Emploi des personnes en situation de handicap : En Ille-et-Vilaine, une entreprise pionnière sur le sujet
C'est en ce moment la 29e Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, qui se déroule jusqu'au dimanche 23 novembre. Le torréfacteur Lobodis, installé à Bain-de-Bretagne, en Ille-et-Vilaine, a développé de bonnes pratiques pour inclure des personnes en situation de handicap au sein de son personnel. La structure bénéficie à la fois d'un partenariat avec un Esat, un établissement médico-social de travail protégé, mais elle fait également partie des entreprises qui répondent à l'obligation légale d'employer plus de 6 % de travailleurs en situation de handicap.
© LobodisJusqu'au 23 novembre se déroule la 29e semaine européenne pour l’emploi des personnes en situation de handicap. Alors que le handicap reste la première cause de discrimination pour accéder à l'emploi, selon la Défenseure des droits, le constat ne varie pas : 12 % des personnes en situation de handicap sont sans emploi, contre 7 % dans l’ensemble de la population active.
Toutes les entreprises de 20 salariés et plus ne respectent pas l’obligation d’emploi de 6% de travailleurs handicapés. Mais certaines entreprises déjouent ces statistiques. C'est le cas, en Ille et Vilaine, du torréfacteur Lobodis.
Un atelier confié à une entreprise d'insertion
Première particularité, l'un de ses deux ateliers de torréfaction est confié depuis 1994 à un Esat, un établissement médico-social de travail protégé. "C'était la volonté du fondateur de Lobodis, dès le début, de travailler avec l'Esat, à l'époque CAT Notre avenir, pour créer une unité de torréfaction inclusive. C'était précurseur, commente Céline Cauvy, directrice de communication de Lobodis.
Sur les 50 salariés de l'Esat au sein de l'unité torréfaction, 40 personnes travaillent à l'atelier. Dix autres travaillent, depuis 2013, sur la plate forme logistique qui gère l'entrée de la marchandise, le stockage, la préparation de commandes et l'expédition.
C'est le cas d'Isabelle Martin, qui a intégré l'Esat Notre avenir en 2013 :"Je fais les préparations de commande pour le café, je mets en colis, je scotche et je mets dans le chariot postal, explique-t-elle, je fais une trentaine de colis par jour."
Des conditions de travail adaptées
A côté d'Isabelle Martin, sa collègue, Bernadette Nicolas, est paraplégique, depuis un accident de voiture en 1999. Lorsqu'elle décide de reprendre un emploi, elle rejoint d'abord l'Esat Notre avenir. Par la suite, elle bénéficie, il y a quatre ans, d’un contrat tremplin, puis au bout de deux ans, elle rejoint l'entreprise Lobodis en CDI, "pour avoir une activité, être une personne comme une autre".
Sa mission est de gérer la préparation de commande, les plannings, les stocks et les bordereaux de commande. Un emploi qui lui convient. "Ici l'ambiance est bonne, on aime venir travailler", abonde Isabelle Martin.
Les temps de travail sont adaptés : Isabelle Martin travaille quatre jours par semaine, "sauf le mercredi". Bernadette Nicolas bénéficie d'un contrat de travail à 80 %. "A noter qu'au cours de la carrière, le temps de travail peut évoluer, commente Guillaume Brohan, responsable logistique chez Lobodis. On accueille des personnes en situation de handicap qui vont travailler à temps plein en début de carrière, puis le handicap le nécessitant, les temps de travail sont adaptés à la santé des collaborateurs."
"Certains salariés ont des difficultés de lecture"
L'entreprise a travaillé, il y a quelques années, avec un ergonome et un ergothérapeute de la médecine du travail : "Aujourd'hui on travaille avec des tables élévatrices : la table se met à la hauteur que l'on préfère, assis ou debout." En 2018, le site a également été rénové pour permettre l'accessibilité aux personnes à mobilité réduite à tous les niveaux.
Au delà de ces aménagements matériels et horaires, c'est toute l'organisation du travail qui doit être adaptée, précise Guillaume Brohan. "Il faut imaginer que certains de nos travailleurs ont des difficultés de lecture, de comptage. On a imaginé des pastilles de couleurs, pour que les gens se repèrent, on a mis en place des systèmes informatiques avec code à barres."
Le responsable logistique est l'un des rares salariés d'entreprise du milieu ordinaire à s'être formé pour avoir une habilitation à accompagner les salariés dans leur formation par reconnaissance des acquis de l'expérience. Une démarche qui a, par exemple, permis à Isabelle Martin de passer un diplôme l'an dernier. Des cours de cuisine ou d'informatique sont aussi proposés aux salariés de l'Esat.
D'autres partenariats avec des Esat
"C'est notre volonté : comment trouver des solutions pour l'inclusion des personnes en situation de handicap", résume Céline Cauvy. De nouveaux partenariats sont engagés par l'entreprise avec d'autres Esat bretons, sur les métiers de barista ou d'entretien des machines à café en entreprises par exemple.
Quand on pose la question du taux de chômage de 12 % des personnes en situation de handicap, Guillaume Brohan répond : "Ce chiffre, il est très étonnant, je pense qu'il y a une peur, de l'employeur, de la société, de collaborer avec des personnes en situation de handicap. Tant mieux, si nous pouvons apporter notre petite pierre à l'édifice, en donnant l'exemple de choses qui existent et qui fonctionnent, pour que ce taux de chômage s'aligne sur celui du reste de la population."


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