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RCF 80e anniversaire de l’assassinat du grand résistant Walthère Dewé
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80e anniversaire de l’assassinat du grand résistant Walthère Dewé

Un article rédigé par Jacques Galloy - 1RCF Belgique, le 14 janvier 2024  -  Modifié le 14 janvier 2024

14 janvier 1944 - 14 janvier 2024 : 80e anniversaire de l’assassinat du plus grand résistant belge et liégeois à Ixelles. Directeur des Téléphones et Télégraphes, l’ingénieur Walthère Dewé fut chef du réseau de renseignement “Dame Blanche” en 14-18 puis fondateur et chef du réseau Clarence en 40-44. Laïc du tiers-ordre dominicain et père de 4 enfants, il était porté par sa foi. C’était un leader pour différentes initiatives: entreprise, mouvement de jeunesse, résistance, œuvres, paroisse. 

Walthère Dewé Walthère Dewé

Walthère Dewé, ingénieur de formation, joua un rôle clé dans la résistance pendant les deux guerres mondiales.
 

La dame blanche

 

Devenu célèbre pour le réseau "La Dame blanche" (1916-1918). En juin 1916, Walthère Dewé, ingénieur civil à la RTT, fonde le réseau clandestin de renseignements "La Dame Blanche" à Liège en mémoire de son cousin fusillé, Dieudonné Lambrecht. Avec des amis, dont Herman Chauvin, le père Desonay, et le commissaire Neujean, ils créent un réseau influent avec des contacts dans divers milieux. Après des débuts difficiles, le réseau s'oriente vers le War Office britannique en juillet 1917, élargissant son action jusqu'en France. "La Dame Blanche" devient le plus grand réseau clandestin de la Première Guerre mondiale, comptant près de 1000 agents. D'inspiration catholique, il se distingue par son cloisonnement, sa hiérarchie militaire et sa rapidité de transmission d'informations. Son nom, faisant référence à une légende du 17e siècle, reflète l'ironie et l'humour des fondateurs. Le réseau opère avec succès jusqu'à la fin de la guerre.


Le réseau Clarence

 

Dewé créa en 1940 un autre réseau, le réseau Clarence, essentiel pendant la Seconde Guerre mondiale. Reconnu par l'Intelligence Service britannique, Dewé fut recruté sous le nom de Cleveland (Service number 99340) pour diriger un réseau "stay behind" fournissant des informations cruciales sur l'effort de guerre allemand.

 

Le contact avec les Britanniques est rompu en mai 1940. Début 1941, la liaison est rétablie grâce à des messages que Dewé a envoyé via l’Espagne. Le réseau - Clarence - reprend en partie le mode de fonctionnement de « La Dame blanche ». Dewé en est le chef, la gestion quotidienne est aux mains d’un autre cadre des RTT, Hector Demarque. Comme en 14-18, Clarence devient rapidement un réseau très précieux pour les Britanniques. Il compte 1547 agents et auxiliaires. Entre début 1941 et août 1944, le réseau a envoyé en Grande-Bretagne 163 rapports hebdomadaires et pas moins de 872 télégrammes. En tout, Clarence a disposé de neuf opérateurs radio dont deux n’ont pas vraiment fonctionné. Mais Clarence n’est pas seulement précieux pour les Britanniques. Egalement rattaché à la Sûreté de l’Etat (belge), Clarence devient un interlocuteur privilégié du gouvernementen exil, notamment dans l’échange de télégrammes se rapportant au Comité Gilles.


Un homme pieux

 

Dewé, un homme autoritaire et profondément pieux, imposait à ses agents un serment imprégné de catholicisme, ce qui a suscité des désaccords conduisant à une scission en 1943. Après leur départ, la plupart de ces agents ont rejoint les réseaux Mill et Tégal. Depuis 1940, Dewé vivait dans la clandestinité. Le 14 janvier 1944, alors qu'il tentait d'avertir Thérèse de Radiguès de son imminent arrestation, il a été tué en fuyant, abattu par un officier allemand à la hauteur du numéro 2 de la rue de la Brasserie à Ixelles. Les Allemands ignoraient que 'M. Muraille' était le chef d'un des plus grands réseaux belges. Quelques mois avant, Dewé avait perdu sa femme, et quelques jours avant sa mort, la police allemande avait arrêté deux de ses filles et un fils. L'une de ses filles, Madeleine, mourut en déportation.


Une famille de résistants 

 

Walthère Dewé s'étant donné tout entier au service du pays, rien d'étonnant à ce que ses proches, ses deux filles et ses fils l'aient suivi sur les voies montantes du devoir et du sacrifice avec tout leur enthousiasme. Tant de tâches nobles et périlleuses sollicitaient en ce temps l'élan des cœurs généreux ! Recherche d'armes, aide aux aviateurs alliés, diffusion de la presse clandestine, sans parler de la liaison permanente avec le cher « proscrit », ni des multiples missions de confiance qui leur furent dévolues. Comme le père, les enfants servent de tout leur cœur jusqu'au jour où, nouvelle et terrible épreuve pour le chef de famille, ses deux filles Marie et Madeleine tombent entre les griffes des brutes de la G.F.P. Dans notre numéro du 15 mai 1945, nous avons évoqué le calvaire de Madeleine Dewé, morte d'épuisement au camp de Ravensbrück, le 17 janvier 1945, après avoir jusqu'au bout donné à ses compagnes l'exemple d'une ténacité et d'un courage à toute épreuve. Reconnaissant ses mérites, le Gouvernement vient de la citer à l'Ordre du Jour de la Nation, mettant ainsi en lumière le caractère exceptionnel des services rendus au pays par la famille Dewé.

 

La chapelle-mémorial Walthère Dewé se dresse au centre de gravité d'un triangle formé par les clochers de Saint-Victor, Sainte-Foi et Sainte-Walburge. De style roman, elle est édifiée par l'architecte Roger Jacquemart avec un clocher de type provençal. La première pierre en est posée et bénite le janvier 1950 par Mgr Kerkhofs, évêque de Liège. L'inauguration a lieu le 2l septembre 1952. Le saint patronyme de la chapelle, Maurice, a été choisi en hommage au fils, mort en service commandé, de Félix Hauterat, président de l'a.s.b.l. Walthère Dewé et ancien collaborateur de Dewé.

 

Vêtue du voile de la discrétion, la statue de La Dame Blanche, qui se dresse au dos du chevet — elle est invisible de la rue Coupée et surplombe la rue Fond-des-Tawes, — requiert le silence de l'index. Elle s'inscrit dans une suite de figures féminines de l'artiste.

 

A l'exclusion de la statue du Souvenir du cimetière du Rhées à Herstal, signée Brouns, mais réalisée au départ d'une maquette de Rulot, les statues féminines de l'artiste — statue de la Liberté à Herstal, figure de la tombe Matagne au cimetière d'Yvoz-Ramet et statue de la Douleur du monument aux morts du cimetière des Biens-Communaux à Seraing - portent une robe longue aux plis tombants et ont la chevelure souvent recouverte d'un voile. Dans bien des cas, une main touche le visage. Stylistiquement, on a affaire à un art beaucoup plus classique que celui du maître, Rulot, un art fait d'idéalisme et de sérénité. En ce sens, celui-ci s'inscrit parfaitement dans le courant moderniste amorcé dès les années '30 à l'enseigne d'artistes comme Louis Dupont, Marcel Rau ou Oscar Berchmans.

 

En 1994, une plaque, réalisée par G. Lambert et fondue aux Ateliers des Bronzes José Lohest à Herstal, est apposée en façade de la chapelle. Une plaque similaire est fixée la même année sur le bâtiment Belgacom, rue de l'Université.

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