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Au Liban, même les communautés religieuses sont épuisées

RCF, le 27 mars 2023 - Modifié le 17 juillet 2023
L'actu chrétienneLes congrégations religieuses au chevet des libanais

Cela fait de nombreux mois que le Liban s'enfonce dans la crise. La situation politique, économique et sociale est catastrophique. La population survit, portée à bout de bras par une poignée de congrégations religieuses. Des religieuses et des religieux qui eux-mêmes sont épuisés.

Dix jours après les explosions dévastatrices au port de Beyrouth, une messe est célébrée devant l'église maronite Saint-Michel endommagée, le 14/08/2020 ©Karim Daher / Hans LucasDix jours après les explosions dévastatrices au port de Beyrouth, une messe est célébrée devant l'église maronite Saint-Michel endommagée, le 14/08/2020 ©Karim Daher / Hans Lucas

"Nous pensons que le Liban se trouve à un moment très dangereux, à la croisée des chemins", a déclaré jeudi 23 mars Ernesto Ramirez Rigo, le chef de mission du Fonds monétaire international (FMI) pour le Liban. En cause, l’inertie dans la mise en œuvre de réformes par la classe politique au pays du Cèdre. Depuis plusieurs mois, le Liban est sans président de la République, donc sans gouvernement légitime. Et la situation est chaotique à tous les niveaux.

 

Le peuple libanais asphyxié

 

Une manifestation a eu lieu mercredi dernier à Beyrouth pour protester contre la détérioration des conditions de vie. "Aujourd’hui plus de 90% de la population libanaise vit en dessous du seuil de la pauvreté", déplore Mgr César Essayan. Vicaire apostolique de Beyrouth pour les catholiques de rite romain au Liban, il raconte qu’au centre social du vicariat, des personnes "demandent uniquement si elles peuvent rentrer pleurer". Ce sont des jeunes et des enfants qui viennent, de plus en plus nombreux, solliciter une rencontre avec la psychologue du centre. Et "de plus en plus de personnes qui essaient de quitter le nord du Liban par bateaux…" Mgr Essayan précise que chrétiens comme musulmans sont nombreux à vouloir quitter leur pays.

 

Les écoles, un des derniers piliers de la société libanaise

 

Au Liban, les communautés religieuses sont en première ligne pour venir en aide aux populations. Ainsi, les écoles tenues par des religieux et des religieuses, "sont un des derniers piliers qui tient encore ce pays", décrit Vincent Gelot, le directeur de L'Œuvre d'Orient en Syrie et au Liban. "Parce que c’est l’endroit où les enfants non seulement apprennent à lire et à écrire, reçoivent une formation éducative. Mais surtout des enfants de différentes communautés religieuses et de différents milieux sociaux se rencontrent."

 

On dénombre aujourd’hui près de 330 écoles chrétiennes au Liban. 129 sont soutenues par L’Œuvre d’Orient. L’association tenait jeudi dernier une conférence de presse à Beyrouth pour alerter sur la gravité de la situation. Il faut aider "à payer la scolarité que les parents d’élèves ne peuvent pas payer, payer les salaires de professeurs, payer aussi l’énergie parce aujourd’hui avec la crise énergétique, le mazout coûte très cher", décrit Vincent Gelot. "Au Liban il n’y a presque plus d’électricité publique. Tout fonctionne grâce à des générateurs à essence, et tout cela coût excessivement cher. Et pèse sur le dos des congrégations."

 

Des communautés religieuses qui finissent par craquer

 

Hôpitaux, écoles, centres sociaux pour personnes âgées ou handicapées… "Toutes ces institutions sont portées à bout de bras par une poignée de congrégations et d’associations qui n’en peuvent plus, alerte Vincent Gelot. Je vois de plus en plus de responsables d’écoles, de centres sociaux, de centres pour handicapés, qui sont au bord du burn out, si ce n’est déjà en burn out." Le responsable de L’œuvre d’Orient d’Orient au Liban ne cache pas son inquiétude. "Ces gens exceptionnels, d’un courage admirable, qui portent sur leurs épaules une misère immense, en fait n’en peuvent plus. Ils sont eux-mêmes déjà dans le gouffre. Et donc à ce niveau-là on est très inquiets." 

 

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