Abus sexuels : « Une démission des évêques aurait eu du panache » Paul Devaux

Un article rédigé par Thomas Cauchebrais - RCF Anjou,  - Modifié le 12 octobre 2021
Au cœur de l'Ouest, l'invitéAbus sexuels : « Une démission des évêques aurait eu du panache » Paul Devaux

L'Angevin Paul Devaux, frère aîné de François Devaux, victime du Père Bernard Preynat et fondateur de l'association, aujourd'hui dissoute, La parole libérée, était notre invité en direct à 18h40 ce lundi 11 octobre. Demande de démission des évêques, réaction aux recommandations du rapport de la CIASE, indemnisation des victimes... Il répond aux questions de Thomas Cauchebrais sur RCF Anjou. Extraits choisis.

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Démission générale des évêques ?

 

« C’est une demande que je partage avec mon frère car je pense que le salut de l’Eglise passe par des décisions fortes » déclare Paul Devaux, réagissant à la demande commune de son frère François Devaux, victime d’abus sexuels, de la théologienne Anne Soupa et de Christine Pedotti, rédactrice en chef du magazine Témoignage chrétien. « Quand on vous rend un rapport comme ça, ma première réaction aurait été de présenter ma démission. C’est la manière dont j’ai été élevé dans ma famille. Je travaille dans l’industrie. Si demain il y a un accident mortel d’un des salariés de l’une des 35 usines que je dirige, je présenterai ma démission à mon employeur. Ça aurait eu du panache, de l’allure, de la part des évêques. Ça aurait montré une certaine prise de conscience, sans qu’un tiers le demande. Pour moi le sens de l’honneur, c’est ça ! »

 

Remettre une culture du débat au sein de l’Eglise

 

« Le rapport de la CIASE nous dit qu’il faut absolument créer dans l’Eglise une culture du débat. Par exemple : la place des laïcs dans l’Eglise. Ils sont nombreux à préparer les messes, les célébrations, les accompagnements aux différents sacrements, la catéchèse… Est-ce que tous ces gens ont voix au chapitre ? Comment changer la gouvernance de l’Eglise pour créer une culture de débat où l’on peut débattre de tout. Par exemple le célibat des prêtres ? Je ne dis pas que c’est la solution, je dis que c’est tabou, on ne peut pas en parler dans l’Eglise ! Pour moi, le débat actuel sur le secret de la confession est nauséabond. On se cherche des excuses. On doit ouvrir les vannes et faire l’inverse pour réinventer l’Eglise ».

 

Evêques et fidèles : tous responsables ?

 

« On n’a pas tous eu connaissance des faits en même temps. J’ai eu connaissance des faits il y a 30 ans lorsque mon frère m’a tout révélé. A partir du moment où vous savez… qu’est-ce qu’on fait ? On continue d’ignorer ? Non. A travers ce mouvement sur internet #MyChurchToo, je vois des catholiques se mettre en colère et ça me plait ! Je ne vois pas toute cette affaire comme un moment difficile mais comme une libération. On va pouvoir enfin reconstruire notre Eglise car on n’accepte plus ça ».

 

Indemnisation des victimes : cela réglera-t-il le préjudice ?

 

« En effet, tout réduire à l’argent, c’est compliqué… néanmoins je vois deux choses. Premièrement, l’argent n’est pas sale. Pourquoi réduire le dédommagement financier à quelque chose de sale ? On donne bien pièce sa pièce à la quête dominicale ? Deuxièmement, parler de dédommagement financier c’est bien, car on n’a pas les sous pour payer ça. Je m’explique : enfin, on va prendre conscience qu’on a pas les moyens de se payer ça. C’est tellement énorme et horrible que ça ne pourra pas se régler avec une simple prière à l’église tous ensemble. Ça doit aller plus loin ».

Retrouvez l'intégralité de cet entretien en haut de cette page

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