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68 nouveaux témoignages de violences dans l'Enseignement catholique du Finistère

68 nouveaux témoignages de violences dans l'Enseignement catholique du Finistère

Un article rédigé par Océane Théard - RCF Finistère, le 9 octobre 2025 - Modifié le 10 octobre 2025

Ils se sont donnés rendez-vous ce mercredi 8 octobre 2025 devant le tribunal judiciaire de Brest. Des membres de deux collectifs de victimes de violences dans l’enseignement catholique du Finistère ont déposé 68 nouveaux formulaires à l’intention du procureur de la République de Brest. Un besoin criant de reconnaissance et de justice pour les victimes présentes.

 

Les victimes des collectifs de Sainte-Ursule et Notre-Dame-du-Kreisker et de Saint-Pierre réunies devant le parquet de Brest. © Océane ThéardLes victimes des collectifs de Sainte-Ursule et Notre-Dame-du-Kreisker et de Saint-Pierre réunies devant le parquet de Brest. © Océane Théard
Des victimes témoignent de violences dans l'enseignement catholique

Ils sont une vingtaine environ, à discuter par petits groupes devant les marches du tribunal judiciaire de Brest ce mercredi après-midi. Les membres de deux collectifs de victimes de violences dans l'Enseignement catholique du Finistère se rencontrent, certains pour la première fois. Ils ont étudié au collège Saint-Pierre du Relecq-Kerhuon ou au sein des établissements Sainte-Ursule ou Notre-Dame du Kreisker à Saint-Pol-de-Léon. 

Ce mercredi,  ils sont venus déposer un formulaire, témoignant des violences physiques, psychologiques et/ou sexuelles vécues au sein de ces établissements. Une première vague de témoignages de victimes de Saint-Pierre avait déjà été déposée en mai dernier, et avait entraîné l'ouverture d'une enquête par le parquet de Brest. 

Face au victimes rassemblées, Olivier Simon, porte-parole du collectif des victimes de Sainte-Ursule et du Kreisker, lit un communiqué rédigé par les deux collectifs: "(...) Nous voulons que les autorités religieuses, d'une part, et l'État, d'autre part, reconnaissent en nous, les victimes (...)"

Olivier Simon, du collectif Kreisker Sainte-Ursule. (Crédit photo: Océane Théard)

"Un grand moment" pour les victimes 

"C'est un grand moment pour nous", souligne Olivier Simon. "On a, pour la plupart de nos membres, un grand besoin de reconnaissance en tant que victimes", martèle-t-il.

Il salue une "reconnaissance orale" du diocèse de Quimper et Léon, après une rencontre avec l'évêque à la fin du mois d'août. Aujourd'hui, c'est de la justice que les victimes attendent une réponse, "l'État a été en faillite sur ces histoires-là, donc ce serait bien que l'État reconnaisse qu'il aurait dû nous protéger dès le début."  poursuit Olivier Simon. 

Tout comme les premiers témoignages de violences de victimes de Saint-Pierre, les faits pour l'ensemble scolaire Sainte-Ursule et Notre-Dame-du-Kreisker sont prescrits, ils courent des années 60 aux années 90. Pour autant, les victimes attendent une enquête et des recherches de la part du parquet de Brest. Pour être reconnus, donc, et "comprendre" aussi comment ces violences ont pu perdurer pendant des années. 

"J'allais mourir ce jour-là"

"C'était su", raconte Isabelle, yeux bleus et carré blond, qui termine sa cigarette à deux pas des marches du tribunal. Elle a été élève à Sainte-Ursule dans les années 1980. Elle se souvient de "claques" distribuées par le directeur, en classe de quatrième, et d'un épisode particulièrement violent l'année suivante. "Il est venu me chercher en classe pour quelque chose que je n'avais pas fait. Il m'accusait d'avoir dessiné une prof sur la copie d'un élève.  J'y étais pour rien, je ne sais pas dessiner. Il m'a traînée par les cheveux dans tout le couloir jusqu'à ce qu'il se retrouve avec une poignée de cheveux dans la main. Ensuite, il m'a agrippé le polo, il m'a déchiré le polo.

Il m'a balancé dans les escaliers, il m'a donné des coups de pied et m'a laissé à moitié inconsciente.

"Je ne me suis uriné dessus tellement j'ai eu peur pour moi. J'allais mourir ce jour-là (...)." Ces souvenirs n'ont pas été faciles à ranimer et à retranscrire dans ce formulaire, elle qui a continué à croiser son bourreau encore des années plus tard nous confie-t-elle hors micro.

Des souvenirs "à vif", et des vies professionnelles, personnelles, amoureuses bousculées par ces évènements. "Ça ne m'a jamais quitté", raconte François Barat, porte-parole du collectif des victimes de Saint-Pierre. Sous les applaudissements, il vient de descendre les marches du tribunal, juste après le dépôt des formulaires. "Tous autant que nous sommes, on se connaît pas. On a tous vieilli mais on parle la même langue (...) Je ne doute pas que nous reviendrons une troisième fois avec de nouveaux témoignages."

La force du collectif a porté beaucoup de ces victimes, disent-elles. Une réunion informelle est prévue ce dimanche, un temps de rencontre réunissant l'ensemble des membres du collectif des victimes de Sainte-Ursule et Notre-Dame-du-Kreisker qui sont aujourd'hui plus de soixante-dix.

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