et si peu à ceux qui ont beaucoup n'est ni sérieux ni efficace ni juste ». Le chef du groupe socialiste à au Palais-Bourbon dénonce « un budget brutal et inacceptable ». La cure budgétaire de 43,8 milliards d'euros pour 2026 passe par la suppression de deux jours fériés et le gel des prestations sociales et des retraites, ce qu’on appelle une « année blanche ». Jean-Yves Naudet, économiste, explique à quoi répond la notion de « bien commun », laquelle se rattache ici à celle d’ « effort collectif » promue par François Bayrou.
François Bayrou a dévoilé lors d'une conférence de presse les plans "Stop à la dette" et "En avant la production" censés cimenter l'avenir économique de la France © Hans Lucas / M CohenAprès plusieurs semaines de mystère, François Bayrou a enfin dévoilé ses plans Stop à la dette et En avant la production devant la presse et les autres membres de son gouvernement, à l'exception de Bruno Retailleau, retenu par une réunion. Des annonces qui font suite à plusieurs semaines de pédagogie de la part du Premier Ministre. Le Béarnais a insisté sur l'idée de menace qui concerne tous les Français, sans exception. Les chantiers ministériels deviennent donc une solution à un problème partagé, visant un bien commun. Pourtant, lorsque l'on parcourt les réactions sur les réseaux sociaux vis-à-vis des annonces, force est de constater que le bien commun gouvernemental n'est pas souhaité pas tous.
Le bien commun à l'épreuve de la politique
Pour Jean-Yves Naudet, économiste et président de l'Association des Économistes Catholiques, le bien commun correspond à "l'ensemble des conditions sociales qui permettent à l'homme d'avoir son plein épanouissement". Une définition que tous les hommes politiques devraient connaître pour saint Jean XXIII. "Autrement dit, c'est une notion, contrairement à l'intérêt général, qui n'a rien de collective ou encore moins de collectiviste, le but du bien commun, c'est le développement intégral, dirait l'Église, c'est-à-dire dans toutes ses dimensions, des personnes" précise Jean-Yves Naudet. Le bien commun s'heurte ici à l'expérience du réel. L'idée d'un développement intégral permettant l'épanouissement de l'homme divise, et à plus grande échelle encore le personnel politique. Sur X Marine Le Pen s'insurge contre les propositions de François Bayrou "Ce gouvernement préfère s’en prendre aux Français, les travailleurs et les retraités, plutôt que de faire la chasse aux gaspillages." À gauche les conclusions sont identiques. François Ruffin dénonce "une année noire" et prédit la censure prôche du gouvernement par la représentation nationale. À l'évidence, le bien commun imaginé derrière les portes de Matignon n'a rien de commun pour beaucoup.
À chacun son commun
Rien d'anormal selon Jean-Yves Naudet. "Il faut tenir compte de tout ce qu'on appelle les corps intermédiaires. Simplement, il y a un bien commun d'une famille, il y a un bien commun d'une entreprise, et puis il y a un bien commun du pays. Et le rôle des politiques, c'est d'être responsable du bien commun au niveau le plus élevé." Pour l'économiste catholique, François Bayrou ferai donc face à des intérêts individuels, ou du moins les intérêts de groupes moins important que la France quantitativement. Une situation à laquelle le Premier Ministre lui-même devait être préparé. Dans sa déclaration à la presse il a annoncé être prêt à défendre ses projets, "qu'importe le risque de la censure". "La vertu du courage" de François Bayrou à même été salué par Emmanuel Macron en conseil des ministres.


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