Attentats du 13 novembre : 10 ans après, comment surpasser la souffrance par l’espérance ?
Le 13 novembre 2015, Paris a été le théâtre d'attentats terroristes dévastateurs qui ont fait 132 victimes. Cet anniversaire marque une décennie de réflexions sur le choc causé par ces événements et l'absolue brutalité du terrorisme. Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, offre une perspective chrétienne sur la manière de surpasser cette souffrance dans l’espérance.
Hommage aux victimes Place de la République © Gauthier Bedrignans, HL"Accueillir la souffrance", c’est ce sur quoi insiste Mgr Lebrun. Ayant connu le terrorisme dans son diocèse avec l'assassinat du Père Hamel en 2016, il rappelle que "même Jésus a demandé que le calice de la douleur s'éloigne de lui", soulignant l'importance de reconnaître et d'intérioriser la douleur avant de trouver le chemin du pardon.
Ce que les chrétiens peuvent dire aux survivants
En plus d’accueillir la souffrance, il est important de pouvoir la partager. "Il y a la victime elle-même, celle qui est tuée ou blessée, mais il y a aussi ceux qui les entourent", rappelle l’archevêque. Pour lui, "intérioriser la souffrance" permet ensuite d’être plus compatissant, et ainsi de "réveiller en nous la puissance d'amour plus forte que le mal".
Dans le cortège de souffrance, il nous faut reconnaître que le mal n’est pas le bon chemin. Le bon chemin, c'est d'aimer.
Le Christ n’efface pas la souffrance ; il la traverse. Cette présence discrète, celle d’un Dieu blessé avec les blessés, est souvent la seule parole vraie qu’on puisse offrir.
Faut-il pardonner aux terroristes ?
"C’est Dieu qui pardonne vraiment", affirme Mgr Lebrun. Pardonner à ceux qui ont perpétré des attentats semble être impossible. Pourtant, l’archevêque, lui-même très affecté par l’assassinat du père Hamel dans son diocèse, nous invite a "participer au pardon que Dieu donne". Ce pardon, s’incarne par "la main tendue de Jésus". "Jésus leur dit, mais alors ne veux-tu pas plutôt choisir l'amour ?", ajoute-t-il.
Mgr Lebrun évoque "les liens d'amitié qui peuvent se tisser" malgré la tragédie. C’est ce qu’a vécu la sœur du Père Hamel avec la mère de son assassin. Il souligne également l'importance de la justice et de la vérité. "Comme un guide pour être des artisans de paix". Pour lui, la justice et la vérité sont fondamentales pour établir une paix durable.
Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s'embrassent. (Psaume 84)
Et puis, il y a l’espérance. Non pas celle d’un retour à "comme avant", mais celle d’un avenir capable d’accueillir la cicatrice. Dans cette lumière, chaque instant de paix, chaque acte de fraternité, chaque souvenir porté avec douceur devient déjà un signe de résurrection — ici, au cœur même de ce monde fracturé.


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