Alain Giustiniani : prendre soin de la nature, un devoir chrétien
Le sommet de l'ONU sur les océans à Nice se termine le vendredi13 juin, alors que cette année marque les 10 ans de l’encyclique Laudato si’. En 2015, le pape François lançait un appel fort pour sauvegarder notre "maison commune", en insistant particulièrement sur la protection des océans, et en s’appuyant sur les rapports scientifiques du GIEC. Il exprimait son inquiétude face à la destruction des écosystèmes, avec de graves conséquences pour tous. La conscience écologique portée par l’Église depuis dix ans, trouve-t-elle un écho dans les communautés chrétiennes ? Alain Giustiniani, diacre à Nice et ambassadeur Église verte des Alpes-Maritimes, nous livre sa réponse.
"C'est ce jardin d'Éden qui a été fait sur Terre et il nous faut l'arroser" ©PxHereAlain Giustiniani est diacre à Nice et ambassadeur Église verte dans les Alpes-Maritimes. Pour lui, l’écologie est une responsabilité chrétienne. Il appelle à s’occuper de la nature comme le jardin d’Eden confié par Dieu. À travers la prière, l’action concrète et l’espérance, il invite à agir ensemble, sous le signe de la fraternité.
Une foi qui appelle à la responsabilité
Dans la Bible, la Genèse dit que l’Homme est « le maître des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages, et de toutes les bestioles qui vont et viennent sur la terre. » (Genèse 1, 26-31). Pour Alain Giustiniani, ce mot « maître » ne veut pas dire dominer, mais plutôt « s’occuper ». Pour la nature, c’est identique : « ce n’est pas [Dieu] qui donne le résultat », mais à nous d’agir. C’est une responsabilité collective. Le diacre de Nice prévient que « si jamais on ne respecte pas le fond des océans, on va tous crever, il faut respecter ce jardin magnifique ». Il fait écho au pape François et l'encyclique Laudato si’ qui soulignait que « le climat est un bien commun, de tous et pour tous ».
Il faut respecter ce jardin qui a été créé, ce jardin magnifique. C'est ce jardin d'Éden qui a été fait sur Terre et il nous faut l'arroser.
Après Laudato si’, « il y a eu un grand élan » surtout avec la création de l'Eglise verte. Mais aujourd’hui, déplore-t-il, « l’écologie passe un petit peu au second plan. » Le sommet sur l’océan à Nice est pour lui l’occasion de sensibiliser. « Il faut que nous poursuivions cet élan. » encourage-t-il.
Une foi ancrée dans l’action et l'espérance
« Nous, chrétiens, nous devons nous intéresser à la nature, puisque c’est ce que nous demande le Seigneur », explique Alain Giustiniani. Mais l’écologie ne concerne pas seulement la nature : « les conséquences sont sur l’humanité », surtout pour « nos frères qui n’ont pas les moyens qu’on a nous en Occident ». Face au manque d’actions concrètes, il s’engage dans plusieurs associations comme Greenpeace, les Restos du Cœur ou le Secours Catholique. Pour lui, « il faut que les chrétiens aillent dans la société civile et portent une société civile ». Son engagement spirituel de diacre le conduit à « porter l’autel dans la rue » et à faire vivre « la parole du Christ, une parole d’amour ». La prière l’accompagne chaque jour : il cite le psaume 104, « La terre est remplie de tes biens », et nous invite à louer les œuvres du seigneur.
Il faut que les chrétiens aillent dans la société civile et portent une société civile.
L’espérance est le pilier de sa foi. Même lorsqu’il évoque la tempête Alex, il garde confiance : « Le village de Saint-Martin-Vésubie a beaucoup souffert […] Mais au-dessus, il y a le Mercantour qui reste un endroit magnifique. Tout n’est pas détruit. » En tant qu'ambassadeur de l'Eglise Verte, il partage cette vision avec les coprésidents qui écrivaient : «Conscients plus que jamais de l’urgence écologique et de la légitimité des chrétiens à prendre la parole sur des sujets aussi importants, nous vous encourageons à poursuivre vos efforts, avec confiance et espérance.» Pour lui, « il y a encore de grands signes d’espérance ». La foi chrétienne s’enracine dans la résurrection du Christ, « un message d’espérance pour l’humanité ». Il insiste sur l’importance de « laisser l’Esprit Saint agir en nous ». « Je suis un diacre heureux. Le Seigneur m’a beaucoup aidé dans ma vie. Je lui rends grâce. » Cette confiance l’aide à garder l’espoir et à continuer son combat pour la nature.
Il y a encore de grands signes d’espérance.


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