Affaire Bétharram : une audition "libératrice" pour François Bayrou
Auditionné pendant 5 h 30, François Bayrou a qualifié de "moment libérateur" son entretien avec par la commission d'enquête de l’Assemblée nationale. Après avoir entendu témoins, victimes et anciens ministres, elle rendra ses conclusions fin juin.
Le Premier ministre François Bayrou est reçu par les rapporteurs Violette Spillebout (EPR) et Paul Vannier (LFI), lors de son audition par la commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale à Paris, le 14 mai 2025. © Xose Bouzas/Hans LucasL’audition du Premier ministre a duré 5 h 30 à l’Assemblée nationale mercredi 14 mai. François Bayrou a rejeté en bloc les accusations de mensonge ou d'intervention auprès de la justice dans l'affaire des violences physiques et sexuelles du collège-lycée béarnais Notre-Dame de Bétharram, aujourd'hui Ensemble scolaire Le Beau rameau.
Des faits qui remontent à près de 30 ans pour une audition que François Bayrou a qualifié de "moment libérateur" en quittant l'Assemblée nationale.
Établir les responsabilités
François Bayrou l’affirme : "Je n'ai pas couvert des pratiques quelles qu'elles soient. Je n'ai pas eu d'informations privilégiées. Je ne suis pas resté sans rien faire quand j'ai découvert les affaires et je ne suis jamais intervenu dans une affaire". Le Premier ministre est pourtant contredit par un ancien juge, un ex-gendarme et une professeure à la retraite, et même à certains égards par sa fille aînée Hélène.
En face, son principal contradicteur de la France insoumise, Paul Vannier, membre de la commission d'enquête, l'a accusé "d'éluder" ses responsabilités. Pour le représentant des victimes de Bétharram, Alain Esquerre, il s’agit d’une "responsabilité collective" dans le scandale. Pour lui, François Bayrou "fait partie des responsables" mais il n'est pas "la cause unique".
Premier ministre au premier plan
Le scandale touche intimement François Bayrou, ancien ministre et ancien député, qui a scolarisé plusieurs de ses enfants dans cet établissement catholique réputé, et où son épouse a enseigné le catéchisme. Se sont ajoutées les révélations de sa fille Hélène sur une agression physique par un prêtre dans un camp d'été.
Le chef du gouvernement s'est attiré les critiques de plusieurs députés. La socialiste de son département Colette Capdevielle l'a accusé de "renverser la situation" en se plaçant en "victime" de ses contradicteurs. François Bayrou a dénoncé d'emblée "l'instrumentalisation" politique de l'affaire pour "abattre" le gouvernement avec un scandale qui empoisonne son action à Matignon.
Le Premier ministre a également été confronté à l'épisode de la gifle qu'il avait donnée à un jeune garçon qui avait essayé de lui faire les poches, en 2002. L'intéressé s'est défendu d'une "tape de père de famille" qui n'est pas "du tout une claque violente".
Libération de la parole
Le parquet de Pau mène l'enquête depuis un an sur environ 200 plaintes visant des faits présumés de violences et de viols dans l'établissement entre les années 1970 et 1990. Les révélations sur Notre-Dame-de-Bétharram ont libéré la parole dans d'autres institutions catholiques.
François Bayrou a promis sa participation à une "autorité indépendante" consacrée aux violences contre les enfants. Après avoir entendu témoins, victimes et anciens ministres, les députés insoumis Paul Vannier et la macroniste Violette Spillebout, membres de la commissions parlementaire, rendront leurs conclusions fin juin.




