Au cœur de l’Ardenne belge, le petit village de Redu vit chaque printemps au rythme de la littérature. Pour sa 41e édition, la Fête du Livre a mis la bande dessinée à l’honneur, attirant passionnés, flâneurs et professionnels du livre dans un village où la lecture est une identité.
Depuis plus de quarante ans, Redu se transforme chaque printemps en haut lieu du livre. Du 19 au 21 avril cette année, les rues du village ont accueilli des milliers de visiteurs venus pour la 41e édition de la Fête du Livre. L’ambiance, conviviale et animée, rappelle que ce coin reculé de l’Ardenne belge conserve une aura particulière auprès des amoureux des mots. Bouquinistes, libraires, artisans et amateurs se sont retrouvés pour échanger, vendre, découvrir ou simplement flâner. « On vient ici par habitude, on est bien », résume Christophe Rossel, bouquiniste fidèle depuis des années à l’événement.
Pour cette édition, la bande dessinée s’est imposée comme thème central, avec une programmation articulée autour de ce genre apprécié d’un large public. « La BD rassemble pas mal de gens, de 7 à 77 ans, comme on le dit pour Tintin », sourit Pascal Grognard, libraire installé à Redu. Les étals proposaient autant de classiques que de nouveautés, et les amateurs de planches illustrées ont trouvé de quoi nourrir leur passion.
Parmi les moments forts de cette édition, une exposition inédite a marqué les esprits. Proposée par les Ateliers Loire, elle présente une série de vitraux inspirés des personnages emblématiques de la bande dessinée franco-belge. Une démarche qui crée un lien surprenant mais logique entre deux formes d’expression visuelle : le vitrail, art ancien de narration par l’image, et la BD, héritière moderne de cette tradition. Et il n’est pas trop tard pour aller la voir : l’exposition est visible à Redu jusqu’au 31 août !
L’événement a attiré une grande diversité de publics : collectionneurs, familles, enfants, lecteurs assidus ou simples curieux. Tous ont profité de l’atmosphère singulière du village, ponctuée de discussions autour des livres, de déambulations entre les stands et d’animations autour du thème de la BD. Même sous la pluie d’ailleurs car « Le plus grand défi pour organiser un événement comme celui-là, c’est la météo », plaisante Dominique Bérangère, chargée de projet au village de Redu.
Si la Fête du Livre continue d’attirer le public, la réalité de Redu hors saison se révèle plus nuancée. Autrefois animé par de nombreuses librairies, le village ne compte aujourd’hui plus que quelques professionnels du livre. La fréquentation a diminué, et les habitudes ont changé : « Il y a un désintérêt non pas pour la lecture ou pour le livre, mais pour le fait de se déplacer en librairie. Les gens achètent plutôt sur Internet. Mais nous tenons encore le coup !», constate Pascal Grognard, libraire installé à Redu, témoin de cette lente transformation.
Pour autant, la fidélité des exposants, des libraires et l’enthousiasme des visiteurs témoignent d’un attachement sincère à cette manifestation, et plus largement à l’esprit de ce village. Un attachement que les organisateurs souhaitent faire perdurer, en adaptant la fête à l’évolution du monde du livre et en élargissant l’offre culturelle du village. Redu, qui compte moins de 500 habitants, mise désormais sur une ouverture plus large à l’art : l’installation du musée Mudia, en est une illustration concrète. Dominique Bérangère résume:
Le village du livre essaye de trouver d’autres percées. On dit désormais que Redu est le village du livre et de l’art.
"Derrière chaque livre se trouve un nom, une personne" (Marek Halter). Soulevons le voile sur les auteurs et acteurs du monde littéraire qui se livrent entre les lignes.
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