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Au Couvent Royal de Saint-Maximin, des fouilles archéologiques dévoilent de nouveaux secrets

Au Couvent Royal de Saint-Maximin, des fouilles archéologiques dévoilent de nouveaux secrets

RCF Méditerranée, le 5 novembre 2025 - Modifié le 5 novembre 2025

Débutés en juillet dernier, les diagnostics archéologiques menés au Couvent Royal de Saint-Maximin-la-Sainte-
Baume, dans le Var, ont permis d'importantes découvertes sur l'histoire du site.

Des vestiges d'une tour dont personne ne connaissait l'existence ont été découverts. Photo TSDes vestiges d'une tour dont personne ne connaissait l'existence ont été découverts. Photo TS

"Tout a pratiquement été conservé dans le Couvent Royal sauf la cuisine et l'infirmerie. L'infirmerie a disparu parce qu'on a construit un bâtiment par-dessus au 19e siècle", relate Sébastien Ziegler. "La cuisine a toujours été donnée comme étant là où nous sommes. C'est pour cela que nous avons creusé ce trou-là", poursuit le chef du service de l'archéologie du Département du Var.

Il est chargé de mener, depuis juillet dernier, les fouilles archéologiques préalables à la création d'un musée de la Provence médiévale dans l'édifice bâti à partir de la fin du 13e siècle à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume.

Couvent Royal : une tour sortie de nulle part

"Nous avions de bons indices corroborant cette hypothèse. Notamment deux portes et un passe-plat, qui est bouché, à travers le mur. Un autre indice, c'est qu’il s’agit du seul endroit de toute la façade où il n'y a pas de fenêtre."

Mais à la place d'une cuisine, surprise. Ce qui apparaît ce sont les vestiges d'une tour. "C'est l'équivalent de celle qui est là-bas au bout et qui est conservée depuis le 14e siècle. Sauf que celle-là, nous ne connaissions pas son existence. Elle n'est pas sur les plans", se réjouit Sébastien Ziegler.

En plus de cette tour, un rempart était posé contre le couvent. "Nous avons des textes dans lesquels les moines râlent parce que la ville a bouché les fenêtres. On comprenait les textes en se disant qu'elle avait juste comblé les fenêtres mais non. Elle a fait bâtir un mur devant." Les archéologues ont aussi mis au jour des restes des murs d'escarpe, autrement dit les parois du fossé qui entourait la ville.

 

Une fin de chantier liée à des problèmes financiers ?

Mais comment expliquer alors ces indices qui laissaient penser que la cuisine du couvent se trouvait dans cette zone ? Pour Sébastien Ziegler, il y a simplement eu un changement de programme : "On sait que dans la deuxième moitié du 14e ça chauffe dur. La ville a eu besoin de se doter d'une enceinte après le début de la construction du couvent. Ce qui a changé ses plans". La cuisine devait sans doute se trouver à l'intérieur… le mystère reste entier.

Autre découverte permise par ces nouvelles recherches, c'est que le couvent n'a pas été construit d'une traite.

Plusieurs observations sur la façade extérieure du réfectoire permettent de l'affirmer comme la présence d'une chaîne d'attente. "Vous voyez une petite pierre, une grande, une petite, … disposées de façon très régulière ? Ça c'est ce que l'on a quand on termine un mur mais que l'on veut le continuer", explique le chef du service de l'archéologie du Département du Var.

A l'intérieur, d'autres indices, comme un mur pignon découvert grâce à un sondage dans le sol. "C'est un ouvrage qui vient fermer temporairement un bâtiment. Nous avons sur ce dernier deux massifs de maçonnerie. Un premier qui est probablement un contrefort, qui vient le tenir. Et un deuxième qui est probablement le seuil d'entrée du bâtiment. Il faut donc imaginer qu'au 14e siècle, le bâtiment s'est probablement terminé ici. Et il a été continué après seulement". Une fin de chantier qui pourrait s'expliquer par des problèmes financiers.

 

Des fouilles ont été menées dans le cloître pour la première fois. Photo TS

Une présence entre le 4e et 6e siècle à Saint-Maximin

Pour la première fois grâce à ces fouilles, des recherches ont été menées dans le cloître. Trois sondages ont été réalisés avant de vérifier si des défunts y étaient bien enterrés comme les archéologues le pensaient. "Nous avons bien des morts partout dans le cloître", montre, photos à l'appui, Sébastien Ziegler. "Ce qui est intéressant, c'est qu'en fonction des endroits nous n'avons pas les mêmes personnes. C'est ce que nous appelons le recrutement. Nous sommes enterrés en fonction de ce qu'on est dans la vie".

La découverte de sépultures en tuiles romaines a aussi permis de confirmer que le site était occupé entre le 4e et le 6e siècle comme l'avait révélé de précédentes fouilles en 2021 de l'autre côté de la basilique attenante au couvent. "La question que nous nous posons désormais c'est : quel est l'habitat lié à ce cimetière ? Y avait-il une grosse exploitation agricole ? Une agglomération ? Ce sera difficile d'y répondre."

L'équipe d'archéologues devrait terminer son travail d'ici mi-novembre sur le site. Elle rendra son rapport d'ici 4 ou 5 mois. Le temps d'analyser dans son laboratoire de Fréjus les objets ou ossements notamment récupérés. Ils révéleront peut-être encore d'autres secrets.

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