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À Angers, la restauration contemporaine de la cathédrale Saint-Maurice ne fait pas l'unanimité

Un article rédigé par Thomas Cauchebrais - RCF,  - Modifié le 23 novembre 2020
Le dossier de la rédactionÀ Angers, la restauration contemporaine de la cathédrale Saint-Maurice ne fait pas l'unanimité
​La tentation, toujours très forte, d’apporter une touche de contemporain sur des ouvrages d’art ancien, s’avère toujours très compliquée, encore plus quand il s’agit de patrimoine sacré
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Une polémique, révélée par un article du Figaro vendredi dernier, est née de la volonté de l’évêché de Paris d’installer des vitraux contemporains dans les chapelles de part et d’autre de la nef de la cathédrale Notre-Dame. Sans doute, l’éternelle querelle entre modernes et anciens va se réveiller comme elle se réveillera sans doute à Angers, pour la cathédrale Saint-Maurice.

En 2010, des travaux de restauration sur le portail de la cathédrale Saint-Maurice d’Angers ont permis de mettre à jour d’exceptionnelles polychromies médiévales que nos ancêtres du 19ème siècle avait préféré masquer sous un badigeon blanc, répondant là à la mode du moment. Afin de protéger des intempéries ces derniers vestiges, quasi introuvables ailleurs, de ces peintures datant de la construction de la cathédrale au XIIème siècle, le ministère de la Culture a donc envisagé de faire construire une galerie au-dessus du portail, à l’image de celle qui existait jusqu’au 19ème siècle.

Restaurer à l'identique ?

Pourquoi ne pas restaurer à l'identique comme nous y oblige la charte de Venise signé en 1964 si nous avons tous les éléments pour le faire ? Ce n'était pas le cas."Les représentations inconographiques ne sont pas cohérentes entre elles. Et aucune pierre n'a été conservée de l'ancienne galerie. Tous ces paramètres ont permis au ministère de la Culture de conclure qu'il n'était pas possible de restaurer la galerie ancienne", explique Clémentine Mathurin, conservatrice des monuments historiques à la Direction Régionale des affaires culturelles, la DRAC des Pays-de-la-Loire en charge de la cathédrale Saint-Maurice.

Un appel à projets a donc été lancé par la DRAC des Pays-de-la-Loire et début novembre, le ministère de la Culture nous apprenait que le jury venait de sélectionner le projet de l’architecte japonais Kengo Kuma. Le meilleur projet selon Dominique Latron, ancien conservateur de la cathédrale d’Angers qui n’a pris aucune part au projet. "Le projet est d'une extrême sobriété, très raffiné. C'est en plus un projet intelligible. On sent que c'est le prolongement d'une architecture religieuse", affirme-t-il.

Un projet qui ne fait pas l'unanimité

Ce projet contemporain ne fait pas l’unanimité parmi les Angevins mais il ne le fait pas non plus parmi les professionnels du patrimoine. Si pour l’ancien conservateur de la cathédrale, le projet du japonais est le meilleur, ce n’est pas l’avis de Didier Rykner, historien d’art et journaliste, directeur de la rédaction de la Tribune de l'art. Selon lui, si le projet de Kengo Kuma n’est pas mauvais, il était pourtant loin d’être le meilleur. "Il a un certain respect de la façade. C'est un projet qui peut passer et qui peut en choquer certains. Dans les quatre autres projets, deux étaient meilleurs, beaucoup plus simples. Je regrette qu'on ait pas choisi un de ces deux-là", explique-t-il.

Réaliser un geste architectural contemporain sur du patrimoine ancien, la tentation est toujours très forte. "Il faut être très prudent sur l'art ancien. La modernité ce n'est pas faire fi de l'histoire", alerte Didier Rykner, véritable poil à gratter du ministère de la Culture. Il n’hésite pas non plus, dans un article du Figaro, à critiquer le vandalisme dont a pu faire preuve le clergé post conciliaire, qui n’a pas hésité à faire disparaître chaires, maîtres-autels, tables de communions et autres au nom d’un modernisme douteux.

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