À Vienne : des familles accusent les antidépresseurs d'avoir causé le suicide de leurs enfants
Cela fait quatre ans que Yoko et Vincent Schmitt, vivant à Dolomieu, ont perdu leur fils d'un suicide. Depuis, ils se battent pour que les effets secondaires de la paroxétine soient reconnus comme responsables de sa mort. Car les pensées suicidaires se trouvent bien dans les effets secondaires de plusieurs anti-dépresseurs, dont celui-ci. Mardi 9 septembre, la veille de la journée de prévention du suicide, plusieurs familles de victimes qui accusent ces psychotropes étaient rassemblées devant le tribunal de Vienne.
© Vincent SchmittDans la Vienne, plusieurs familles endeuillées se sont retrouvées, pour faire reconnaitre les effets secondaires des antidépresseurs dans la mort de leurs enfants.
Un comportement qui se dégrade
Tout commence, il y a cinq ans. Romain Schmitt est un jeune garçon, il fait du sport, il est gentil et doué à l'école. Mais comme beaucoup d'adolescent, il fait attention à son apparence. Romain développe alors des troubles obsessionnels compulsifs autour de la nourriture. Il alerte ses parents, qui l'emmènent voir un psychiatre.
Immédiatement, Romain se voit prescrire un anti-dépresseurs : la paroxétine. "Au début, ça allait vraiment mieux", reconnait son père, Vincent. Mais petit à petit, son comportement se dégrade. Romain devient irritable, fait des crises de colères ou devient d'un coup désinhibé et très joyeux. Ses parents alertent le psychiatre, qui augmente simplement la dose.
"Si on avait reconnu les symptômes, on aurait vu qu'ils étaient dangereux"
"Si on avait su, ces symptômes on les aurait simplement reconnus et ont aurait vu qu'ils étaient très dangereux", regrette Vincent Schmitt, qui ne peut s'empêcher de penser qu'il aurait pu éviter cela. Ces symptômes font effectivement partis des effets secondaires de la paroxétine, tout comme les pensées suicidaires. Après quatre ans de recherches, de rencontres avec des spécialistes au quatre coins de la France, Yoko et Vincent en sont persuadés : ce sont les anti-dépresseurs qui ont tués leur fils. Les médicaments, mais aussi le psychiatre, qui n'a pas reconnus les effets de l'anti-dépresseur.
Un Médiator : "puissance 1 000"
D'autant qu'il est loin d'être le seul dans ce cas. Selon la journaliste Ariane Denoyel, autrice de "Génération Zombie, Enquête sur le scandale des antidépresseurs", le nombre de victimes s'élèverait à "plusieurs dizaine de milliers de personnes" car cela fait 40 ans que la paroxétine est commercialisée, que de plus en plus de personnes prennent des anti-dépresseurs, et qu'une grande partie des familles n'ont même pas idée qu'un anti-dépresseur puisse être responsable de la mort de leur enfant. Ariane Denoyel ajoute : "Pour moi, c'est un Médiator puissance 1 000".
D'autant que les laboratoires ont bien conscience du problème. Aux Etats-Unis, GSK a justement été condamné à verser trois milliards de dollars pour avoir dissimulé ces effets, et un avertissement est écrit en gros, dans un carré noir, sur les boites de médicaments. Par ailleurs, les médecins eux s'appuient sur des enquêtes, elle mêmes financées par des laboratoires, donc en manque d'objectivité. "Le cas de Romain révèle un problème systémique", note la journaliste.
Mobilisé à Vienne, Vincent Schmitt conclut : "ça ne nous rendra pas notre fils, mais si on peut éviter d'autres morts, alors c'est l'essentiel".
