Avec Carmela Giusto, Molière résonne dans les coulisses de l’opéra italien
Dans Molière, l’Opéra et les femmes, publié dans la collection « Identités plurielles » aux éditions Academia, Carmela Giusto mêle passion et érudition. Son essai retrace l’influence insoupçonnée de Molière sur l’opéra italien tout en questionnant le rôle et la place des femmes dans la société. Un voyage intellectuel et sensible à travers 350 ans d’histoire.
©AcademiaMolière et l’opéra italien : à première vue, peu de liens évidents. Et pourtant, c’est ce dialogue inattendu que Carmela Giusto éclaire avec finesse. L’universitaire, comédienne, auteure, metteuse en scène (et maman) consacre depuis plus de vingt ans ses recherches à cette influence discrète mais puissante. Le point de départ ? Une thèse de doctorat devenue spectacle, puis livre.
Giusto, qui enseigne l’étymologie et la langue italienne à l’Université catholique de Louvain, puise dans sa propre histoire : initiée très jeune au théâtre et fascinée dès l’université par l’opéra, elle tisse dans cet essai un lien vivant entre ces deux arts.
Un Molière subversif, même en Italie
Ce que Carmela Giusto aime chez Molière, c’est sa capacité à « parler vrai tout en étant léger »… une parole franche, profondément humaine, qui dépasse les siècles. En Italie, pourtant, ses œuvres ont longtemps été censurées. Tartuffe en tête, ses pièces étaient controversées, mais malgré cela reprises anonymement. Car Molière inspirait profondément.
Pourquoi ? Parce qu’il disait les choses comme elles sont, sans fard. Une qualité que l’opéra italien a su absorber pour mieux parler au peuple. Pour Giusto, l’opéra était le média de son temps : ancêtre de la télévision ou de la pop culture, il informait, rassemblait, questionnait.
La femme, révélateur de société
L’un des axes majeurs du livre est la place des femmes dans cette histoire croisée entre théâtre et opéra. L’autrice y voit un révélateur puissant des tensions et mutations sociales : « La femme est l’agent secret de la modernité », affirme-t-elle.
Sans détour, Giusto interroge la façon dont les personnages féminins et la place des femmes tout court, souvent objets de pouvoir ou d’émancipation, traduisent l’évolution des mentalités. De la scène à la société, c’est bien le miroir d’une époque qu’elle tend au lecteur.
Molière, l’Opéra et les femmes est une invitation à se promener dans 350 ans d’histoire culturelle européenne. Un ouvrage nourri, accessible, qui propose plusieurs niveaux de lecture. Et si certains passages abordent des épisodes complexes, Carmela Giusto le rappelle :
L’objectif ultime, c’est de donner de l’espoir


"Derrière chaque livre se trouve un nom, une personne" (Marek Halter). Soulevons le voile sur les auteurs et acteurs du monde littéraire qui se livrent entre les lignes.
