Après l'incendie du massif des gorges de Corong, comment éviter les feux de forêt, à l'avenir ?

Quelle a été votre réaction après cet incendie ?

Ma première réaction a été de me dire que les feux de printemps ont démarré. En Bretagne, on sait que certains massifs notamment avec des landes, de la bruyère, sont très sensibles au feu. La végétation est encore morte et comme on a eu peu de précipitations ces derniers temps avec plutôt des beaux jours ensoleillés, ça a bien séché et ça fait de la matière au sol qui peut potentiellement apporter du combustible si jamais il y a une étincelle ou un feu qui démarre. 

Et en plus, on avait du vent qui était autour de 30 km à l'heure. Avec ces conditions, le feu s'est propagé assez rapidement.

Près de 100 hectares de cet espace naturel sensible ont brûlé. Les dégâts auraient-ils pu être limités ? Peut-on faire mieux aujourd'hui pour préserver davantage ce genre de massif ?

C'est une question difficile. En tout cas, à Locarn, les collègues pompiers ont fait le maximum et ils ont réagi vraiment rapidement. On peut préciser aussi qu'il y n’a eu aucune victime à déplorer. Il n’y a pas eu d'habitation touchée donc de ce point de vue-là aussi, c'est un succès pour l'intervention des pompiers. Après en terme d'intervention, on a un dispositif qui s'est accentué depuis les feux de l'été 2022 en Bretagne. 

Avec des entraînements qui se sont renforcés en inter-services avec les pompiers, l'ONF, les forestiers, les préfectures et puis aussi des moyens qui se sont aussi renforcés. Donc je pense que cette intervention est vraiment à saluer et nous, à l'ONF, on vient en expertise pour étudier ensuite la renaturation des écosystèmes.

Lors de l’été 2022, plus de 2200 hectares de landes et boisement avaient brûlé dans les monts d'Arrée. Est-ce que ce gros incendie a permis de mettre en place des dispositifs pour éviter justement ce genre d'incendie aussi important ?

Alors ce qui est sûr, c'est que suite au grand feu de l'été 2022, on est tous montés en compétence rapidement. Donc à la fois à l'ONF bien sûr, chez les collègues pompiers, dans les services de l'État également où on tous eu des formations ensemble. On a fait ce qu'on appelle des retours d'expérience. 

Des moyens supplémentaires ont été alloués par le président de la République, fin 2022, avec des renforts pour l'ONF, à la fois en collègues spécialistes des feux de forêt qui sont arrivés en Ille-et-Vilaine, dans le Morbihan et dans le Finistère donc pour la Bretagne. 

Egalement des collègues patrouilleurs qui viennent, l'été, en renfort circuler avec des camions équipés de réserve d’eau de 600 litres et qui peuvent intervenir sur les débuts de feu, en attendant que les pompiers arrivent sur zone. Tout ce travail-là a été fait en en étroite relation avec tous les acteurs forestiers, donc les forestiers privés, l'ensemble de la filière, les entreprises de travaux forestiers aussi qui interviennent et qui peuvent aussi intervenir sur le débroussaillage.

Etes-vous clairement en veille à partir du printemps ?

La période d'intervention sur la mission d'intérêt général défense des forêts contre les incendies à l'ONF, démarre le 15 juin et va jusqu’au 15 septembre. Cependant, les collègues forestiers, qui sont en forêt tous les jours, ont bien sûr un œil attentif par rapport à ce qui se passe en forêt, par rapport aussi aux usagers de la forêt. 

Je rappelle que neuf feux de forêt sur dix sont d'origine humaine et que c'est important d'avoir les bons gestes et les les bonnes pratiques quand on va en forêt. Il faut se renseigner, il faut vérifier la réglementation. Pour le cas de Locarn, l'arrêté préfectoral feu de forêt avait été révisé le 24 avril 2023. Il est indiqué, dans cet arrêté, que tout usage du feu est interdit à moins de 200 mètres des landes, des forêts, notamment la cigarette, évidemment le barbecue… 

Il est important que les promeneurs et les usagers des forêts et de ces espaces naturels vérifient la réglementation avant de prévoir leurs itinéraires de randonnée.