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Antoine Armedan, la poésie et la scène comme lieux de rencontre

Antoine Armedan, la poésie et la scène comme lieux de rencontre

Un article rédigé par Théo Leunens - le 21 juin 2025 - Modifié le 21 juin 2025

Loin des circuits formatés, Antoine Armedan avance au rythme de ses chansons, entre poésie et engagement. Musicien complet et curieux de tout, il trace un itinéraire personnel où chaque concert devient un moment de partage. Portrait d’un artiste à la voix singulière.

Myriam Tonus, Antoine Armedan et Adrien ChardomeMyriam Tonus, Antoine Armedan et Adrien Chardome

Antoine Armedan ne se contente pas de chanter. Il écrit, il pense, il questionne, il raconte. Ses textes, ciselés comme ceux des poètes dont il est l’héritier, font résonner les émotions humaines dans toute leur complexité. Sa démarche artistique s’inscrit dans une longue tradition, celle des bardes, trouvères et chansonniers, qui depuis l’Antiquité donnent voix aux récits et aux sentiments de leur époque. Aujourd’hui encore, il perpétue cette vocation sur les scènes de festivals, dans les salles de concert, mais aussi dans les écoles ! Chaque rencontre devient pour lui une occasion de transmettre, de créer du lien, et de donner du sens.

C’est à Braine-le-Comte, dans une maison à la lisière de la campagne, qu’Antoine Armedan voit le jour et grandit dans une atmosphère paisible, joyeuse et musicale. Il évoque avec tendresse ce foyer modeste mais chaleureux où la musique était partout, littéralement : 

Dans chaque pièce de la maison, il y avait une guitare 

Ses parents, amateurs de chanson française et guitaristes à leurs heures, lui transmettent le goût des mots, des mélodies, et une vision de la musique comme une composante naturelle de la vie. Deux figures marquantes l’inspirent dès l’enfance : Christian Bécart, chanteur pour enfants, qu’il voit souvent sur scène, et surtout son grand-oncle Julos Beaucarne, poète, musicien, et humaniste, dont la voix et les valeurs l’imprègneront durablement.

La curiosité comme moteur de vie

Si l’on devait choisir un mot pour définir Antoine Armedan, ce serait sans doute « curieux ». Curieux de tout, de tous, et depuis toujours. Cette curiosité n’a rien de superficiel : elle est profonde, presque existentielle. Dès l’école, il perçoit l’apprentissage non pas comme une contrainte, mais comme une source de joie. Aujourd’hui encore, que ce soit face à une œuvre d’art, une bande dessinée ou une nouvelle rencontre, c’est cette soif de découvrir qui le pousse à avancer. Enfant, il rêve tour à tour de devenir ingénieur Lego, passionné par l’univers des constructions, puis ingénieur des eaux et forêts, pour être au plus près de la nature. Mais peu à peu, une autre passion prend le dessus : la musique.

Elle s’impose à lui comme une évidence. À tel point qu’il envisage après se secondaires d’en faire son métier… dans l’ombre, comme ingénieur du son. Mais rapidement, il comprend que sa place est sur scène, en pleine lumière. Ses parents le soutiennent, à condition qu’il se forme sérieusement : ce sera le Conservatoire royal de Bruxelles, où il obtiendra un master en guitare jazz. Avant cela, il doit apprendre à lire la musique, et suit une année préparatoire à Leuven. Ce moment de sa vie est fondateur : il y découvre l’intensité du travail musical quotidien. Si la rigueur de la musique classique lui pèse un peu, trop de carcans et pas assez de liberté, il se sent en revanche profondément attiré par la guitare jazz, ses harmonies ouvertes, sa place laissée à l’improvisation. C’est là qu’il trouve sa voix, à la fois libre et structurée.

Chansons à taille humaine

Il se souvient de la première fois qu’il est monté sur scène, adolescent : un moment marquant, presque magique. L’émotion ressentie ce jour-là, le plaisir d’être en lien avec le public, ne l’a plus quitté. Aujourd’hui, Antoine Armedan a publié quatre albums, chacun comportant une douzaine de titres. Chaque chanson est unique, née d’un fragment de vie, d’un sentiment ou d’un détail observé. Pour lui, tout commence par une émotion : ce qu’il voit, entend ou ressent devient matière à chanson. Parfois, texte et mélodie arrivent en même temps, comme une fulgurance. D’autres fois, c’est un air qui s’impose d’abord, capté sur le vif grâce à un dictaphone toujours à portée de main. Il aime l’idée de la contrainte, et en particulier celle du format court : « j’aime cette contrainte de devoir faire une chanson en trois minutes ». C’est un exercice exigeant, mais qui stimule sa créativité. Il compare souvent ce processus à celui du dessin : les premiers jets sont imparfaits, mais à force de retouches et de travail, l’œuvre prend forme.

Une tournée en train, à la rencontre des autres

En novembre 2022, Antoine Armedan se lance dans une tournée peu banale : il sillonne la Belgique en train et à vélo, lançant un appel pour trouver des lieux où se produire. La réponse est inattendue : parmi les nombreuses propositions reçues, beaucoup viennent… d’écoles. L’expérience, imprévue, devient un véritable coup de cœur. De la maternelle au secondaire, il chante pour les élèves tout en leur racontant son métier. Il insiste cependant : 

je ne suis pas un chanteur pour enfants, je suis un chanteur pour humains 

Il propose des rencontres authentiques, où l’échange prime sur la performance. Pour lui, la musique est avant tout un espace de partage. Il ne dit pas « venez m’écouter », mais « venez partager un concert avec moi ».

L’humanité comme boussole

Au fond, ce qui guide Antoine Armedan, c’est sa foi en l’humanité. Lorsqu’on lui demande en quoi il croit, il répond sans hésiter : « en l’humain ». Même dans les périodes sombres, il garde la conviction qu’il existe en chacun une lumière, une capacité à tendre la main, à aimer, à créer. L’une de ses chansons s’intitule d’ailleurs Humanité, reflet de cette croyance profonde. Pour lui, faire de la musique, c’est aussi cela : chercher cette part d’humanité chez l’autre, l’éclairer et la faire grandir. 

Image d'illustration © Pixabay -  Logo du vent dans les voiles © RCF Sud Belgique
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Du vent dans les voiles
Image d'illustration © Pixabay -  Logo du vent dans les voiles © RCF Sud Belgique
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