90% des pharmacies en grève en Normandie : quelles sont les raisons de la mobilisation ?
5 minutes pour comprendre… les raisons de la grève des pharmaciens ce jeudi 18 septembre. L’intersyndicale de la profession a appelé à fermer les pharmacies pour la journée dans le cadre d’une importante mobilisation.
Les pharmaciens sont en grève ce jeudi 18 septembre. © RCF OrnePlus de 90% des pharmacies restent portes closes en Normandie ce jeudi 18 septembre 2025. En parallèle de la mobilisation nationale de l’intersyndicale, les pharmaciens sont également en grève. Ce mouvement de la profession est prévu depuis plusieurs semaines. Frédéric Leriche, président du Syndicat des pharmaciens d’officine de l’Orne, revient sur les raisons de cette grève.
Protester contre une baisse des remises sur les médicaments génériques
RCF : Cette mobilisation vise à protester contre les nouveaux plafonds de remises applicables aux médicaments génériques. Concrètement, de quoi s’agit-il ?
Frédéric Leriche : Concrètement, le 1er juillet 2025, le premier ministre François Bayrou a pris un arrêté annonçant une baisse des remises sur les médicaments génériques. Avant cet arrêté, la remise était au maximum de 40% et le premier ministre a décidé de la passer de manière unilatérale et sans aucune discussion à 20%. Donc de diviser par deux la rémunération du réseau de pharmacies sur les médicaments génériques.
Ça représente entre 30 000 et 50 000 euros par pharmacie, soit un poste de salarié par officine voire deux.
RCF : Quel sera l’impact de cette mesure pour les pharmaciens ?
Frédéric Leriche : L’impact pour les pharmaciens est très clair : il est financier. Cette mesure permettait de rémunérer le réseau d’officines. Il faut le rappeler : cette mesure avait été mise en place parce que lorsqu’on propose un médicament générique au patient, il est 30% moins cher que le médicament original. Pour compenser cette différence de prix, les laboratoires génériqueurs nous consentaient une remise fixée à 40%. Cette mesure, qui est divisée par deux, va coûter 520 millions d’euros pour le réseau. Ça représente entre 30 000 et 50 000 euros par pharmacie, soit un poste de salarié par officine voire deux pour les plus grosses structures. Donc, cela a un impact sur notre fonctionnement et sur le service rendu aux patients.
« Cette mesure va induire de façon directe 1 600 fermetures » de pharmacies
RCF : Quelles seront les conséquences sur le long terme pour les pharmacies ?
Frédéric Leriche : Sur le long terme, ça va être dans un premier temps des licenciements et des fermetures d’officines : c’est surtout pour ça que l’on se bat. Les syndicats ont estimé que cette mesure va induire de façon directe 1 600 fermetures d’officines en France. Une baisse du réseau officinal en France, c’est un accès beaucoup plus compliqué pour les patients surtout dans un département rural comme l’Orne où de nombreuses communes n’ont qu’une seule pharmacie. Ce sont des pharmacies qui, dans 4-5 ans, seront amenées à fermer parce que économiquement elles ne seront plus viables.
RCF : Pourquoi cette baisse de plafonds de remises applicables aux médicaments génériques a-t-elle été décidée par le gouvernement ?
Frédéric Leriche : On aimerait bien le savoir. Aujourd’hui, on est face à un gouvernement qui estime que la distribution du médicament en France lui coûte trop cher et qui, par différents moyens, veut réduire le réseau pharmaceutique puisque la distribution du médicament en France est le monopole de la pharmacie. Donc il estime qu’en baissant le nombre de pharmacies, il arrivera à baisser les remboursements de sécurité sociale, ce qui est une aberration.


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