Alençon : mobilisation du secteur social et médico-social ce 15 mai
5 minutes pour comprendre… la colère des professionnels du secteur social, médico-social et des aides à domicile. Ils se mobilisent en France cette semaine et en particulier ce jeudi à l’appel de l’intersyndicale pour dénoncer leurs conditions de travail.
Les professionnels du secteur social, médico-social et les aides à domicile sont en grève ce jeudi 15 mai 2025. Image d'illustration © FreepikIls étaient déjà dans la rue le 1er avril dernier : les professionnels du secteur social, médico-social et les aides à domicile sont à nouveau en grève ce jeudi 15 mai 2025. À Alençon, dans l’Orne, l’intersyndicale a notamment appelé à une manifestation sous la forme d’un pique-nique de la colère. Elle souhaite ainsi dénoncer des conditions de travail dégradées, une perte de sens et de considération. Explications avec Pauline Lampérière, secrétaire générale du syndicat CFDT Santé sociaux de l’Orne.
RCF : Vous parlez de perte de sens pour les professionnels du social et médico-social, qu’entendez-vous par là ?
Pauline Lampérière : Nous étions déjà mobilisés le 1er avril 2025 et on savait que la mobilisation devrait durer, on avait prévu cette date du 15 mai. La perte de sens pour les professionnels, c’est quand on leur demande de s'occuper de toujours plus de résidents, d’usagers avec des collègues absents ou des collègues qui ne sont pas diplômés. C’est devoir répondre aux urgences du quotidien sans que le projet d’accompagnement individualisé puisse être respecté. Ce sont vraiment des difficultés qui sont de plus en plus présentes.
RCF : Cette perte de sens peut notamment entraîner des difficultés à trouver du personnel, entraîne-t-elle aussi des démissions dans les établissements médico-sociaux ?
Pauline Lampérière : On parle de turn-over, c’est le taux de remplacement du personnel. Il est toujours plus important. C’est très simple : dans les services d’accompagnement et les services éducatifs, c’est se rendre compte que, tous les jours, c’est une nouvelle qui est là pour travailler avec moi aujourd’hui. Le personnel ne se fixe pas, il découvre soit des conditions de travail trop difficiles, soit des horaires qui changent tout le temps…
RCF : Quelles sont les conséquences sur les usagers ?
Pauline Lampérière : Les professionnels sont vraiment tiraillés dans leurs valeurs, concernant le respect de l’individu dans son entièreté. Ils ne peuvent pas travailler comme ils le souhaitent.
RCF : Il y a aussi la question, soulevée lors de la mobilisation du 1er avril dernier, d’une nouvelle convention collective unique pour le secteur qui est actuellement en négociations…
Pauline Lampérière : Au niveau national, les organisations syndicales représentatives négocient, chacune avec leurs convictions, sur leurs mandats donnés par leurs adhérents. Au niveau de la CFDT, ce qui a rassemblé, le 1er avril et le 15 mai, c’est que les syndicats se heurtent pendant ces négociations de branche à un conflit permanent entre l’État et les départements et cette convention n’avance pas, en tout cas pour la branche associative, sanitaire, social, médico-social.
C’est comme si on avait un chien à deux têtes qui nous gouverne.
Pour la branche de l’aide à domicile aussi puisqu’elle devait avoir un avenant salarial signé par les organisations patronales et syndicales qui devait revaloriser tous les salaires en dessous du SMIC pour les mettre au-dessus, appliquer la loi. Et l’agrément ministériel n’est pas donné. Donc, c’est pour cela que ces deux secteurs se mobilisent parce que c’est comme si on avait un chien à deux têtes qui nous gouverne. Ça ne permet pas de négocier dans de bonnes conditions. Puis, on a des employeurs qui se réfugient derrière cette dualité.


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