Pays de la Loire
Lundi 31 mars, lors du dernier conseil municipal, les élus de la ville d'Angers ont débloqué 150 000 euros à destination du monde de la culture. Une somme répartie entre associations, collectifs ou festivals qui permet à tout le monde de souffler. Pourtant, leur situation financière, suite à la suppression des aides régionales, reste précaire.
Un cadeau de Noël avant l’heure ! Lundi 31 mars 2025, les élus de la ville d’Angers, majorité et opposition confondus, ont accordé leurs violons et voté en faveur de l’attribution d’une subvention exceptionnelle destinée à la filière culturelle locale. Au total, 150 000 euros ont été débloqués. Une somme qui permet à plusieurs associations de souffler financièrement après avoir été pris à la gorge par la fin brutale des aides régionales. Au moins pour un temps...
Bénéficiaire principal de ce coup de pouce financier : le festival Premiers Plans avec 25 000 euros d’aides. Mais pas de quoi combler le trou des 100 000 euros laissé par le départ du Conseil Régional des Pays de la Loire, alors même que toute l’édition 2025 était ficelée. Sans oublier que le festival de cinéma traîne toujours un reliquat de 20 000 euros à payer, datant de l’époque de l’épidémie de Covid-19. « La mairie a bien vu que notre situation devenait délicate et a décidé d’intervenir avant que ça n’impacte plus fortement toute la structure » confie Louis Mathieu, directeur du festival Premiers Plans. Et pour trouver des solutions de repli au niveau du budget, le nom ne fait pas tout, « c'est aussi compliqué que pour une petite association » assure Louis Mathieu.
C'est vrai qu'on a peut-être plus de leviers. Cette année, il y a eu une émotion, un effet de solidarité par rapport aux décisions qui avaient été prises. J'ai entendu des spectateurs qui disaient : ils ne vont quand même pas nous enlever le festival ! Il y avait une envie de participer au salut de Premiers Plans et à sa pérennité.
Le festival Premiers Plans a tout tenté cette année pour équilibrer ses comptes. Augmentation du prix de la billetterie, ce qui n’a d'ailleurs pas impacté la fréquentation (83 000 spectateurs en 2025, record d’affluence), mais aussi la mise en place de mécénat individuel qui aura rapporté près de 70 000 euros à l'organisateur.
Le Quai, le CNDC ont aussi reçu un soutien conséquent (20 000 euros) de la part de la ville. Pour les neuf autres structures, associations ou compagnies de théâtre, le montant atteint 5 000 euros. C’est le cas du théâtre du Champ de Bataille. Un geste salué par son directeur Florent Goulette qui doit tout de même se creuser la tête pour construire son futur budget. « On peut réduire certaines charges, mais là, c'est vraiment à la marge parce que l'on n'est pas du tout des gens dépensiers » explique le directeur qui parle aujourd’hui d’un « choix de société ».
On touche de l'argent public pour donner accès au plus grand nombre, donc il y a un paradoxe ! On ne peut pas faire des places à 50 ou 60 euros. Économiquement ça a un sens, mais ça viderait la salle. On ne peut pas vendre des ateliers à 1000 euros l'année. Le théâtre public ça passe par de l'argent public.
La somme accordée par la mairie d’Angers permettra au théâtre du Champ de Bataille de maintenir l’accueil en résidence de deux compagnies angevines en 2025 : la compagnie de Damien Avice et Charline Porrone, anciens de l'équipe de Thomas Jolly, qui ont monté un projet autour d'un texte de Victor Hugo et la compagnie Le Deuxième Cœur de Louise Bachimont.
Pour d’autres structures, si cette aide est aussi la bienvenue, elle ne changera malheureusement pas fondamentalement les choses. C’est le cas pour la "Compagnie à" qui a vu s’envoler les 23 000 euros de la région. « Ça va nous permettre de sortir un petit peu la tête de l'eau, constate Dorothée Saysombat, et venir soutenir le fonctionnement de la compagnie, les salaires administratifs, le loyer, l'assurance, … ». La co-fondatrice de la troupe de théâtre a dû se résoudre à réduire considérablement la voilure : des suppressions de postes en chargé de production sont prévues, des réductions de temps de travail dans les postes administratifs. « On est assez préoccupé » conclut un brin fataliste Dorothée Saysombat.
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