A l'heure des souvenirs, de Ritesh Batra

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L'action se déroule à Londres de nos jours et Tony, la soixantaine revêche, ouvre chaque matin son petit magasin d'appareils photo. Pas très aimable avec ceux qu'il croise, il est divorcé et s'occupe de sa fille célibataire qui va bientôt accoucher. Un jour, à travers une lettre officielle, son passé d'étudiant insouciant lui saute à la figure.

L'histoire nous est racontée par petites touches où flotte une incertitude, propice à de multiples interprétations. Alors que le métier de Tom est de vendre des appareils qui fixent le temps sur une image immobile, il est confronté à l'imprécision de ses souvenirs. A 20 ans, il découvrait le monde, en compagnie d'Adrian son meilleur ami et de Veronica, la fille dont ils étaient tous les deux amoureux. Mais Adrian est mort dans des circonstances douloureuses, Veronica l'a quitté et il a enfoui cet événement au plus profond de lui-même.

Alternant les scènes qui se déroulent de nos jours et celles de la jeunesse des protagonistes, le réalisateur tisse une dentelle – ou une toile d'araignée, c'est selon – où il devient clair que nous avons tous une facilité à transformer nos souvenirs. Pour les rendre plus agréables bien sûr et se donner le beau rôle.

Et cette façon de ''tisser de la dentelle'' était déjà celle du réalisateur pour le film The Lunchbox. Il s'agit de Ritesh Batra, réalisateur d'origine indienne qui avait obtenu un beau succès avec The Lunchbox en 2013, qui racontait la délicate histoire d'amour entre une femme au foyer délaissée et un ouvrier qui recevait chaque jour un repas délicieux. Cette délicatesse, dans la façon de mettre en scène une histoire est encore bien présente ici. Mais elle est teintée d'une certaine amertume, que la belle lumière de la campagne anglaise ne chasse pas entièrement.

Les rôles principaux sont tenus par deux acteurs britanniques incontournables, Jim Braodbent et Charlotte Rampling qui, dans la version originale du film joue dans sa langue maternelle. Et ce sont de jeunes acteurs, moins connus qui interprètent leurs personnages à 20 ans, donc pas besoin de maquillage grossier, on reste dans la légèreté et la suggestion.

Tout le film est centré sur la dissolution de nos souvenirs que, comme Tony, nous arrangeons au grès des circonstances. Et puis, on pense toujours que nous aurons le temps de réparer nos erreurs alors que le temps, les autres et la vie ne nous en donnent pas toujours l'occasion. A l'heure des souvenirs est un film doux et amer qui touche la part la plus sensible de notre personnalité, les souvenirs, vrais ou faux qui nous ont construits...