ArcelorMittal face aux députés : tensions autour du plan social et du dialogue avec l’exécutif
Sous le feu des critiques après l’annonce de plus de 600 suppressions de postes, le PDG d’ArcelorMittal France a été auditionné à l’Assemblée nationale lundi 20 mai.
Usine d'ArcelorMittal près de Dunkerque. Crédit photo : Clément Martin/Hans LucasLe 20 mai, le PDG d’ArcelorMittal France, Alain Le Grix de la Salle, a été auditionné à l’Assemblée nationale par la commission d’enquête sur les défaillances des pouvoirs publics face à la multiplication des plans de licenciements. Cette audition intervient dans un contexte de vives tensions sociales, alors que le groupe sidérurgique a annoncé fin avril la suppression de plus de 600 postes sur sept de ses 40 sites en France.
Un dialogue controversé avec l’État
L’audition a mis en lumière les relations entre ArcelorMittal et l’exécutif. Alain Le Grix de la Salle a affirmé ne pas avoir informé Emmanuel Macron du plan de suppressions de postes lors d’une rencontre « mi-mars » à l’Élysée, expliquant que la réunion portait sur le plan d’aide européen à la sidérurgie et non sur des sujets opérationnels français. Il a précisé que le plan n’était alors « pas finalisé ». L'annonce du plan de suppression de postes chez ArcelorMittal a eu lieu le 23 avril 2025.
Cette explication a été vivement contestée par certains députés, notamment Benjamin Lucas (écologiste). Il a accusé l’exécutif de « trahison sociale et industrielle ». Selon lui, un plan social de cette ampleur ne se prépare pas en quinze jours. « C’est hallucinant » que le sujet n’ait pas été abordé avec le chef de l’État alors qu’il était en préparation.
Une restructuration sous le feu des critiques
Le dirigeant a justifié les suppressions de postes par la crise structurelle que traverse l’acier européen, confronté à une baisse de 20 % de la demande en cinq ans et à la concurrence chinoise. Selon lui, « l’entreprise doit envisager des mesures de réorganisation pour adapter son activité au nouveau contexte du marché. Les licenciements interviennent toujours en dernier recours ».
Dans le détail, 636 postes sont visés, dont 385 suppressions d’emplois effectives. Le reste correspondant à des postes déjà vacants ou à des mesures d’âge (préretraites, reclassements). Les sites les plus touchés sont Dunkerque (295 suppressions de postes), Florange (194), et Basse-Indre (97). Cette annonce a provoqué la colère des syndicats, qui réclament pour certains la nationalisation des activités françaises du groupe, dénonçant une « désindustrialisation silencieuse » et une stratégie de délocalisation progressive vers des pays jugés plus rentables comme l’Inde.
La question de l’avenir industriel et des investissements
Malgré la restructuration, ArcelorMittal avait annoncé le 15 mai un projet d’investissement de 1,2 milliard d’euros pour la construction d’un four électrique à Dunkerque. Un investissement que le sidérurgiste maintient. La décision devrait être actée après l’été. Le gouvernement, de son côté, se veut « extrêmement vigilant » quant à l’accompagnement social des salariés concernés et au maintien des sites industriels en France, tout en continuant de soutenir les projets de décarbonation du groupe. L’objectif étant de rester compétitif et autosuffisant dans le secteur de la sidérurgie.


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