Antoine Paoli : "À une communauté de l’Arche, vous ne demandez pas la carte d’identité religieuse de la personne, ni la carte d’identité culturelle"
Les obsèques de Jean Vanier seront célébrées aujourd'hui à Trosly-Breuil dans l’Oise. C’est là que Jean Vanier vivait depuis la fondation de l’Arche en 1964 avec Philippe et Raphaël, deux personnes handicapées. Aujourd’hui l’Arche, c’est plus de 150 communautés installées dans 38 pays, où vivent ensemble des personnes ayant une déficience intellectuelle et les assistants qui les accompagnent. Animé par sa foi, pendant 55 ans, Jean Vanier n’a cessé de témoigner du rôle essentiel des personnes handicapées mentales dans l'édification d'un monde plus humain et d'œuvrer pour qu'elles retrouvent leur dignité et leur place dans la société.
Quel souvenir garderez-vous de Jean Vanier ?
Un sourire qui vous accompagne. Un ami, un charisme exceptionnel. Et puis l’homme qui est aussi un petit gars comme il m’a dit une fois.
Vous dites le sourire de Jean Vanier, un sourire qui disait quoi ? Certains nous disent, un sourire qui vous reconnaît, qui vous estime ?
Ça c’est sur. Tu es aimé comme tu es, qui que tu sois, quelque soit ton histoire, tes mauvais ressorts ou tes difficultés. Une fois, il nous avait dit : la vie jaillit de ce que nous sommes de ce que nous rêvons.
Vous nous parlez de la dimension spirituelle de l’œuvre de Jean Vanier. L’arche est né dans la foi chrétienne. Puis il s’est développé dans des pays où il y’a d’autres religions donc l’Arche s’est adapté à différentes spiritualités. Comment est-ce qu’on peut définir le projet spirituel de l’Arche ?
Jean a cherché à vivre l’Évangile. Dans ce chemin, il a rencontré les personnes en situation de handicap qui, finalement, étaient rejetées dans les hôpitaux psychiatriques et donc vivaient dans des conditions assez inhumaines. C’est là que tout part. Et ensuite, ce qui va modifier constamment son chemin, ce qui fait qu’au fur et à mesure l’Arche va s’approfondir et s’ouvrir, c’est qu’il accueille la réalité qui est donnée : ces personnes sont de toutes confessions et de toutes cultures.
Sur le chemin, c’est comme cela que l’œcuménisme arrive, que l’inter-religion arrive. Parce qu’à une communauté de l’Arche, vous ne demandez pas la carte d’identité religieuse de la personne, ni la carte d’identité culturelle. Et c’est par l’accueil de cette réalité que l’Arche va se transformer et devenir quelque chose d’interreligieux. Mais il n’a pas de projets interreligieux, c’est l’accueil qui est interreligieux.
Antoine Paoli vous êtes le directeur spirituel de l’Arche. Est-ce qu’on peut dire que les personnes handicapées sont évangélisatrices ?
Oui mais il y’a peut-être une condition. C’est qu’on leur offre le gîte et le couvert mais pas uniquement comme une réponse matérielle, mais pour devenir leur ami. Et si on le devient, ils nous apprennent un peu plus sur nous même. Pour vous donner un exemple : il y a quelques mois, une nouvelle assistante me disait : tu sais je suis venue à l’Arche pour aider et finalement je suis là depuis six mois et j’apprends qui je suis.
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