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À Lyon, les clubs sportifs désormais formés aux violences sexistes et sexuelles

Un article rédigé par Charlotte Mongibeaux - RCF, le 11 juin 2024 - Modifié le 12 juin 2024
Tempo · Le podcast d'actualité de RCF LyonLe sport à Lyon, nouveau levier dans la lutte contre les violences sexuelles

C'est la première grande ville de France à prendre cette disposition. À partir de septembre 2024, les subventions municipales ne seront accordées qu'aux clubs sportifs formés aux violences sexistes et sexuelles. Quatre ans après le #MeToo du sport, le défi est immense. Un sportif sur dix serait victime d'agressions sexuelles durant son enfance.

Des garçons jouent au football - Kenny Eliason via UnsplashDes garçons jouent au football - Kenny Eliason via Unsplash

Faire des clubs sportifs de Lyon des « safe spaces », autrement dit des endroits dans lesquels les enfants seraient en sécurité, c'est le défi lancé par la mairie écologiste de Lyon depuis un an. L'édile l'avait lui-même annoncé dans le quotidien L'Équipe. Les subventions mais aussi la mise à disposition de créneaux dans les piscines ou encore dans les gymnases, vont être conditionnées au suivi d'une formation pour mieux identifier les violences sexistes et sexuelles, notamment auprès des enfants.

Un enfant sur cinq à un enfant sur sept subit des violences sexuelles

« Dans le milieu du sport, le corps est au centre des enjeux. Il y a des vestiaires [...], des jeunes femmes et des jeunes hommes qui peuvent être soumis à des traumatismes très graves de la part des encadrants, des bénévoles. On sait que ces choses peuvent arriver », introduit Julie Nublat-Faure, adjointe aux sports à la ville de Lyon qui souhaite « mettre des barrières pour que ces violences ne puissent plus exister dans les clubs ».

En France, un enfant sur cinq à un enfant sur sept subit des violences sexuelles. En premier lieu dans l'enceinte familiale, mais la pratique sportive représente également un danger et « un espace de libération de la parole », précise Romane Desplanches, animatrice d'ateliers de sensibilisation pour l'association Colosse aux pieds d’argile

Un atelier obligatoire pour obtenir des subventions 

Depuis octobre dernier, 1 200 encadrants, salariés ou bénévoles des clubs sportifs lyonnais ont suivi un atelier de sensibilisation de deux heures, condition sine qua non pour pérenniser leurs subventions. « Tous les clubs seront formés d'ici la rentrée », assure l'adjointe aux sports, soit près de 500 structures. La mairie demande qu'au minimum deux personnes par club s'y soumettent.

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Cet atelier, organisé par les associations Filaction, les Papillons ou encore Colosse aux pieds d'argile, invite d'abord à réfléchir sur la posture de l'encadrant. « Est-ce qu'un adulte a le droit de rester seul, dans une pièce, avec un enfant ? Est-ce qu'il faut laisser les portes du vestiaire fermées ou ouvertes ? Est-ce que l'on peut se doucher avec les enfants ? », égraine Romane Desplanches lors d'une session début juin. À cette dernière question, les quelques 70 participants répondent « non » de concert, mais tout ne va pas de soi. « On n'est pas toujours assez nombreux pour être deux adultes quand on va soigner un enfant qui vient de se blesser » rétorque un bénévole dans un club de football. « C'est au cas par cas», concède Romane Desplanches.

Nous recommandons de se mettre à la vue de tous, dans un coin du stade par exemple, ou bien, au pire, de se faire accompagner par un autre enfant pour se rendre dans un pièce fermée.

Ce guide du bon encadrant, l'association Colosse aux pieds d'argile l'a bâti depuis dix ans. Son fondateur, l'ancien rugbyman Sébastien Boueilh, a subi des viols durant son adolescence et parcourt désormais la France pour partager son histoire. 

Portables éteints dans les vestiaires 

« Beaucoup de photos et de vidéos circulent sur les réseaux sociaux », rappelle Romane Desplanches, « il faut absolument faire de la prévention auprès des jeunes, qu'ils ne prennent pas de photos dans les vestiaires parce qu'il peut toujours y avoir un enfant qui s'habille en arrière plan » et qui pourrait subir plus tard du harcèlement. Un nouveau danger que les encadrants doivent prendre au sérieux.  

Agression sexuelle, viol, atteinte sexuelle ou encore « défaut d'information », lorsqu'un adulte est au courant de violences subies par un mineur mais n'a rien signalé aux autorités compétentes, l'ensemble des crimes et délits en lien avec les violences sexistes et sexuelles sont passés au peigne fin lors de cet atelier de sensibilisation.

« Il existe un contrôle d'honorabilité pour les encadrants licenciés », explique également Romane Desplanches. C'est un dispositif de l'État pour vérifier que le passé judiciaire de l'encadrant ne soit pas incompatible avec son activité, qu'il ne soit pas inscrit par exemple sur le dossier judiciaire des auteurs d'infractions sexuelles. Mais, pour cela, il faut que l'encadrant soit licencié et déclaré auprès de la fédération. Mais la case que doivent cocher les clubs pour déclencher la procédure n'existe pas toujours. « On n'est pas dans les clous », souffle discrètement une participante à son voisin.

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Des clubs sportifs désarmés face aux violences sexuelles

À la fin de le session, les questions affluent même chez les participants les plus réticents au début de l'atelier. « Que faire quand un jeune vient nous parler de violences, d'attouchements ? On doit prévenir qui ? », sonde un bénévole d'un stand de tirs. Une question qui résonne pour tout le monde tant les encadrants se sentent démunis dans certaines situations. Et pourtant, le ministère des Sports a développé la plateforme « Signal Sport » pour accompagner les dirigeants et bénévoles, de la prise de conseils au signalement d'agressions sexuelles auprès des autorités. Un parcours simplifié.

« La parole se libère enfin ! », s'enthousiasme une bénévole du club de gymnastique artistique Les Lucioles à Lyon 7e : « On est choqués de tout ce qu'on entend. Je trouve que cette formation devrait être obligatoire pour tous les dirigeants de clubs sportifs ». À Lyon en tout cas, c'est chose faite, ainsi qu'à Besançon qui conditionne ses subventions au suivi d'un atelier. « Des élus de Paris et de Nantes se rapprochent de nous pour savoir comment on fait », confie l'adjointe aux sports de la ville de Lyon, qui souhaite continuer à proposer ces ateliers gratuitement aux clubs qui souhaitent former davantage de personnes. Ce dispositif aura couté cette année entre 15 à 20 000 euros à la mairie de Lyon.

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