Bourges
À côté de Bourges, Catherine accueille chez elle une famille ukrainienne
C'est un triste anniversaire. Il y a un an, jour pour jour, Vladimir Poutine lançait ses troupes à l'assaut de l'Ukraine. Des centaines de milliers d'Ukrainiens ont dû fuir leur pays. Situation terrible, mais aussi grand élan de solidarité en Europe. Certains de ces réfugiés sont aujourd'hui accueillis chez des particuliers. C'est le cas à Fussy, une petite commune juste à côté de Bourges. Reportage.
Chez Catherine, c'est l'heure du repas. Au menu « pomme de terre avec une sauce genre bolognaise et puis une purée de pomme de terre au fromage dessus, le tout cuit au four. Ensuite, on avait un coleslaw... dans les pays de l'est, ils aiment beaucoup le chou » explique l'ancienne restauratrice. Dans sa grande maison à Fussy, qui abritait avant le Covid le restaurant de l'Échalier, elle accueille Anna, et son fils Matvéï, qui sont arrivés cet été. Auparavant, ils habitaient à Poltava, à l'est de Kiev. Le mari, Anton, est toujours là-bas. Pour la famille, pas facile de débarquer dans un pays inconnu : « Oui, la vie est difficile, on est obligés de s'adapter à un autre pays » confirme Anna. « Mais j'aime bien la maison. C'est plus grand que l'appartement dans lequel nous vivions en Ukraine. C'est une ancienne maison, avec une histoire. »
Le difficile apprentissage du français
Matvéï, le fils d'Anna, a 11 ans : « Tout va bien, je vais à l'école et j'ai des amis. On joue au football ! ». Le problème, c'est la barrière de la langue. Les deux Ukrainiens ne parlent pas français, et Anna s'inquiète pour la scolarité de son fils. « C'est un peu compliqué, parce qu'il n'y a pas de suivi personnalisé à l'école, cela pourrait être bien pour lui, par exemple après les cours, qu'un professeur lui explique. Il écoute en classe, il peut comprendre et reconnaître certains mots. Mais il ne peut pas deviner tout seul la signification » constate la jeune femme de 32 ans. Elle non plus ne parle pas notre langue. Depuis un mois, elle suit des cours tous les jours de la semaine à Bourges, mais c'est difficile, notamment de changer d'alphabet. En Ukraine, elle était psychologue pour les enfants. Tant qu'elle ne maîtrisera pas mieux la langue, elle aura du mal à trouver un travail, mais heureusement, elle est à l'aise en anglais.
Des camps en Pologne... jusqu'au Berry
Catherine Brys a installé Anna et Matvéï dans une chambre à l'étage : « J'ai 6 chambres pour moi et mes 2 chats, donc il n'y a pas de problème ! J'encourage les gens qui ont de la place chez eux, à accueillir des réfugiés. Si ça nous arrivait demain, on serait contents d'avoir quelqu'un qui ouvre la porte... Ce qui arrive est terrible, on doit les aider. Anna et Matvéï sont très heureux d'être chez moi. Après avoir fait des mois dans des camps en Pologne, ici, ils sont tranquilles. Je suis très contente de les avoir ». Mais depuis 6 mois qu'elle les héberge, Catherine Brys déplore n'avoir reçu aucune aide des autorités : « L'État se décharge un peu sur des gens comme moi, je suppose. Depuis le 17 août, malgré bien des démarches, je n'ai pas été aidée, donc je prends tout en charge. Mais bon, on ne fait pas cet accueil pour ça. »
Difficile de savoir combien de réfugiés sont installés dans le département aujourd'hui. D'après la Préfecture, 683 Ukrainiens sont passés par le Cher depuis le début de la guerre, dont 282 mineurs. Des chiffres qui ne comptent évidemment que les réfugiés qui ont été déclarés auprès des autorités.
Remerciements à Irina, qui a assuré la traduction Franco/Russe.
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