Aux JMJ, le pape François encourage le clergé portugais à passer "du défaitisme à la foi"

L’évangile de Luc est au cœur de ces JMJ de Lisbonne. C’est là que le pape François puise l’image du "disciple missionnaire" qui lui est chère et que les jeunes sont invités à imiter. Ce mercredi 2 août, devant le clergé local, il s'est inspiré de cet évangile, celui où le Christ dit : "Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche" (Lc 5, 4). Pour le pape, jeter les filets et avancer au large, cela résonne comme un appel pour l'Église à sans cesse se renouveler. Mais quand le chef de l'Église catholique parle de "quitter le rivage des déceptions et de l’immobilisme", il a conscience de s’adresser à une Église en souffrance. "Frères et sœurs, a soutenu le pape, ce que nous vivons est certainement une époque difficile..."

LES JMJ DE LISBONNE, UN ÉVÉNEMENT À SUIVRE EN DIRECT SUR RCF

Proposées par l'Église catholique, les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) rassemblent plus d’un million de jeunes du monde entier. Près de 40.000 Français sont attendus du 1er au 6 août à Lisbonne, c'est la troisième plus grosse délégation. RCF, avec Radio Notre-Dame, se mobilise pour vous faire vivre ces temps de prière, de fête et de partage.

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Une Église en souffrance 

Dans l’Église du Portugal, comme "dans les pays de vieille tradition chrétienne", le pape identifie un "sentiment assez répandu" de "lassitude" devant "les nombreux changements sociaux et culturels", face à "la sécularisation", à "l’indifférence à l’égard de Dieu" et "un recul croissant de la pratique de la foi"... Ce mercredi au monastère des Hiéronymites, il avait donc conscience de s’adresser à une Église dont "les prêtres et les personnes consacrées sont épuisés parce que alors que les besoins pastoraux augmentent" et qu’ils "sont de moins en moins nombreux".

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Une Église face à la crise des abus

L’Église catholique du Portugal a récemment fait la lumière, plus d’un an après l’Église de France, sur les abus sexuels commis en son sein. En février dernier, une commission indépendante a révélé qu'au moins 4.815 personnes ont été victimes de pédocriminalité dans l'Église depuis 1950. Dans son discours à l’occasion des JMJ de Lisbonne, le pape François n’a pas manqué d’évoquer "la déception et la colère que certains ressentent à l’égard de l’Église, parfois à cause de notre mauvais témoignage et des scandales qui en ont défiguré le visage". Pour lui, ces révélations "appellent à une purification humble et constante". Il a aussi précisé que cela doit se faire "en partant du cri de douleur des victimes, toujours à accueillir et à écouter".

Nous sommes invités à plonger nos filets dans l’époque que nous vivons, à dialoguer avec tous, à rendre l’Évangile compréhensible... 

Se tourner vers le monde, impliquer les laïcs

"Passer du défaitisme à la foi" et surmonter la "tentation de mener une pastorale de la nostalgie et des regrets", pour le pape, cela implique de faire "des choix". Dans son discours, il liste trois points. Il invite d’abord l’Église du Portugal à ne pas se détourner du monde actuel. "Nous sommes invités à plonger nos filets dans l’époque que nous vivons, à dialoguer avec tous, à rendre l’Évangile compréhensible, même si pour le faire nous risquons quelque tempête", a-t-il dit. 

Autre perspective pour l'Église : "impliquer les laïcs". Dans la perspective du prochain synode sur la synodalité, dont la première session doit se tenir en octobre 2023 au Vatican, le pape a rappelé combien la participation de "tous les baptisés" est l’avenir de l’Église. "Sur la barque de l'Église, a-t-il déclaré, tous les baptisés sont invités à monter..." Pour lui, "s’il n’y a pas de dialogue, de coresponsabilité et de participation, l’Église vieillit". Il a ainsi résumé sa pensée : "Tous ensemble – prêtres, religieuses, religieux et fidèles laïcs – en tant qu’Église, jamais sans les autres, sans le monde."

Enfin le pape a rappelé quelle était la mission de l’Église portugaise : faire de l’Évangile un point d’appui pour le monde, un port d’attache. Faisant allusion aux grands explorateurs portugais et au passé colonial du pays, François invite le clergé portugais à "quitter le rivage non pas pour conquérir le monde mais pour le réjouir de la consolation et de la joie de l’Évangile". Il a conclu avec cette phrase : « Nous rêvons de l’Église portugaise comme d’un "port sûr" pour tous ceux qui font face aux traversées, aux naufrages et aux tempêtes de la vie. »