Annecy : les travaux de l'institut Guillaume Belluard ne seront terminés que partiellement en 2026
60 bougies pour Alpysia, Alliance Paralysie Cérébrale des Alpes ! Une association qui accompagne les parents, adolescents, et enfants porteurs d’un ou plusieurs handicaps moteurs et cérébraux. Des bénévoles qui donnent de leur temps depuis 60 ans en Haute-Savoie, en Isère, et qui ont été remerciés à l’occasion d’une journée festive, samedi 27 septembre à Cap Périaz à Seynod. Entretien avec sa présidente Joëlle Petit-Roulet.
©AlpysiaRCF Haute-Savoie : En chiffres, que représente Alpysia ?
Joëlle Petit-Roulet : 350 personnes en situation de handicap sont accompagnées au quotidien par 450 salariés, sur une vingtaine de centres et de relais en Haute-Savoie. On propose des formations en interne pour les nouveaux salariés, afin de leur donner l'accès à des formations diplômantes. Et puis des bénévoles, qui nous aident dans nos partenariats avec les associations sportives, pour des sorties.
RCF : Fin 2023, l'Institut Guillaume Belluard à Annecy, qui accueille une centaine d'infirmes moteurs cérébraux, était épinglé pour de mauvaises conditions de travail. Des fuites d'eau dans les toilettes, des pièces de vie qui n'étaient pas aux normes, un turn-over important chez les salariés payés au SMIC. Des travaux ont commencé sur site, et doivent se terminer en 2026. Est-ce suffisant ?
JPR : Vivre dans des conditions décentes et des locaux rénovés va permettre aux personnes accompagnées et aux salariés d'avoir de meilleures conditions. Mais ça ne suffira pas. La convention 66 doit évoluer pour payer décemment les personnes qui accompagnent au quotidien. Il y a 15 à 20 salariés de l'institut Guillaume Belluard qui manquent à l'appel chaque jour. Nos politiques doivent l'entendre pour revaloriser ces salariés.
RCF : La finalisation de la première tranche des travaux est prévue en 2026...
JPR : On va faire essentiellement les salles de classes, et la partie administrative. Il nous restera les cuisines et les réfectoires à réaliser dans une tranche future. Mais aussi les salles de rééducation, qui sont vétustes. Cet été, il faisait 38 degrés dans ces salles. Il manque encore de l'argent pour effectuer la phase 2 et la phase 3.
RCF : Vous avez bénéficié de 335 000 euros de dons, grâce à Glisse en Cœur en 2024, l'événement caritatif numéro 1 de la montagne française. Où est allé cet argent ?
JPR : Pour construire un gymnase à l'intérieur du centre Belluard. Cela permettra de proposer plus facilement des activités sportives sur site aux personnes accompagnées.
RCF : Quand on est parent d’un enfant lourdement handicapé, comme c’est le cas à Guillaume Belluard, ou encore à Arthur Lavy à Fillière, a-t-on forcément une place dans ces centres comme les vôtres, ou y a-t-il une file d’attente, comme c’est le cas sur un tout autre sujet pour un logement social ?
JPR : Oui, il y a une file d'attente importante, mais il ne faut pas se décourager. Il faut s'adresser à la MDPH, déposer un dossier, et décrocher une orientation. A Alpysia, on a des services d'accompagnement à domicile, on a des services d'accompagnement au milieu scolaire, on a une vingtaine de sites et services sur la Haute-Savoie.
RCF : Y a-t-il aujourd’hui, dans votre réseau, dans vos connaissances, des enfants lourdement handicapés laissés dans la nature, ou sans solution si ce n’est heureusement leurs parents qui font leur maximum pour les garder à la maison ?
JPR : En théorie, on ne laisse personne sur le bord de la route. Mais en pratique, il nous manque des places sur le secteur adulte, qui permettraient de désengorger le secteur enfant. On a des adultes de 23, 24, 25, 26 ans qui restent dans le service enfant ! Ce n'est pas l'idéal !
RCF : Jusqu’à émigrer hors de France pour placer ces enfants ailleurs à l’étranger ?
JPR : Oui, le plus difficile, ce sont les départs en Belgique ! Pour des personnes qui ont des troubles psychiques très lourds, nous n'avons pas la possibilité de les accueillir en Haute-Savoie. C'est un crève-cœur de les voir partir à l'étranger.


Chaque jour de la semaine à 6h35 et à 12h08, la rédaction de RCF Savoie Mont-Blanc approfondit un sujet d'actualité locale ou s'intéresse à un événement en donnant la parole à un acteur du territoire.
