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Au Canada, le pape François à la rencontre des "survivants" des pensionnaires autochtones

Au Canada, le pape François à la rencontre des "survivants" des pensionnaires autochtones

Un article rédigé par Odile Riffaud - RCF, le 21 juillet 2022  -  Modifié le 15 septembre 2022

Alors que les rumeurs vont bon train sur l'état de santé du pape François après le report de deux voyages, son déplacement au Canada est maintenu. Du 24 au 30 juillet, le chef de l'Église catholique effectuera un "voyage pénitentiel", au cours duquel il rencontrera ceux que les Canadiens appellent des "survivants" des pensionnaires autochtones.

Le pape François reçoit une délégation des peuples autochtones du Canada, Vatican, le 01/04/2022 ©Vatican Media Le pape François reçoit une délégation des peuples autochtones du Canada, Vatican, le 01/04/2022 ©Vatican Media

Le pape au Canada, un "voyage pénitentiel" pour demander pardon aux peuples autochtones

 

Ce voyage est une nouvelle étape dans le "chemin de guérison et de réconciliation déjà entrepris", selon les mots du pape François. Le 1er avril dernier, lors de la visite de représentants autochtones canadiens au Vatican, le pape avait présenté des excuses pour le rôle de l’Église catholique dans les pensionnats autochtones canadiens. "Je vous l’ai dit et je le répète : je ressens de la honte, de la douleur et de la honte pour le rôle que différents catholiques, notamment avec des responsabilités éducatives, ont joué dans tout ce qui vous a blessé, dans les abus et dans le manque de respect de votre identité, de votre culture et même de vos valeurs spirituelles." Une déclaration jugée historique, que le pape concluait par ces mots : "L’humiliation de l’Eglise est fécondité."

 

Lors de son voyage au Canada, du 24 au 30 juillet, le pape doit se rendre sur plusieurs sites d’anciens pensionnats autochtones. Des institutions financées (souvent sous-financées) par le gouvernement et confiées aux Églises catholique (majoritairement), protestantes et anglicane. Et dédiées à l’enseignement, l’évangélisation et l’assimilation des populations autochtones. Au total, de 130 à 150.000 enfants inuits, métis ou membres des "Premières nations" son été pensionnaires de la fin du XIXe siècle à 1996, année de fermeture du dernier pensionnat.

 

L’histoire de ces pensionnats autochtones est une page sombre de l’histoire du Canada, et de l’Église catholique. Les demandes de pardon et déclarations historiques de la part du pape ainsi que son "voyage pénitentiel" sont une reconnaissance de la gravité des faits et des mauvais traitements subis par les pensionnaires. Le rapport (en 2019) de la Commission Écoute, réconciliation et progrès, menée par le gouvernement du Québec, a dénoncé les "ruptures familiales et culturelles" et les "départs forcés des enfants autochtones vers les pensionnats", ainsi que des abus sexuels. Le rapport parle d’"aliénation culturelle" et nomme les anciens pensionnaires des "survivants". En 2015, le rapport de la CVR (Commission de vérité et de réconciliation) du Canada parlait de "génocide culturel".

 

Le programme du voyage du pape Canada

 

Lors de son "voyage pénitentiel" au Canada le pape délivrera donc un message fort : c’est une démarche de pardon et d’humilité au nom de l’Église, mais aussi un plaidoyer pour le respect des croyances, des identités et des cultures. Le quotidien La Croix révèle que l’organisation du voyage a fait l’objet de tensions, car de nombreuses communautés voulaient recevoir le chef de l’Église catholique et sa demande de pardon. Le programme a toutefois été allégé pour ménager la santé du souverain pontife.

 

Il atterrira donc ce dimanche 24 juillet à 11h20 (heure locale), à Edmonton, la capitale de l’Alberta, dans l’Ouest canadien. Non loin de là, il se rendra le lendemain dans le hameau de Maskwacis, sur le site d’un ancien pensionnat autochtone. Temps fort du voyage, le souverain pontife devrait participer, le 26 juillet, au pèlerinage annuel du lac Sainte-Anne. Un pèlerinage fondé en 1887 qui attire encore aujourd'hui des dizaines de milliers de pèlerins.

 

Après une étape au Québec, où il rencontrera le clergé local, ainsi que le premier ministre canadien Justin Trudeau, le pape se rendra à Iqaluit, la plus grande ville du Nunavut, dans le nord-Est du pays. Un territoire situé entre le Groenland et la baie d’Hudson, où le chef de l’Église catholique rencontrera "en privé un groupe d'élèves des anciens pensionnats", a détaillé le Vatican.

 

Des voyages annulés et de nombreuses rumeurs sur la santé du pape

 

Annoncé fin octobre, confirmé le 13 mai puis le 23 juin, le voyage du pape au Canada aura finalement bien lieu. Rien ne semblait sûr depuis le report de son voyage au Liban (prévu pour la mi-juin) et de celui en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud (prévu début juillet) pour des raisons de santé. Mais le 17 juillet dernier, à la suite de la prière de l’angélus, le pape a annoncé : "Dimanche prochain, si Dieu le veut, je partirai pour le Canada."

 

Durant son pontificat, le pape (âgé de 85 ans) a déjà eu plusieurs problèmes de santé et subi des interventions chirurgicales. Mais depuis qu’il apparaît en fauteuil roulant ou marchant avec une canne, sa santé est un sujet "omniprésent" mais aussi "tabou" derrière les murs du Saint-Siège, rapporte le journaliste de La Croix Loup Besmond de Senneville.

 

Le souverain pontife a toujours soutenu qu’il se retirerait si sa santé ne lui permettait pas d’exercer sa mission. Ainsi, les rumeurs vont bon train sur une probable démission, à tel point que le pape les a lui-même démenties le 4 juillet dernier lors d’un entretien à l’agence Reuters. Quoi qu’il en soit, selon certains observateurs, les problèmes de santé du pape libèreraient la parole de ses opposants…

 

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