A la Banque Alimentaire, on tire la sonnette d'alarme : "nous sommes assis sur le couvercle de la cocotte-minute et cela pourrait sauter"
Après avoir accompagné près de 2,4 millions de personnes en 2024, la Banque Alimentaire se prépare à une année 2025 aux chiffres similaires. Confrontées à des besoins toujours plus importants, les associations appellent la population à donner de son temps pour aider ceux qui en ont le plus besoin.
Jean-Yves Cerfontaine et Jean-Louis Duprez se sont rencontrés à La Rochelle le 1er octobre dernier pour échanger sur l'aide alimentaire régionale et locale. @RCF17C'était une réunion importante à La Rochelle : la rencontre, le 1er octobre, entre le nouveau président de la Fédération Française des Banques Alimentaires, Jean-Louis Duprez, élu le 26 juin dernier, et les présidents des associations locales de Nouvelle-Aquitaine. Un colloque essentiel, alors que la fédération regroupe 79 Banques Alimentaires et 31 antennes en métropole et en outre-mer.
Surtout, cette réunion intervenait dans un contexte de hausse continue de la demande d'aide alimentaire. En 2024, la FFBA avait ainsi accompagné près de 2,4 millions de personnes et distribué 223 millions de repas. Des chiffres qui seront "sûrement un peu supérieurs" en 2025 selon Jean-Louis Duprez, qui s'appuie sur une étude de l'Insee publiée en 2025 et faisant état de 9,8 millions de personnes en situation de précarité en 2023.
Des profils toujours plus hétérogènes
Cette proportion de la population précaire toujours plus importante se traduit par l'apparition de nouveaux profils aux distributions alimentaires. "Nous avons vu apparaître de nouvelles catégories", explique Jean-Louis Duprez, qui évoque des "salariés pauvres" qui représenteraient "15% des bénéficiaires", tandis que les profils plus habituels comme les mères célibataires, les retraités à faibles revenus ou encore les jeunes de moins de 25 ans sont toujours présents.
Un constat est partagé par Jean-Yves Cerfontaine, président de la Banque Alimentaire en Charente-Maritime, qui pointe du doigt le coût de la vie dans l'aire urbaine de La Rochelle, "où le coût de la vie est devenu tellement élevé que des gens s'en vont" pour rejoindre "la campagne", "parfois dans un dénuement assez préoccupant". Un phénomène d'exode qui s'accompagne de populations universitaires de plus en plus précaires, à qui s'adressent les nouvelles épiceries solidaires "Rayon". Pour l'instant, ce dispositif n'est toutefois mis en place qu'à Bourges, Clermont-Ferrand, Toulouse et Grenoble.
"Cela pourrait sauter"
Malgré ses 79 antennes, la Banque Alimentaire pousse tout de même pour répondre aux besoins toujours croissants et appelle donc les individus à s'engager, mais également l’État et les acteurs locaux à leur fournir davantage de subventions. Au total, "nous arrivons à 55 millions d'heures de bénévolat" par an, souligne Jean-Louis Duprez, ce qui équivaut selon les "règles de Bercy" à "150 millions d'euros apportés à la collectivité".
"On aimerait bien que la balance soit équilibrée" du côté des pouvoirs publics, regrette le président de la Fédération. Et Jean-Yves Cerfontaine d'ajouter, en s'adressant "aux autorités" : "nous sommes assis sur le couvercle de la cocotte-minute ; faites un peu attention, cela pourrait sauter.".


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