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Affaire Michel Santier : pourquoi l'Église a-t-elle caché les vraies raisons de sa démission ?

Affaire Michel Santier : pourquoi l'Église a-t-elle caché les vraies raisons de sa démission ?

Un article rédigé par Pauline de Torsiac - RCF, le 18 octobre 2022  -  Modifié le 2 novembre 2022
L'actu chrétienne "La gestion du cas Santier, une bombe à fragmentation"

Un an après la publication du rapport de la Ciase, le magazine Famille Chrétienne a révélé les véritables raisons qui ont conduit Mgr Michel Santier, évêque émérite de Créteil, à démissionner. Durant deux ans, l'épiscopat français a tenu secrets les faits d'abus spirituels à des fins sexuelles sur deux hommes majeurs pour lesquels Mgr Santier a été sanctionné par l'Église.

 

Mgr Michel Santier en 2015 ©Wikimédia commons Mgr Michel Santier en 2015 ©Wikimédia commons

Mgr Michel Santier a démissionné en 9 janvier 2021. Il était alors évêque de Créteil. Les raisons de sa démission ont été tues pendant plus de deux ans. Ce n'est que le 14 octobre dernier en effet que les mesures disciplinaires prises par Rome en octobre 2021 ont été rendues publiques. L'évêque émérite de Créteil et de Luçon, a été sanctionné pour abus spirituels à des fins sexuelles perpétrés sur deux hommes majeurs. Ces abus ont été commis avec une circonstance aggravante puisqu'il y a eu instrumentalisation des sacrements, notamment du sacrement de réconciliation. Les deux victimes ont souhaité rester anonymes et n’ont pas voulu porter plainte. 

 

La gestion de l'affaire Santier remise en cause

 

Les faits ne datent pas d’aujourd’hui. Ils remontent aux années 90 : Michel Sentier n’était pas encore évêque. Il était déjà prêtre et dirigeait l'École de la foi à Coutances, une école de formation à la prière pour les jeunes de 18 à 30 ans. Ce n’est que 30 ans plus tard que l’évêque émérite de Créteil, aujourd’hui âgé de 75 ans, a démissionné de sa charge en 2020, deux ans avant l’âge de la retraite. S'il avait  évoqué des problèmes de santé pour expliquer sa démission, il n’avait pas mentionné cette affaire. Et c’est justement cette gestion discrète qui fait aujourd’hui réagir.

 

"Il faut vraiment que l'épiscopat français se rende compte que la gestion du cas Santier c'est vraiment une bombe à fragmentation, il faut vraiment qu'il se rende compte qu'on ne peut pas en rester là, c'est impossible parce que justement ça jette la suspicion sur toutes les autres affaires", estime l'historien Martin Dumont, secrétaire général de l’Institut de recherche pour l’étude des religions à la Sorbonne. Pour lui, "on ne peut pas faire réellement confiance à l'Église si on apprend comme ça que, en douce, un évêque a été sanctionné et que ça n'a pas été rendu public".

 

Plus de transparence pour restaurer la confiance au sein de l'Église ?

 

Rendre publiques les décisions prises concernant les abus commis par des clercs ? Pas si simple car le droit canon n’impose pas la publicité, qu’il s’agisse de l’instruction d’un dossier comme de la décision finale. Martin Dumont plaide pour que le droit interne de l’Église soit modifié en la matière : "En rendant publique cette décision, on peut faire un appel à témoin, demander s'il n'y a pas d'autres victimes." L'historien rappelle que ce que les victimes demandent, ce n'est "pas forcément une réparation financière" mais surtout "d'être entendues comme victimes". 

 

À travers cette exigence de transparence, l'enjeu c'est de restaurer la confiance au sein de l'Église. "Ce n'est pas une question de mettre au pilori telle ou telle personne, précise Martin Dumont, mais il s'agit simplement de rendre la confiance dans la parole de l'Église."

 

La solution est-elle au Vatican ?

 

"On ne peut pas compter entièrement sur Rome", estime Martin Dumont. En cause, "non pas la volonté de cacher les choses" mais de "vrais problèmes de structure", qui empêche l'information de réellement circuler...

 

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©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
L'actu chrétienne

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