Accord migratoire franco-britannique : « inhumain » juge Utopia 56
À partir de ce mercredi 6 août, un nouvel accord migratoire entre la France et le Royaume-Uni entre en vigueur. Il prévoit le renvoi de migrants arrivés en Angleterre via la Manche, en échange de l’accueil par Londres de demandeurs d’asile présents en France. Une mesure critiquée de toutes parts.
Dès demain, un accord bilatéral sur les renvois de migrants entre en vigueur ©DRUn nouveau chapitre s’ouvre dans la coopération migratoire entre Paris et Londres. Dès demain, un accord bilatéral sur les renvois de migrants entre en vigueur. Il concerne les personnes ayant traversé la Manche à bord des fameux small boats, ces embarcations pneumatiques de fortune qui tentent la traversée depuis les côtes françaises.
Un échange entre renvois et sélections
Concrètement, un migrant arrivé illégalement au Royaume-Uni par bateau et dont la demande d’asile est jugée inadmissible pourra être renvoyé en France. En échange, la France acceptera que Londres accueille certains demandeurs d’asile présents sur son sol, à condition qu’ils aient déposé une demande via une plateforme en ligne. Priorité sera donnée à ceux ayant des liens familiaux ou sociaux avec le Royaume-Uni.
Face à une hausse de 50 % des traversées illégales par la Manche cette année, les gouvernements des deux pays affirment vouloir démanteler les réseaux de passeurs et offrir une voie légale d’immigration.
Une mesure « inhumaine » pour Utopia 56
Mais l’accord suscite de vives critiques du côté des associations humanitaires. Pour Utopia 56, engagée auprès des exilés, cette politique va à l’encontre des droits fondamentaux des migrants.
« C’est complètement ignoble, inhumain. On parle d’hommes, de femmes et d’enfants dont le dernier espoir, c’est d’aller au Royaume-Uni », dénonce Amélie Moyart, porte-parole de l’association.
Des élus locaux vent debout
Les critiques viennent aussi des élus des Hauts-de-France, région en première ligne face aux arrivées migratoires. Plusieurs maires du littoral dénoncent un accord déséquilibré, où le Royaume-Uni choisirait les profils les plus favorables, laissant à la France les cas les plus complexes, voire les plus précaires.
« C’est un mauvais accord pour la France. Les Anglais vont choisir qui va retourner en France et qui va aller chez eux. Ils auront une immigration choisie, nous une immigration subie », estime Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, sur BFM TV.
La situation inquiète aussi à l’échelle européenne. Des pays comme la Grèce, l’Italie ou l’Espagne craignent que la France ne leur renvoie à son tour ces migrants, au nom du règlement de Dublin qui prévoit que le premier pays d’entrée dans l’UE est responsable de la demande d’asile.
Dans ce jeu diplomatique de renvois en chaîne, les personnes exilées restent les grandes oubliées.


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