Partager

A la rencontre des militaires de l'opération Sentinelle

Un article rédigé par Florence Gault - RCF,  - Modifié le 29 mars 2018
Cinq jours après l'attentat de Trèbes et Carcassonne, focus sur l'opération Sentinelle, mise en œuvre au lendemain des attentats de janvier 2015.
Florence GaultFlorence Gault

Ils sont pas moins de 10 000 militaires à être déployés sur le territoire national pour surveiller les sites dits sensibles. Pour faire face à la menace terroriste, ils sont donc en première ligne. RCF vous propose une immersion aux côtés d'une patrouille de soldats, à Lyon. 

Le reportage de Florence Gault:


 

Une opération approuvée par 75 % des Français

Direction la gare de Perrache où transitent chaque jour 100.000 voyageurs. Les huit militaires qui composent la patrouille vont marcher près de 25 kilomètres dans la journée, avec 25 kilos d'équipement sur le dos. Leur objectif : repérer tout ce qui pourrait être suspect. Ce qui demande une attention de chaque instant, comme l'explique le Lieutenant Damien, chef de section Sentinelle.

Leur mission : protéger, dissuader, mais aussi rassurer la population. Et cela semble fonctionner. D'après la dernière enquête Ifop pour la Défense, 75 % des Français approuvent le plan Sentinelle. Cette dernière a cependant bien évolué, depuis son lancement après les attentats de janvier 2015.
 

L'évolution de Sentinelle dans le temps

En deux ans, la menace terroriste a évolué et le dispositif militaire a été forcé de s'adapter. A première vue, on ne remarque pas beaucoup de différences. Les soldats continuent de patrouiller dans les zones urbaines sensibles, ainsi que dans les lieux les plus touristiques. L'objectif de cette évolution était en fait de changer l'opération pour qu'elle soit plus flexible et moins prévisible. Les patrouilles sont donc devenues mobiles, et elles se font désormais davantage en fonction des besoins.

Parmi les points qui n'ont pas changé, les effectifs. Ils sont toujours de 7.000 à 10.000 hommes, répartis sur trois socles : 3.500 soldats déployés en permanence, 3.500 mobilisables sur de grands événements, et 3.000 en réserve en cas de crise. Un dispositif souple qui permet de s'adapter à un maximum de situations. 
 

Une opération coûteuse et inefficace?

 Pourtant, l'emploi massif de soldats sur le territoire national fait débat. Certains politiques - surtout à droite - s'interrogent sur son efficacité. Un sentiment partagé par certains experts. Certains estiment que l'opération Sentinelle est "coûteuse", "inutile" ou "inefficace".   

Elie Tenenbaum est chercheur au Centre des études de sécurité de l'IFRI, l'Institut français des relations internationales. Il a rédigé en 2016 un rapport assez critique intitulée "Sentinelle égarée, l'armée de terre face au terrorisme". Deux ans plus tard, voit-il une fin à cette opération ? Ecoutez son analyse.


 

Quel avenir pour Sentinelle ?

L'autre problème, c'est que les militaires de Sentinelle sont devenues des cibles d'attentats terroristes. Ils ont été attaqués six fois en 2017. Pour le général Chavancy, gouverneur militaire de Lyon, l'uniforme est par essence une cible. L'avenir de l'opération Sentinelle devrait donc se reposer dans les prochains mois.

Pour Florent de Saint Victor, spécialiste des questions de défense et auteur du blog "Mars attaque", à court terme, rien ne devrait changer pour l'opération Sentinelle. A noter qu'elle coûte un million d'euros par jour.


 

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don