Accueil
Arménie : Laurent Wauquiez veut des actions concrètes pour aider Tatev

Arménie : Laurent Wauquiez veut des actions concrètes pour aider Tatev

Un article rédigé par Stéphane LONGIN - le 25 juin 2025 - Modifié le 27 juin 2025

Depuis 2024, la ville du Puy-en-Velay est liée à Tatev, dans la région du Syunik. A proximité des nouvelles frontières avec l'Azerbaïdjan cette commune arménienne ne ressemble pas aux autres villes jumelées avec la cité ponote. Laurent Wauquiez, qui est à l'origine de ce rapprochement, répond pour RCF aux questions de Stéphane Longin et partage sa vision de ce partenariat aux contours inédits.

Laurent Wauquiez à Tatev en 2023 @RCF - Stéphane MarcelotLaurent Wauquiez à Tatev en 2023 @RCF - Stéphane Marcelot
La vision de Laurent Wauquiez sur le partenariat entre le Puy en Velay et Tatev

Stéphane Longin : Quel sens vouliez-vous donner à ces jumelages et ces coopérations entre des villes de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et des communes du Syunik en Arménie ?

Laurent Wauquiez : Ce n’est vraiment pas un jumelage comme les autres. Je me suis beaucoup battu pour faire cela, car je considère que nous devons défendre et soutenir l’Arménie. C’est sans doute l’une des causes qui me tiennent le plus à cœur et qui me touchent le plus. L’Arménie, c’est ce petit territoire qui a été victime du génocide perpétré par les Turcs parce qu’ils étaient chrétiens. C’est ce petit territoire où est née la chrétienté, c’est un pays extraordinaire avec des monastères bâtis sur la pierre. C’est une terre de résistance qui, aujourd’hui, est sous la menace de l’Azerbaïdjan et de la Turquie, qui veulent simplement les exterminer parce qu’ils ne sont pas de la même religion. Notre devoir est de les protéger et de les aider. Surtout qu’on parle beaucoup aujourd’hui de l’Ukraine et de ce qui se passe en Israël, mais on oublie l’Arménie, qui est pourtant sous la menace quotidienne des canons et des militaires azéris. L’objectif de ce jumelage est donc de les soutenir, de faire en sorte qu’ils ne disparaissent pas dans l’oubli, et d’envoyer un message clair : « Si vous vous attaquez à l’Arménie, vous vous attaquez au Puy-en-Velay, à l’Auvergne-Rhône-Alpes, à la France. »

Notre devoir, c'est de les protéger et de les aider

SL : Comment les aider ?

LW : L’un des enjeux est que la région du Syunik ne se vide pas de ses habitants, notamment de sa jeunesse. En Haute-Loire, il y a le centre de formation de Bains qui forme des apprentis. Ils ont besoin de cela en Arménie et nous demandent de les aider à former dans des métiers très concrets comme menuisier, maçon, plombier. Ensuite, la région du Syunik a besoin d’améliorer son accès à la santé, rendu très difficile en raison du blocus imposé par l’Azerbaïdjan. Nous avons, avec la Région AURA, financé de petits dispensaires mobiles en lien avec une association arménienne. Enfin, Tatev est un grand lieu de pèlerinage pour les Arméniens. C’est un monastère, qui, comme le Puy-en-Velay, est installé sur un gros piton rocheux, une architecture qui rappelle un peu notre architecture romane, et il y a quelque chose qui parle à notre âme de Ponots lorsque nous sommes là-bas. Il faut donc les aider à préserver ce sanctuaire et à le mettre en valeur.

Lucini et ses enfants ont quitté le Haut Karabagh

SL : Cette collaboration est tout de même éloignée de celles que nous connaissons avec les autres jumelages. Quelles actions concrètes sont envisagées ? Et qu'attendez vous de la ville du Puy-en-Velay ?

LW : C’est sûr qu’on est loin des sentiers battus et ce n’est pas facile. On n’est pas dans un jumelage classique où l’on fait de grandes déclarations européennes lors d’un banquet républicain. Là, nous sommes avec un pays potentiellement en guerre, pour sauver un peuple. Donc ce que j’attends, c’est ce que nous avons toujours su faire au Puy : des choses simples, concrètes, qui permettent de vraiment faire avancer les choses. Il faut que le CFA de Bains parte en mission à Tatev pour voir comment mettre en place des formations, y compris en apportant du matériel que la Région pourrait financer pour former des menuisiers et des plombiers. J’attends que l’on voie, à travers un diagnostic touristique, comment valoriser le territoire. Que l’on réfléchisse avec l’hôpital du Puy à la façon dont on peut les aider. Je pense que si jamais on fait cela, simplement et modestement, on sera utile.

Ils sont seuls, ils sont face aux canons Azéris, ils sont chrétiens et ils ont peur d'être broyés 

SL : Souvent les élus nous disent qu'ils n'ont pas d'argent, pas de moyens. Est-ce un problème ?

LW : Non, je ne crois pas. Ce dont nous avons besoin, ce ne sont pas de grosses sommes d’argent. Et puis, au niveau de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, qui est bien gérée, nous sommes capables d’accompagner le jumelage. Ce dont nous avons besoin, ce sont plus des liens du cœur, de prendre du temps pour les accompagner. C’est cela dont ils ont besoin. Je vais le dire très simplement : ils sont seuls, face aux canons azéris, ils sont chrétiens et ils ont peur d’être broyés. Donc ils ont besoin de sentir qu’il y a du monde à leurs côtés. Et rien que ça, c’est beaucoup.

Cet article vous a plu ? Partagez-le :

Pour aller plus loin

Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour

Votre Radio vit grâce à vos dons

Nous sommes un média associatif et professionnel.
Pour préserver la qualité de nos programmes et notre indépendance, nous comptons sur la mobilisation  de tous nos auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.