Annecy : le député Renaissance Antoine Armand veut revoir la libre-circulation dans l'espace Schengen
Cinq jours après l'attaque à Annecy qui a blessé six personnes, dont quatre jeunes enfants, le temps de l'action est arrivé. Entretien avec Antoine Armand, député Renaissance de la deuxième circonscription de Haute-Savoie.
3 500 personnes se sont rassemblées sur le Pâquier dimanche matin. Que signifie cette forte affluence ?
Antoine Armand : "Ce rassemblement veut dire beaucoup de choses. La violence du choc, mais aussi la volonté d'appartenir à une même communauté, l'idée d'une communauté de destin. Face à la barbarie, une chaine de solidarité s'est formée."
Que dites-vous aux Annéciens qui ont peur de revenir sur les lieux du drame ?
Antoine Armand : "La réponse appartient à chacune et à chacun d'entre nous. Il ne faut faire de ce parc un lieu tabou, mais un lieu totémique. C'est un lieu qui doit continuer à vivre."
L'assaillant est un SDF. La population de SDF a doublé en France en un an. Quelle réponse de l'Etat ?
Antoine Armand : "J'habite Annecy, et je constate cette progression. Cette tragédie doit nous conduire à nous mettre autour de la table, la Ville en premier chef. Les Annéciens attendent des résultats. C'est notre responsabilité politique. Nous ne devons pas commenter, mais agir. Je serai attentif à trouver les freins législatifs pour éviter qu'un tel drame ne se reproduise. Pour le moment, je n'ai pas reçu d'invitation du maire d'Annecy en ce sens."
Le maire François Astorg a pris la décision de rallumer le Pâquier, en soirée, pour apporter "plus de tranquillité" aux Annéciens. Symbole, ou action concrète ?
Antoine Armand : "C'est un symbole. En aucun cas, les symboles ne remplacent les actions fortes."
La société civile doit-elle changer son regard sur les SDF ?
Antoine Armand : "A une autre époque, nous avions une perception différente des SDF, ou des mineurs isolés. Mais il n'empêche que c'est la responsabilité de la Ville, de l'Etat, du Département, de prendre en charge ces personnes. Il ne faut pas se défausser sur la solidarité humaine."
L'assaillant est aussi un réfugié syrien. Comment mieux les intégrer ?
Antoine Armand : "Il y a le cas particulier de l'assaillant. Il était déjà réfugié en Suède. C'est pourquoi sa demande à l'Ofpra a été refusée. C'est idiot. Il faut mettre en cohérence les mécanismes du droit d'asile européen. Une réforme est sur la table. Au-delà, c'est aussi la capacité à accueillir des gens en situation de détresse, sans perdre le contrôle sur notre territoire. Le pire, ce sont ces gens qui sont en France sans avoir vraiment le droit de l'être. Il y a une zone grise à éclaircir."
Vous appelez à revoir les règles de circulation au sein de l'espace Schengen ?
Antoine Armand : "Est-ce que quelqu'un qui a fait une demande de droit d'asile ou qui est réfugié doit avoir la même liberté de circulation dans l'espace Schengen, qu'un citoyen européen ? C'est une question qui doit être abordée."
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