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20 ans après la loi sur le handicap, où en est l'inclusion au travail ?

20 ans après la loi sur le handicap, où en est l'inclusion au travail ?

Un article rédigé par Thierry Weber - le 23 juin 2025 - Modifié le 25 juin 2025
Tempo · Le podcast d'actualité de RCF Lyon20 ans après la loi sur le handicap, où en est l'inclusion au travail ?

C’est une loi pensée à l’origine pour favoriser l’intégration des personnes en situation de handicap dans la société. Travail, loisirs, accès aux services public : le 11 février 2005, la loi handicap était votée avec pour ambition d’instaurer un principe d’égalité de traitement entre tous les citoyens. 20 ans plus tard, si des avancées majeurs ont été réalisées, de nombreux freins subsistent, notamment pour l'accès à l'emploi des personnes handicapées. Quelle est la situation des personnes en situation de handicap face à l’emploi aujourd'hui ? Éléments de réponse à Lyon.

Gaëlle et Mher au Zibou Lab - © Laurence DanièreGaëlle et Mher au Zibou Lab - © Laurence Danière

Peu avant midi, Mher prépare les tables du Zibou Lab, situé à la Confluence. À l'aide d'une horloge, il sait combien de temps il doit se concentrer sur cette tâche, avant que les premiers clients arrivent. Comme Mher, sept autres personnes, atteintes de troubles du neurodéveloppement travaillent ici, deux à trois heures par semaine. Un temps court, mais qui s'inscrit dans un accompagnement global.

C'est un modèle qu'on n'a pas trouvé ailleurs en France

À la base du Zibou Lab, ouvert en octobre 2024, on retrouve notamment Zelda Prost. Neuropsychologue, elle cogère aujourd'hui ce lieu, à la fois café, galerie d'art et boutique handi-responsable : « On est un espace d'accompagnement par le travail, c'est-à-dire qu'on utilise le travail comme un moyen pour permettre à des personnes qui ont des besoins particuliers de pouvoir progresser sur le plan cognitif, de pouvoir gagner en autonomie et en confiance en soi ».  

Si des structures d'accompagnement par le travail existent depuis plusieurs années (comme les ESAT par exemple), ce temps de travail, sur deux ou trois heures par semaine est assez inédit. « C'est un modèle qu'on n'a pas trouvé ailleurs en France », poursuit la neuropsychologue. 

Ici, chaque geste est accompagné et supervisé. Du pliage des serviettes, au service des clients, en passant par le choix de la bonne cruche à eau en fonction du nombre de clients à table, ici tout est prévu pour que l'expérience de travail se passe au mieux. Comme un premier pas dans le "monde ordinaire". 

Vingt ans de progrès, mais des différences encore trop importantes

Un premier pas que réalisent chaque année des personnes en situation de handicap, grâce notamment à la loi de 2005. La mesure phare à l’époque était l’obligation pour tout employeur de 20 salariés et plus d’embaucher des travailleurs handicapés dans une proportion de 6 % de l'effectif total. Un taux quasiment respecté aujourd’hui dans la fonction publique par exemple avec 5,93 %.

Conséquence directe, le taux de chômage est passé de 17 % à 12 % aujourd’hui, mais on est encore bien loin du taux de chômage global de 7 %. Car dans beaucoup de secteurs l’obligation est loin d’être respectée. et le handicap reste le premier motif de discriminations à l'embauche dénoncé auprès du Défenseur des droits.

Wassim devant les locaux de l'ALGED, son lieu de travail depuis 4 ans © RCF Lyon

Des employeurs beaucoup plus au fait du handicap

Quand j'ai appris la nouvelle, j'étais surpris et vraiment heureux

Depuis 70 ans, l'ALGED, l’association lyonnaise de gestion d’établissement pour personnes déficientes, accompagne des personnes en situation de handicap, relevant le plus souvent de la déficience intellectuelle. Une de ses services a été spécialement conçu pour favoriser l'accès au travail : le SIP, Service d'Insertion Professionnelle.

C'est ici que Wassim Jazouli, 27 ans travaille depuis quatre ans. Il y a quelques jours, il a signé un contrat à mi-temps dans une entreprise de prêt-à-porter : « C'est inédit [...] quand j'ai appris la nouvelle j'étais surpris et vraiment heureux, le plus heureux de tous les temps », confie l'intéressé. Pour atteindre cet objectif, Wassim a réalisé plusieurs stages et bénéficie toujours de l'accompagnement de l'ALGED, où il exerce encore à mi-temps.  

« Les personnes sont là pour une certaine durée, vont travailler un projet professionnel, et nous visons des CDI », explique Joëlle Cook, chargée d'insertion professionnelle dans la structure. Dans ce service ce jour-là, une dizaine de personnes préparent des sachets pour une grande enseigne de chocolats lyonnais, d'autres empaquettent des mangues séchées pour un autre client.

« De mon point de vue les employeurs sont beaucoup plus au fait de l'embauche des personnes en situation de handicap », note la chargée d'insertion, qui travaille dans la structure depuis plusieurs années : « Il y a deux types de handicap qui sont encore un peu compliqués pour eux, c'est le handicap psychique, où là nous on est à disposition des employeurs pour leur donner les clés et la façon dont il faut manager les personnes une fois en poste ».

En attendant d'atteindre les objectifs de la loi de 2005, Wassim continue de se battre, « toujours avec le sourire ».

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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