Le 2 avril 2005 s’éteignait le pape Jean-Paul II au cœur du Saint-Siège de Rome. Vingt ans après sa mort a été nommé le successeur à Mgr Éric de Moulins-Beaufort à la tête de la Conférence des évêques de France (CEF) : Mgr Aveline. Un successeur qui aura notamment pour mission de poursuivre le travail de communication de l’Église sur les affaires d'agressions sexuelles par des clercs. Un mal qui gangrenait déjà l’institution sous Jean-Paul II.
Cela fait 20 ans que saint Jean-Paul II s’est éteint, à 84 ans, au sein du Palais apostolique. Béatifié en 2011 et canonisé en 2014 par François, des parts d’ombre continuaient à obscurcir le bilan de son pontificat et ont plongé la “génération Jean-Paul II” dans l’incertitude.
L'ancien pape est accusé d’avoir couvert des affaires d’agressions sexuelles par des clercs, notamment dans son diocèse en Pologne, à l’époque où il était encore cardinal, puis au sein de la Légion du Christ du père Maciel. Vingt ans après, ces mêmes ombres continuent à planer sur l’Église. Comme un symbole, le nouveau président de la Conférence des évêques de France (CEF) est élu lors de la date anniversaire de la disparition de Jean-Paul II, et aura pour mission de faire lumière sur les violences sexuelles dans l’Église en France.
Karol Józef Wojtyła, devenu saint Jean-Paul II, est resté comme le fondateur des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), le pape du pacifisme qui a dénoncé publiquement les guerres du Golfe et en Irak, ou encore celui de l’intensification du dialogue interreligieux. Mais ce tableau est remis en cause par l’attitude du pape vis-à-vis des révélations d’abus sexuels au sein de l’Église.
En 2023, la télévision polonaise TVN révèle que le cardinal Wojtyła aurait étouffé des affaires de pédocriminalité à l’époque où il avait la charge de l’évêché de Cracovie. D’après l’auteur de l’enquête, Michal Gutowski, le futur pape transférait délibérément les prêtres accusés d’actes pédophiles de paroisse en paroisse pour éviter l'enracinement des scandales.
Ce pontificat n'est pas sans rapport avec la situation
dans laquelle on se trouve aujourd'hui
Plus tôt, en 2006, le quotidien La Croix révélait que Jean-Paul II aurait obstrué l’enquête sur les agressions sexuelles commises par le père Maciel, fondateur des Légionnaires du Christ, sur des séminaristes. Après la mort de son fondateur, l’organisation avouera que le père Maciel avait bien commis des agressions sexuelles et qu’il menait une double vie avec une femme avec laquelle il a eu au moins une fille. Pour Christine Pedotti, experte de la vie ecclésiale, ”ce pontificat n'est pas sans rapport avec la situation dans laquelle on se trouve aujourd'hui”. Celle d’une vague de révélations sur les violences sexuelles commises par des clercs.
Face à ces accusations, le Vatican rétorque et mobilise des arguments en faveur de la non-implication du pape Jean-Paul II. Le Saint-Siège a rappelé que le souverain pontife avait, dès 2001, promulgué Sacramentorum sanctitatis tutela, la protection de la sainteté des sacrements, un texte actant les dysfonctionnements au sein de l’Église et prévoyant la mobilisation du tribunal apostolique dans les affaires.
Si les affaires d'agressions sexuelles par des clercs ont pu pour certaines être étouffées au cours du pontificat de Jean-Paul II, elles semblent aujourd’hui se multiplier. En France les affaires Preynat puis Abbé Pierre et Bétharram ont donné au problème un retentissement national.
La question des abus sexuels dans l’Église a été au cœur du mandat de Mgr Eric de Moulins-Beaufort, qui, 20 ans après la mort de Jean-Paul II, achève six années à la tête de la conférence épiscopale. En amont de l’assemblée plénière, les évêques ont profité de la présence des têtes mitrées à Lourdes pour faire un point d’étape sur la lutte de l’Église contre les abus sexuels. Eric de Moulins-Beaufort a alors pris la parole pour réaffirmer la détermination de l’Église dans le combat. Il annonce ne pas vouloir “tourner la page" et "voir ce qui a été vécu plutôt que ce qui a été fait et ce qu’il reste encore à accomplir".
Le successeur de Mgr de Moulins-Beaufort à la tête de la CEF aura pour mission de reprendre son flambeau. Une des premières échéances qui l'attendra sera la remise des conclusions de la commission parlementaire d'enquête sur les violences dans les établissements scolaires, en particulier les établissements privés catholiques.
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