3 anciens étudiants de l’ICP figurent parmi les 50 martyrs bientôt béatifiés à Notre-Dame de Paris
Le samedi 13 décembre, 50 personnes mortes en haine de la foi pendant la Seconde Guerre Mondiale seront béatifiées. 32 diocèses sont représentés. Cet événement se déroulera à la cathédrale Notre-Dame de Paris, un an après sa réouverture. Le père Emmanuel Petit, recteur de L’institut Catholique de Paris (ICP), évoque l’engagement des trois futurs béatifiés qui sont passés par son établissement.
La messe de béatification du 13 décembre sera présidée par Mgr Jean-Claude HollerichEn écho aux 150 ans de l'Institut Catholique de Paris, deux prêtres et un séminariste de l'établissement seront béatifiés samedi. Les abbés Maurice Rondeau et Jean Battifol, ainsi que Jean Tinturier figurent parmi les 50 français dont le martyr a été reconnu par le pape Léon XIV. Tous les trois sont morts en Allemagne en 1945. Ils avaient 33, 38 et 24 ans. Ils étaient volontaires pour accompagner humainement et spirituellement les centaines de milliers de civils que le régime nazi avait réquisitionnés pour participer à l'effort de guerre.
Une résistance spirituelle
En 1943, le régime nazi demande l’acheminement de 250 000 ouvriers français supplémentaires. Pour faire face à la difficulté de réunir tant de personnes en peu de temps, l’État français instaure le Service du Travail Obligatoire (STO). Il concerne les jeunes nés entre 1920 et 1922, mobilisables pendant deux ans. Le cardinal Suhard, alors archevêque de Paris, et l’abbé Rodhain mobilisent une "Mission Saint-Paul". Elle a pour objectif de soutenir les jeunes qui sont envoyés en Allemagne pour le STO. Prêtres, religieux, séminaristes, scouts et laïcs, beaucoup se mobilisent pour répondre à l’appel de leurs évêques afin d’exercer un apostolat fraternel clandestin. Pour le père Emmanuel Petit, cette résistance, qui peut paraître anodine ou innocente, est "une forme de résistance spirituelle". Cela, les Allemands en étaient bien conscients. C’est pourquoi cet élan est durement frappé le 3 décembre 1943 par l’ordonnance Kaltenbrunner. Ce décret visait à persécuter et empêcher les activités religieuses catholiques auprès des travailleurs civils.
Maurice Rondeau
"L’âme chrétienne ne peut qu’être optimiste", disait souvent l’abbé Maurice Rondeau. Destiné à enseigner, le jeune prêtre passe par la faculté des lettres de l’ICP. Mobilisé en 1939-1940 pendant la Seconde Guerre Mondiale, il est finalement fait prisonnier et envoyé au camp de Hardthöhe, au Sud de l’Allemagne. Dans chacune de ses affectations, il a pour seul souci d’être un témoin du Christ avec les autres prisonniers. A l’été 1943, l’Eglise en France n’est plus en mesure d’envoyer des aumôniers auprès des jeunes du STO. Les prêtres emprisonnés sont donc invités à "être transformés" en travailleurs afin d’accompagner spirituellement ces jeunes. Maurice Rondeau accepte. Un an plus tard, il est arrêté par la Gestapo. Il meurt en mai 1945, épuisé et grandement affaibli. Ses dernières paroles, rapportées par l’abbé Grillon-Couturier dans une lettre, sont destinées à son évêque. "J’ai une expérience formidable en main, celle de mon ministère en Allemagne. Cette expérience suppose un don total de soi et l’exige".
Jean Battifol
"Pour avoir étendu son ministère sacerdotal aux ouvriers français". C’est le motif d’arrestation de l’abbé Jean Battifol. Jeune prêtre du diocèse de Paris ordonné en 1938, il a effectué ses études de philosophie et de théologie à l’ICP. Lui aussi mobilisé lors de l’éclatement de la Seconde Guerre Mondiale, il est fait prisonnier en juin 1940 et est envoyé à Lienz, en Autriche. Devenu par la suite l'aumônier des hôpitaux de Graz, à l’Est du pays, il a la charge de plus de 20 000 âmes, dont des kommandos entier. Ses dernières lettres laissent entendre qu’il prend de grands risques en poursuivant son ministère. Baptêmes, premières communions, confirmations, tous les sacrements sont célébrés à l'insu des autorités nazies. Dénoncé, la Gestapo l’arrête et l’interroge. Le père Battifol est envoyé au camp de concentration de Mauthausen, où il meurt, épuisé par la maladie. "Il nous quitte avec, dans son regard, cette flamme qui ne l’a jamais abandonnée", déclare le médecin-commandant Petchot-Bacqué, qui l’aura accompagné dans ses derniers instants.
Jean Tinturier
Originaire de Vierzon dans le diocèse de Bourges, Jean Tinturier est venu à Paris pour étudier. Lors de la mise en place du STO, le jeune homme a choisi de se laisser prendre dans les contingents. Avec ses deux amis du séminaire des Carmes, François Donati et Louis Kuehn (futur évêque de Meaux), Jean Tinturier se retrouve en Thuringe, une région du centre de l’Allemagne. Petit à petit, la "Mission de Thuringe" se forme, avec les actions individuelles mises en place par plusieurs jeunes hommes, dont Jean Tinturier et ses compagnons. Conscient des dangers et de la surveillance accrue des nazis, il développe pourtant l’animation de cercles d’étude pour les jeunes français du STO. Il étend ensuite son action en fondant une association des travailleurs. En mars 1944, la Gestapo interdit tout mouvement confessionnel. Jean Tinturier est arrêté le 18 avril 1944 pour "activité illégale", et est condamné pour "action catholique". Il est enfermé à la prison de Gotha puis transféré au camp de Mauthausen, où il meurt un an plus tard.


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