Au Brésil, Bolsonaro assigné à résidence
Soupçonné d’avoir fomenté un coup d'Etat, l’ex-président brésilien Jair Bolsonaro a été assigné à résidence lundi 4 août pour avoir fait diffuser des vidéos de lui sur les réseaux sociaux. En toile de fond : une bataille judiciaire majeure et des pressions internationales, notamment venues des États-Unis.
L’ex-président brésilien Jair Bolsonaro assigné à résidence depuis lundi ©Palácio do PlanaltoUn an et demi après les émeutes du 8 janvier 2023 à Brasília, la justice brésilienne durcit le ton. Hier, un magistrat a ordonné l’assignation à résidence de Jair Bolsonaro, ex-président d'extrême droite, après qu’il a partagé une vidéo de manifestations de soutien à son égard à des proches.
« Le 8 janvier est une date centrale pour comprendre l’importance du jugement en cours », explique Fanny Breuneval, journaliste à Rio de Janeiro. Ce jour-là, des centaines de partisans de Bolsonaro envahissent les lieux de pouvoir : le Parlement, le palais présidentiel, la Cour suprême. Une séquence qui rappelle, aux États-Unis, l’assaut du Capitole en janvier 2021. L'objectif était d'empêcher Lula de devenir président du Brésil alors qu'il venait d'être élu.
Une enquête d'une ampleur inédite
L’enquête est d’une ampleur inédite : 24 membres de l’armée ont été mis en cause, plusieurs documents prouvant que les violences étaient préméditées ont été versés au dossier. Le procès, très attendu, doit se conclure dans les prochaines semaines.
Pour la justice brésilienne, Bolsonaro a franchi une ligne rouge en relayant récemment une vidéo d’une manifestation en sa faveur. Désormais, il n’a plus de portable et il est contraint de rester chez lui, sous surveillance électronique . Le juge Alexandre de Moraes, figure centrale de l’enquête, a justifié sa décision par des risques de fuite vers les États-Unis. Ce dernier menace Bolsonaro de le placer en détention provisoire s'il contrevient a son contrôle judiciaire.
Pressions venues de l’étranger
La tension est aussi diplomatique. Les manifestants bolsonaristes appelaient à l’intervention de Donald Trump. Le juge Moraes a suspendu la plateforme X (ex-Twitter) au Brésil pour diffusion de désinformation et dénoncé « l’interventionnisme américain ».
Autre acteur clé : le fils de Bolsonaro, très proche de Trump, mène un lobbying actif pour tenter d'obtenir la libération de son père. Le président américain a conditionné la baisse de droits de douane sur le Brésil à l’arrêt du procès Bolsonaro explique Fanny Breuneval.
En réponse, la Cour suprême brésilienne martèle : « La justice doit s’appliquer à tout le monde. » Un message ferme envoyé à l’intérieur du pays… et à ses puissants alliés extérieurs.


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