Alain Charbonnier (Belwest) : « De Bruxelles à Los Angeles, tisser des ponts. »

Au cœur de la cinquième économie mondiale, Belwest entend offrir aux entrepreneurs belges et luxembourgeois un tremplin solide vers la côte Ouest américaine. « Créer du lien entre les personnes, c’est ce qui permet aux projets de s’épanouir », insiste Alain Charbonnier. Un message qui prend tout son sens à l’heure où la Belgique s’apprête à renforcer sa présence en Californie. 

Une chambre de commerce née d’un manque évident

Quand on lui demande pourquoi il a fondé Belwest, Alain Charbonnier répond par une pirouette : « La vraie question n’est pas pourquoi nous l’avons créée, mais pourquoi cela n’existait pas déjà. » Car la Californie, rappelle-t-il, « est virtuellement la quatrième économie du monde ». À elle seule, la métropole de Los Angeles pèse davantage que des pays entiers comme l’Espagne ou le Mexique.

Belwest, fondée il y a trois ans, est aujourd’hui la deuxième plus grande chambre de commerce belgo-luxembourgeoise du continent américain, après Toronto. Elle accompagne des entreprises de toutes tailles, facilite des contacts stratégiques, et surtout, mise sur l’expérience partagée. « On gagne un temps considérable quand on peut discuter avec d’autres entrepreneurs qui ont déjà affronté les mêmes difficultés », explique son fondateur.

La mission économique belge en Californie

Du 4 au 12 octobre 2025, la Belgique organise une mission économique multisectorielle en Californie, sous la présidence de la princesse Astrid. Elle réunira quelque 560 participants, parmi lesquels sept ministres fédéraux et le ministre-président flamand. Les deux grandes étapes seront San Francisco et Los Angeles, capitales respectives de la high-tech et du divertissement.

Pour Alain Charbonnier, qui participe activement à son élaboration, cet événement est bien plus qu’un rendez-vous protocolaire : « Une mission économique, c’est une semaine de contacts intensifs où se nouent des accords, des partenariats stratégiques, mais aussi des relations universitaires. C’est un moment extrêmement important. Tous les profils sont là, des créateurs, des innovateurs, des solutions de sécurité, des universitaires...  »

Belwest y jouera un rôle clé en organisant la réception officielle à Los Angeles, un défi logistique et financier majeur. « Nous sommes un peu les marieurs de cette mission », sourit-il. Le « networking » (réseautage) reste en effet la clé du succès aux États-Unis, où « une grande partie du business se fait de manière informelle, par des rencontres non planifiées ».

Un témoin entre deux cultures

Si Alain Charbonnier connaît si bien les ponts entre continents, c’est qu’il les a traversés plusieurs fois. Arrivé une première fois en Californie en 1998, au cœur de la bulle Internet, il a vécu l’effervescence de la Silicon Valley avant de rentrer en Europe. Dix ans plus tard, gagnant de la loterie américaine de la green card avec son conjoint, il choisit de revenir s’installer à Los Angeles.

Devenu citoyen américain tout en restant belge, il assume cette double appartenance comme une richesse. « Ce n’est pas une trahison, c’est une addition. Avoir deux nationalités, c’est comme avoir deux langues : cela n’enlève rien à la première, mais cela ouvre de nouvelles perspectives ».

Héritage familial et foi discrète

Derrière le chef d’entreprise, il y a aussi un fils marqué par la figure paternelle. « Mon père avait eu la chance de pouvoir faire de bonnes études, il était devenu ingénieur, ce qui était une première dans sa famille. C’est quelqu’un qui travaillait beaucoup », confie Alain Charbonnier. Issu d’un milieu modeste, il se souvient d’avoir grandi dans une famille « de culture chrétienne, mais non pratiquante ».

Aujourd’hui, son parcours international l’a conduit à s’ouvrir à d’autres horizons spirituels. « Je suis devenu un citoyen du monde. Je m’intéresse à plein de cultures et je me définirais plutôt comme athée », dit-il avec simplicité. Mais il reste persuadé d’une chose : la fierté de son père (Ndlr: décédé il y a quelques années), qui a vu son fils tracer sa propre voie « à l'autre bout du monde ».

Une entrevue réalisée avec la technologie FaceTime Audio par Cédric Godart.